L’engagement citoyen fait la différence au parc Terre-des-Jeunes

Ils l’ont fait pour leurs enfants, puis parce qu’ils aimaient leur parc. Yvon Pelletier et Michel Provençal s’échinent encore, été comme hiver, sur les sentiers et pistes qui évoquent nombre de souvenirs. Grâce à des décennies de travail volontaire de plusieurs femmes et hommes, les Victoriavillois ont pu glisser, marcher et profiter du parc Terre-des-Jeunes.

En 1965, la Ville de Victoriaville acquiert une partie de la terre d’Amédée Hamel. On crée le parc Terre-des-Jeunes, inauguré en 1967, année de l’Exposition universelle de Montréal, sous le thème de Terre des Hommes.

M. Provençal relate qu’au début des années 1980, pour ce parc comme pour d’autres, la Ville appelle les citoyens à donner de leur temps pour l’entretien des patinoires. «Avec un budget de 200 $, il fallait faire virer la patinoire. Ça prenait juste un bénévole. Mais il y avait beaucoup de jeunes dans le coin, alors il y avait de l’entraide.» Bientôt se forme un premier comité de citoyens, sous la présidence de Marie Auger. Ils érigent un pavillon extérieur, qu’ils nommeront La Corvée. Puisque plusieurs familles tiennent des rassemblements dans le parc, on espérait une telle commodité.

Gaston Rheault succède à Mme Auger à la tête de la Corporation Terre-des-Jeunes. On lui attribue la création de plusieurs sentiers et la fabrication de la glissade en bois. M. Rheault perd accidentellement la vie dans le parc, en 1986 ou en 1987, évalue Michel Provençal, actuel président. Depuis, bien des choses ont changé. Les nombreuses tâches qui incombaient au groupe, dont l’élagage et l’abattage des arbres, ont été revues. Il ne reste aujourd’hui que l’entretien des sentiers de ski de fond et des glissades. Ce à quoi Yvon Pelletier s’adonne avec soin.

Arrivé à Victoriaville dans les années 1970, M. Pelletier raconte que ses enfants se rendaient au parc pour jouer au hockey. Ils surveillaient la patinoire et l’arrosaient. «Tous les gens du quartier participaient quand leurs enfants venaient.» Il allait de soi pour lui d’offrir du temps au comité créé plus tard. Michel Provençal estime que parfois, une cinquantaine de personnes utilisaient la surface glacée en même temps. «Il n’y avait pas de bataille, c’était le fun. À moins 25̊, ils patinaient pareil.»

Beau parc

Les deux bénévoles aiment leur parc, théâtre de tant d’épisodes heureux. Les sports d’hiver, les sculptures sur glace, les promenades en traîneau tiré par des chevaux et les fêtes de quartier n’en constituent que quelques bribes. Lorsque leurs enfants viennent leur rendre visite, ils retournent au parc, avec les petits-enfants. «Ils vont à la glissade», indique M. Provençal.

Toujours aussi engagés, ils relèvent toutefois la difficulté de recruter de nouveaux bénévoles. «Nous sommes la vieille garde, mais on va se faire remplacer comment?», se questionne le président. S’il juge que leur secteur s’avère vieillissant, il soulève qu’il y a de jeunes familles sur la rue des Berges.

Mais il n’y a pas que les gens du district 05 qui utilisent le site. Yvon Pelletier rapporte que l’hiver, lorsqu’il enfourche sa motoneige, à 7 h du matin, pour tracer les sentiers, des usagers s’y trouvent déjà. La Corporation Terre-des-Jeunes compte actuellement cinq membres, dont les deux hommes de terrain. Elle fonctionne grâce à un budget alloué par la Ville, qui permet l’achat et l’entretien des équipements.

Connaissance du terrain

Le coordonnateur de la Corporation récréative de Victoriaville, Jean-François Béliveau, précise que le comité du parc Terre-des-Jeunes existe depuis fort longtemps, ce qui confère à ses effectifs de longue date une connaissance des lieux très précieuse pour la Ville. Depuis plusieurs années, la Municipalité a repris la responsabilité de l’entretien de la patinoire et d’autres installations du parc. Cette année, le contrat a été donné à un sous-traitant pour l’ensemble des patinoires de Victoriaville.

Néanmoins, on compte sur les bénévoles pour l’entretien des glissades hivernales, le traçage des sentiers, mais aussi pour rapporter l’état de l’endroit. «Si les sentiers de ski de fond sont praticables ou si l’on doit les fermer, ce sont les bénévoles de la Corporation de la Terre-des-Jeunes qui informent le superviseur, qui met l’information à jour. On s’appuie sur leur expertise pour ouvrir ou fermer nos services», exemplifie M. Béliveau.

Ainsi, même lors d’événements, on favorise la collaboration afin d’améliorer le site, car on reconnait le savoir de ces gens qui «sont à pied d’œuvre dans ce parc depuis toujours».

L’engagement citoyen dans un parc urbain de la taille de Terre-des-Jeunes s’avère une valeur ajoutée, pense le coordonnateur. «Ils connaissent les habitudes des utilisateurs et le potentiel du site.» Lorsqu’il s’agit de la signalisation des sentiers pédestres, on se fit également à leurs constatations pour préciser l’affichage. En outre, leur connaissance du parc sert à la planification annuelle des différents travaux à effectuer. «Nous, on va fournir la matière première, comme la poussière de pierre ou la pierre nette, en fonction des meilleurs moments pour réaliser les aménagements. C’est là que le partenariat prend tout son sens», observe-t-il.

La Ville compte une cinquantaine de parcs, dont quatre présentent une superficie d’envergure : Terre-des-Jeunes, réservoir Beaudet, Boisé-des-Frères-du-Sacré-Cœur et Mont Arthabaska. Tous montrent des particularités et profitent de l’œuvre de bénévoles, de façon ponctuelle, pour de multiples corvées. La Corporation Terre-des-Jeunes demeure la seule du genre à avoir traversé le temps et permet à la population de bénéficier de multiples sports d’hiver. «Le snowpark, les glissades, la patinoire, le petit sentier glacé, la raquette et le ski de fond amènent beaucoup de monde», convient M. Béliveau.

Enfin, il ne manque plus qu’une quantité suffisante de neige pour pouvoir aller s’amuser gratuitement. Pour connaître les horaires et l’état des différents sites d’activités hivernales, il suffit de visiter le vic.to/jouerdehors.