La cyberintimidation dans le milieu agricole est-elle une menace?

Depuis un moment, je constate chez certains de mes travailleurs le développement d’un sentiment d’inquiétude face à ce qu’il me décrive comme étant la montée du végétarisme et du véganisme.  

Selon eux, ces doctrines alimentaires, qui excluent de l’alimentation la viande en la substituant à des produits industriels douteux que l’on dit meilleurs pour l’environnement, seraient moins bonnes pour notre santé.

Si j’ai d’abord été un peu amusé par leur propos, c’est parce que je ne comprenais vraiment pas d’où venait cette crainte. Bien entendu que je ne partage pas. J’ai réellement encore cherché à comprendre cette situation, lorsque j’ai vu qu’elle était aussi vécue par certains producteurs et productrices que je côtoie lors de mes rencontres au régional avec l’Union des producteurs agricoles, et que même les médias s’intéressaient au phénomène. De mon côté, il n’y avait rien de nouveau dans ce débat. Il s’agit tout simplement de deux idéologies qui se font face et qui vont continuer de cohabiter ensemble.

En questionnant mon entourage, j’ai soudainement compris que ma consommation de médias sociaux était insuffisante pour comprendre le phénomène, et ce, malgré le fait que je sois sociologue de formation, et que je travaille dans le domaine agricole depuis une quinzaine d’années. Je suis producteur maraîcher biologique depuis deux saisons en plus de siéger au sein d’un syndicat local de l’UPA. Bien sûr, j’ai un compte Facebook comme beaucoup d’entre nous et j’ai déjà entendu parler de cyberintimidation. Ne consommant pas de médias sociaux, ça m’a pris beaucoup de temps pour comprendre comment le véganisme et la consommation de viande en sont venus à l’été 2019 à se confronter à ce point sur les médias sociaux, au point d’amener ce débat à un autre niveau jusqu’à la place publique et dans ma vie du moins.

Au final, j’ai finalement fini par comprendre que les producteurs agricoles étaient victimes de cyberintimidation, alors que je croyais le terme réservé à d’autres groupes de personnes. C’est ce que je retiens de l’été 2019 et c’est vous dire comment j’étais dans le champ, un beau champ de légumes avec de petites poules dans mon poulailler pour le plus grand bonheur de mes travailleurs.

Un producteur du milieu