Sabrina Caron : agricultrice et entrepreneure

Diplômée en Technologie des productions animales de l’Institut de technologie agroalimentaire du campus de La Pocatière en 2002, Sabrina Caron s’exile de la ferme familiale durant quatre ans avant d’y revenir à temps plein à partir de 2006. «Je n’étais pas faite pour travailler pour les autres», de dire celle qui devait racheter, trois ans plus tard, 50% des parts de l’entreprise laitière qu’elle continue d’exploiter avec son père, Martin.

La Ferme Roland Caron inc. du 5e rang à Laurierville a été fondée par son grand-père et s’est toujours spécialisée dans la production laitière. Lorsqu’elle en devient copropriétaire en 2009, l’entreprise prend le virage technologique avec la construction d’une nouvelle étable pour améliorer le confort du troupeau et l’automatisation. En dix ans, le troupeau est passé de 60 à 100 vaches et la production laitière a tout simplement doublé.

Depuis le début de cette belle aventure, Sabrina, qui est maintenant âgée de 38 ans et mère de trois enfants de 12, 10 et 8 ans, compte sur le support de son conjoint (Danny Giguère) qui travaille aussi à la ferme avec elle, et son père.

«Depuis que j’étais toute jeune qu’on me disait que je reprendrais un jour la ferme familiale, mais je n’en savais trop rien avant que je prenne l’option biologie à la fin de mon secondaire. Puis, j’ai visité la Faculté de médecine vétérinaire et l’Institut de technologie agroalimentaire à Saint-Hyacinthe. Cela m’a convaincue que je préfèrerais m’occuper d’animaux en santé plutôt que de soigner des animaux malades.»

Sabrina a aussi découvert son petit côté entrepreneurial en travaillant dans d’autres entreprises à la fin de ses études. «Je n’aimais pas vraiment ça de ne pouvoir décider. Je voulais travailler dans un endroit où je pourrais prendre mes propres décisions pour faire évoluer l’entreprise.»

C’est d’ailleurs ce qui la rend doublement heureuse aujourd’hui alors que sa passion pour les animaux est comblée en plus du fait de pouvoir nourrir les gens en plus d’être impliquée dans les décisions de l’entreprise ce qui est très valorisant à ses yeux.

La Ferme Roland Caron inc. exploite également 400 acres de grandes cultures, soit du maïs et du foin pour nourrir le troupeau ainsi qu’un peu de soya pour la vente au grand public. Mais d’ici deux ans, Sabrina voudrait aussi lancer une nouvelle entreprise dans la production de canneberges qui pourrait occuper une superficie de 120 acres sur des terres appartenant déjà la ferme.

«Je crois qu’il est important de diversifier nos activités et ne pas mettre tous nos œufs dans le même panier afin de répartir le risque. La canneberge nous permettrait de valoriser nos terres boisées qui rapportent peu et de tirer un maximum de revenus. De plus, je crois aux vertus de la canneberge et à ses possibilités de développement dans le futur. Aussi, la canneberge est un produit unique à notre climat et il n’y en aura jamais trop comme la production du lait qui peut se faire n’importe où.»

Présidente de l’UPA de L’Érable

La jeune femme est également bien connue dans la région pour agir à titre de présidente de l’UPA de L’Érable. Elle complétera d’ailleurs sa deuxième année à ce titre en janvier prochain.

«J’aime quand on s’occupe de nos affaires et que les dossiers avancent», souligne-t-elle pour expliquer sa motivation à s’impliquer dans l’organisme. Elle estime qu’il y aurait d’ailleurs de la place à ce que d’autres femmes rejoignent le conseil d’administration. «Personnellement, jamais on ne m’a fait sentir que je n’étais pas à ma place parce que j’étais une femme.»

La réorganisation du financement de l’UPA au niveau local est l’un de ses combats. «Il y a de nombreuses petites entreprises dans L’Érable qui payent le même montant annuel de cotisation que les plus grandes. Je souhaite améliorer ce qui existe à ce niveau», explique-t-elle.

Finalement, Sabrina s’est également impliquée dans le programme Ferme 59 avec la MRC de L’Érable pour aider ceux qui rêvent d’un projet agricole dans la région. «On travaille fort sur ce programme pour l’établissement de dix nouvelles familles. C’est intéressant de voir les efforts consentis par la MRC de L’Érable au niveau de l’agriculture», conclut-elle.