Ils souhaitent démontrer la qualité des ressources intermédiaires privées

Jeannine Hinse et Gaétan Bélisle ouvraient en 2000 leur résidence, une ressource intermédiaire (RI), qui offre des services adaptés à des personnes aux prises avec une problématique de santé mentale. Depuis quelques années, ils ont voulu attester la qualité des soins dispensés chez eux. Bien des papiers et des visites plus tard, les voilà agréés avec mention par Agrément Canada.   

Il a fait carrière dans le milieu de la construction, tandis qu’elle a œuvré comme infirmière. En 2000, ils accueillent sept résidents touchés de la désinstitutionnalisation des patients hospitalisés en psychiatrie à l’Hôpital Saint-Julien de Saint-Ferdinand. M. Bélisle désire quitter la construction, domaine qui lui apparait de plus en plus difficile en vieillissant. Et il a une fibre humaniste marquée.

«On cherchait un travail qu’on pourrait faire ensemble. Au début, je l’assistais. J’ai pris ma retraite en 2008 et je me suis impliquée davantage», explique Jeannine Hinse.

D’ailleurs, l’administratrice de la résidence se souvient de ses études et de son intérêt pour la psychiatrie. «Je me disais qu’un jour je m’occuperais de santé mentale. Ce sont des gens vulnérables, qui ne sont pas protégés», rapporte-t-elle. Lorsque l’occasion se présente, le couple n’a pas hésité à se lancer.

Aujourd’hui, leur RI embauche huit préposées et compte dix résidents, confiés par le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec (CIUSSS MCQ). Plusieurs autres professionnels s’y rendent au quotidien, par exemple des travailleurs sociaux, des ergothérapeutes, etc.

Reconnaissance

En 2014, Mme Hinse songe à passer le flambeau à sa fille, éducatrice spécialisée. Or, elle souhaite lui laisser des outils de gestion performants. «Puis nous voulions prouver à nos partenaires, au CIUSSS, que dans les RI privées, on donne une qualité supérieure à ce qui se fait ailleurs», note celle qui a fait sa carrière dans le secteur public.

Au cours de ses 19 années d’opération, tout se déroule selon les plus hauts standards. Mais on voulait faire nos preuves et atteindre une forme de reconnaissance. L’accréditation d’Agrément Canada n’est pas simple à obtenir, mais l’infirmière s’attelle à l’ouvrage. Elle mise, entre autres, sur la stabilité du personnel, ses préposées s’avérant fidèles, deux y évoluant depuis plus de 10 ans. Les formations prennent aussi une place importante chez eux, ce qu’ils ne manquent pas de faire valoir lors des visites des représentants de l’organisme. Le respect de plusieurs groupes de normes constituant la base de services de qualité en santé, on a démontré qu’on en considérait tous les critères. «On ne peut pas transmettre 30 ans d’expérience comme infirmière, à part qu’en le détaillant par écrit, et c’est ce qu’Agrément Canada nous permet de faire», souligne Mme Hinse à propos de la gestion liée aux soins.

Souhaits

Le duo met des efforts au quotidien pour participer à une plus grande autonomie de leurs résidents. La santé mentale demeurant vue par d’aucuns comme le parent pauvre du système de santé, Jeannine Hinse souhaite prouver qu’on peut offrir des soins de qualité en se soumettant à des normes élevées. Mais il faut y injecter de l’argent et du temps.

«On recherche toujours les meilleures pratiques pour cette clientèle vulnérable, pour laquelle il n’y a pas d’argent. Pourquoi? Il n’y a personne pour les protéger. Souvent, ils ont usé leurs réseaux jusqu’à la corde. Ils se retrouvent dans des résidences et on les y laisse, pour enfin respirer», soulève-t-elle. D’où l’importance de bien s’en occuper. «On n’est pas les seuls. Il y a plus de 500 petites ressources comme la nôtre.»

Enfin, Mme Hinse et M. Bélisle notent le travail extraordinaire exécuté par les préposées aux bénéficiaires, pour des salaires très faibles, autant dans le réseau public que dans les résidences privées. «Ils doivent avoir une passion», conclut le propriétaire.