Le phénomène du «repérage en magasin» gagne du terrain

Le nouveau phénomène du «repérage en magasin» (ou «showrooming») consiste à visiter un petit commerce indépendant pour essayer un produit ou solliciter les conseils d’un vendeur et, ensuite, aller l’acheter en ligne sur le site d’un autre commerçant ou dans un grand magasin.

La Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) souhaite sensibiliser les consommateurs à cette pratique qui touche les petits commerçants, particulièrement en cette période de magasinage du temps des fêtes. D’après un nouveau sondage de la FCEI, 60% des commerçants ont déjà été confrontés au «repérage en magasin», et un tiers d’entre eux disent que cette pratique a un impact majeur sur leurs ventes. Un autre sondage effectué auprès de consommateurs révèle que cette pratique est répandue auprès de 55% d’entre eux.

«Quand les gens vont en magasin pour se renseigner sur un produit ou l’essayer, et qu’ils le prennent ensuite en photo ou notent son numéro de série pour l’acheter en ligne, ils ne se rendent peut-être pas compte que c’est non seulement une vente qui échappe au commerçant, mais aussi de l’argent qui sort de leur communauté. On parle ici des petits commerçants qui soutiennent les équipes locales de hockey mineur ou font des dons aux banques alimentaires chaque Noël, précise Jasmin Guénette, vice-président des affaires nationales à la FCEI. Ils se soucient de leurs clients, veulent les aider et leur faire profiter de leur expertise, mais ils doivent aussi payer leurs employés, leur loyer et leur taxe foncière. Quand les consommateurs accaparent le temps des commerçants du coin et vont ensuite acheter en ligne, ce sont nos communautés qui en souffrent.»

Les consommateurs de 18 à 34 ans ont plus tendance à faire du repérage en magasin que les plus âgés. Selon un sondage de la FCEI réalisé auprès d’un échantillon représentatif de Canadiens membres du Forum Angus Reid, trois consommateurs sur quatre de cette tranche d’âge confient s’être déjà livrés à cette pratique, et un sur sept dit qu’il le fait même souvent.

La FCEI a reçu des centaines de messages de commerçants décrivant leur expérience du repérage en magasin :

Un commerçant rapporte avoir eu la visite dans son magasin d’un consommateur qui, après avoir discuté longuement d’un produit avec lui, l’a commandé, devant lui, sur le site Web d’un autre commerce.

Une bijoutière raconte avoir reçu dans sa boutique un client qui lui a demandé une foule de conseils pour savoir quel style et quelles matières choisir afin de faire un bracelet personnalisé… et a fini par le commander en ligne.

Le propriétaire d’un magasin de peinture dit qu’il lui arrive souvent d’avoir affaire à des clients qui viennent chercher des conseils sur des couleurs et prendre des échantillons de peinture pour aller ensuite dans une grande surface acheter une peinture équivalente pour moins cher.

«On n’aurait pas idée d’aller dans un restaurant pour prendre le temps et les conseils culinaires d’un chef avant d’aller faire l’épicerie ailleurs, ajoute Gopinath Jeyabalaratnam, conseiller aux affaires économiques et gouvernementales à la FCEI. Le repérage en magasin a peut-être l’air anodin, mais il peut faire très mal aux petits commerçants et aux communautés locales, surtout pendant le magasinage des fêtes. C’est une période cruciale pour les PME, qui sont par ailleurs aux prises avec la concurrence des grandes surfaces et des géants du commerce en ligne.»

Les PME gardent quand même le sourire à l’approche des fêtes

Les détaillants locaux sont infiniment reconnaissants à l’égard de leurs clients. «Il est vrai que les petits commerçants aimeraient que leurs clients comprennent mieux les défis auxquels ils sont confrontés, ainsi que la contribution qu’ils apportent à leurs communautés. Mais, par-dessous tout, ce qu’ils veulent dire à leurs clients, c’est un grand «merci». À l’occasion du Vendredi fou et du Cyberlundi qui signalent le début du magasinage des fêtes, nous encourageons les consommateurs à éviter la foule et les clics et à aller faire leurs achats dans les petits magasins de leur quartier. Les commerçants sauront les remercier en redonnant à leur communauté», conclut M. Guénette.

Pour en savoir plus, découvrez tous les résultats du sondage.