Comestar, la plus influente des 25 dernières années

Les lecteurs de la revue d’origine néerlandaise Holstein International (HI) ont voté. Comestar présente le troupeau le plus influent du monde Holstein. La famille Comtois accueille cette nouvelle quelques jours à peine après l’intronisation de Marc Comtois au Temple canadien de la renommée agricole. 

Steve Comtois, Kathleen Comtois, Marc Comtois, Julie Comtois et Julien Turmel (Photo www.lanouvelle.net)

Le 28 novembre, Marc Comtois recevait les grands honneurs lors d’une cérémonie se déroulant au Château Frontenac, à Québec. Il faisait alors officiellement son entrée au Temple de la renommée, aux côtés de cinq autres joueurs importants du domaine agricole. Pour la première fois, l’événement se tenait au Québec.

L’intronisation à ce club sélect atteste de sa contribution exceptionnelle à l’agriculture. Un portrait de M. Comtois, dévoilé à cette occasion, figurera dans la galerie du Temple, situé à la Royal Agricultural Winter Fair.

Rencontré en juillet par le www.lanouvelle.net, Marc Comtois avait raconté son parcours depuis l’achat de sa ferme en 1976, à l’âge de 18 ans (https://bit.ly/366MCjY). Passionné de génétique, son expertise à ce sujet l’a mené à remporter moult succès.

Influence

À la faveur de son 25e anniversaire, la revue HI a organisé un concours en début d’année, où les lecteurs, principalement des éleveurs, devaient se prononcer sur les sélectionneurs les plus influents du dernier quart de siècle. Depuis mars, la publication avait amorcé un décompte, présentant les dix élus ayant cumulé le plus de votes, à raison d’un par mois. Marc Comtois espérait que Comestar apparaisse dans le top 3. Les mois défilant, la fébrilité s’amplifiait pour l’éleveur de Victoriaville, qui a raflé l’or cette semaine.

Le magazine hollandais s’avère un mensuel offert en cinq langues et présents dans plus de soixante pays. Dans l’article dédié à Comestar Holstein, où l’on explique qu’il s’agit de la seule entreprise de sélection au monde à avoir fourni quatre taureaux dont plus d’un million de doses de semence ont été vendues, dans 55 pays, on peut aussi lire que «HI n’a jamais reçu autant de votes émanant d’autant d’éleveurs pour une compétition».

Pour Marc Comtois, cette reconnaissance internationale constitue «le plus grand honneur qu’on peut avoir. Le Temple de la renommée, c’est agricole, tandis que là, c’est l’élevage. C’est un autre hommage, car c’est ma passion depuis 40 ans», confie-t-il. Les millions de doses vendues pendant ces décennies ont apporté le succès à plusieurs éleveurs et plus de 200 000 femelles en sont issues à travers le monde. D’autres croisements ont suivi. «Il y a 40% du livre généalogique d’Holstein Canada qui a du sang Comestar», expose-t-il. Au fil des ans, une soixantaine de taureaux du troupeau ont trouvé pour acquéreur un centre d’insémination, l’Alliance Semex dans 95% des cas.

Pour Comestar, «une belle vache, ça donne du lait», indique le fondateur de l’entreprise. Ce point de vue a aujourd’hui des répercussions partout sur la planète. Et tout ce succès part d’une vache, acquise en 1985, à Warwick, et qui donnera naissance Laurie Sheik, en 1986, dont la portée prendra des proportions inédites. Les quatre taureaux millionnaires de la ferme en sont les descendants, un fils et trois petits-fils. Deux autres auront fourni plus de 700 000 doses.

Actuellement, Comestar Lautrust représente le taureau le plus populaire chez l’Alliance Semex, à travers 50 pays. À présent, les centres d’insémination produisent leurs mâles eux-mêmes. «Leur vision, ce n’est plus de vendre un million de doses, mais de changer de taureau après 50 000 doses, pour aller plus vite dans la génétique, à cause de la génomique. C’est bien différent d’il y a 20 ans», constate l’éleveur. Ce qui prenait quatre ans à découvrir au sujet d’une bête auparavant, on l’apprend désormais en lui arrachant un poil à la naissance.

Contribution

«La famille de Laurie Sheik a contribué pour une grande part à alimenter la base d’ADN, parce qu’il y en avait énormément dans plusieurs pays. Une année, on a récolté, juste à la ferme ici, plus de 300 tests», raconte-t-il. Pour lui, son entreprise a participé à l’avancement de la science, mais aussi, paradoxalement, au déclin du métier de sélectionneur. Difficile d’obtenir les semences des meilleurs taureaux pour la reproduction avec les transformations des façons de faire. D’ailleurs, depuis le début des années 2000, Comestar privilégie de plus en plus la production laitière, qui représente 80% de son chiffre d’affaires, alors qu’on parlait de 15% à une certaine époque.

HI publiera un ouvrage présentant le top 25 des sélectionneurs les plus influents. Marc Comtois souligne que le bronze a été décerné à Hanover-Hill, en Ontario, la ferme de Peter Heffering (1931-2012), qu’il considère comme son mentor. Starbuck, ancêtre de 95% des vaches du Québec, est issu de son troupeau. La ferme n’existe plus aujourd’hui, mais son impact a été tellement important qu’elle apparaissait incontournable pour ce concours.

Maintenant qu’il a reçu tous ces éloges, M. Comtois se tourne vers l’avenir. «On est chanceux, car ces gens n’ont pas tous une relève, alors que nous en avons une exceptionnelle. C’est rassurant de vivre ça et de savoir que nos successeurs l’envisagent avec la génétique moderne», signale-t-il. D’ailleurs, Comestar réalise présentement la construction d’une ferme robotisée au coût de 3,1 M $. «On travaille encore avec les centres d’insémination. On a vendu 60 taureaux dans cinq pays cette année», précise-t-il.

Pour Steve Comtois, le succès du passé met la barre haute pour demain. «On a un bon élevage entre les mains et on a encore la chance de se démarquer, dans ce domaine comme dans d’autres», commente-t-il. De fait, les projets ne manquent pas pour la ferme familiale. La qualité des troupeaux à travers le monde a augmenté de façon notoire grâce aux choix de M. Comtois. Le voilà honoré et ses enfants souhaitent à présent perpétuer la tradition. Steve a commencé à juger lors d’exposition, tandis que son père a décidé de se retirer des jugements cette année. Julie et Kathleen Comtois travaillent dans la ferme, sur la plancher comme dans la gestion, avec Julien Turmel.