André Junior Martel : l’artiste discret se dévoile

André Junior Martel est graphiste de profession. Mais dans ses temps libres, l’homme discret a développé un amour pour l’art qu’il ose présenter de plus en plus.

On peut d’ailleurs apprécier trois de ses œuvres au Pavillon Arthabaska de Victoriaville, où il expose jusqu’en janvier. Il n’est pas du genre à créer des remous par sa présence. Mais avec son art, dans lequel il utilise souvent l’absurde, il provoque le questionnement.

Les arts visuels lui permettent une échappatoire de sa pratique commerciale, où il lui faut respecter certains codes. L’art lui offre un laisser-aller et non une prise de position. «J’ai une conscience, mais je n’ai pas envie de l’exprimer», indique-t-il simplement.

Ce côté artistique a, il le croit bien, toujours été là, mais c’est vers la fin de la trentaine qu’il a commencé à le laisser émerger. «Je regardais les artistes faire, mais je ne me le permettais pas à cause d’une certaine pudeur», se souvient-il. Toutefois, Junior (la majorité des gens l’appellent comme ça) a décidé, à un moment, de répondre à cet appel qu’il avait et d’utiliser l’art pour transmettre des émotions.

Et il y parvient bien. En effet, ses œuvres, qui utilisent différents procédés, dont l’informatique notamment pour la composition, provoquent toujours une réaction chez ceux qui les regardent. Il y a toujours quelque chose d’inhabituel, qui fait réfléchir.

«Il me vient des idées et il faut que je les réalise», ajoute-t-il. L’art lui permet d’utiliser le mouvement, la dextérité dans ses réalisations, ce qu’il apprécie particulièrement. Ce n’est pas l’esthétique ou la technique pointue qu’il recherche, mais bien un moyen de s’exprimer et d’encourager les gens à s’interroger.

Pour ses œuvres, il n’hésite pas à expérimenter pour trouver des façons de travailler les médiums autrement. C’est d’ailleurs ce qu’il fait actuellement avec le fusain qu’il veut utiliser d’une autre façon. «Ça me stimule de travailler avec la matière pour aller chercher un équilibre et une pérennité. Ça fait partie de ma démarche», confie-t-il.

Et il ne se limite pas dans les médiums. Que ce soit la peinture, la photo ou la vidéo, il ira avec ce qui lui permettra de réaliser l’idée qu’il a en tête.

Puisqu’il passe la majorité de ses journées devant l’ordinateur pour son travail, l’art lui permet de décrocher un peu et de pousser plus loin la spontanéité et le geste. C’est aussi une occasion de se déconditionner du «contrôle-Z» de l’ordinateur qui efface le geste précédent et donne la chance de recommencer sans conséquence, ce qui chez lui est devenu un réflexe. Avec la peinture, il doit vivre avec les erreurs, ce qui le sort de sa zone de confort. «Je dois penser autrement pour solutionner mes erreurs et ne rien tenir pour acquis», estime-t-il.

André Junior fait de l’art à petite dose. Il espère accumuler suffisamment d’œuvres pour pouvoir réaliser bientôt une exposition solo. Mais il ne sait pas encore ni où, ni quand et ne se met pas de pression. «Puisque c’est fait sur une longue période, ce n’est pas uniforme», remarque-t-il.

On a déjà pu voir son travail artistique du côté du Lagon de l’Atoll, où il faisait partie d’une exposition collective. Il a aussi à son actif, il y a plusieurs années, une exposition de photos de boxe, un sport qu’il apprécie particulièrement. C’est également lui qui est à l’origine du Victomaton qui se tient à Victoriaville depuis deux ans maintenant et qui encourage la population à prendre des photos à des endroits proposés. «Je veux que les gens s’ouvrent à l’art. Moi ça m’a pris du temps à comprendre que tout le monde peut en faire et qu’il ne faut pas avoir peur d’être jugé. Si t’es content de ce que tu as réalisé, c’est ben correct», insiste-t-il. Et dans quelques jours (le 5 décembre), au Victokino, il présentera un court film qu’il a préparé pour l’occasion.