Quand l’armée devient une histoire de famille

Idele Nolin fait partie d’une fratrie de huit enfants, dont six se sont enrôlés dans les Forces armées canadiennes. C’est d’ailleurs pendant ses années de service que Mme Nolin a rencontré l’amour. Des décennies plus tard, son fils sert à son tour. Le jour du Souvenir approche et celle que l’on a désignée pour représenter la Mère canadienne se rappelle…

En 1973, Idele Nolin s’engage auprès des Forces armées canadiennes. Technicienne en télécommunication, elle s’occupe d’ordinateurs, entre autres. À l’école de recrues, elle fait la connaissance de celui qui deviendra son époux.

Après quelques années, elle fait face à un choix difficile. Mme Nolin rêve d’une famille et la perte d’un enfant, dû notamment à l’aspect physique de son emploi (les ordinateurs de l’époque sont lourds), elle choisit de quitter les Forces en 1979. «Dans ce domaine, il fallait étudier six mois par année. Je ne me voyais pas partir et laisser mes enfants la moitié de l’année. Il faut être responsable», note-t-elle au sujet des réflexions menées à ce moment de sa vie. Reste qu’elle affirme avoir adoré son expérience.

Puisque son mari est militaire, elle demeure auprès de lui. Il évolue pendant 23 ans dans les Forces, d’abord comme cuisinier, puis comme commis-comptable. Valcartier et Trenton deviendront son foyer, puis ce sera l’Europe. «On y a vécu trois ans. Ça nous a donné la chance de voyager, à nos frais, mais on en a profité. Les enfants avaient 5 et 6 ans quand on est arrivé et c’était facile de les amener avec nous», souligne-t-elle. Toutefois, il y a les contraintes de l’emploi de militaire, qui doit toujours être prêt, 24 heures sur 24. «On a été chanceux, car il n’a pas été déployé dans des zones dangereuses. Il est parti six mois au Pôle Nord et ç’a été difficile pour la famille. Quand ton mari part, tu deviens responsable de tout. On apprend à s’adapter. Lorsqu’il revient, on recommence», témoigne Mme Nolin, qui n’en garde «que des bons souvenirs». D’ailleurs, elle affirme avoir adoré déménager, ressentant chaque fois ces mouvements comme le début d’une nouvelle aventure. À la retraite de son compagnon de vie en 1996, le dernier transfert se fait vers Victoriaville, afin de rejoindre des membres de la famille.

Formation

Mme Nolin a une fille et un fils. Ce dernier a suivi les traces de ses parents en se dirigeant vers la carrière de militaire. «Mon mari lui a expliqué qu’il n’était pas obligé d’entrer dans les Forces armées et qu’il pourrait faire le même métier au civil, qu’il lui paierait son cours. Mais il voulait y aller. Il est toujours dans les Forces, ça fait 20 ans», signale la mère. Pour elle, son parcours représente une grande fierté.

L’adjudant Frédéric Nolin a, entre autres, touché à l’aviation et à l’enseignement. Aujourd’hui, il forme les recrues. «Il s’occupe de la discipline. Son but, lui, c’est de faire aimer les Forces armées. Il est heureux d’être là», assure-t-elle. Selon Idele Nolin, les pratiques ont bien changé depuis l’époque où elle était recrue, alors qu’on parlait de «casser le caractère».

Bien sûr, une mission en Afghanistan a constitué une période plus difficile pour la famille. «Moi, personnellement, ça m’inquiétait. Mais je me suis dit que nous avons tous un destin», relativise-t-elle. Quand on choisit de servir son pays, la confiance doit s’inscrire dans l’opération.

Mère canadienne

Incarner la Mère canadienne la remplit d’émotions. Les larmes aux yeux, elle avoue avoir toujours été émue lors des parades auxquelles elle a participé. Car son rôle, c’est aussi de prendre la parole au nom de celles qui ont perdu un mari, un fils, une fille.  «Quelque chose qu’on ne peut oublier.»

Idele Nolin soutient que presque tous les vétérans ont en commun une grande fierté. Tous les ans, elle suit la parade. «Mes deux petites filles ont été dans les cadets. Alors je marchais avec elles, en les suivant sur le trottoir. Mon garçon viendra cette année pour l’Armistice. Je vais déposer la couronne avec lui», rapporte-t-elle.

Car l’armée apprend certes la discipline, mais Mme Nolin pense davantage à l’esprit d’équipe. «Les Forces armées ont toujours été pour moi une deuxième famille.» Elle se souvient de ses années passées en Europe, de différentes bases, du soutien entre les familles de militaires. «On ne laisse jamais personne seul», rappelle-t-elle.

À Lahr, en Allemagne, en 1989, lors de la chute du mur de Berlin, elle a vu l’œuvre d’entraide s’opérer. Elle réentend le son de la sirène et revoit les visages des gens qui arrivaient par train. Voilà un des grands apprentissages des Forces armées : tous restent fondamentalement des citoyens du monde et il faut se souvenir pour ne pas répéter les mêmes erreurs.

La cérémonie officielle du jour du Souvenir se déroulera le 9 novembre à Victoriaville. Le défilé commencera vers 10 h 30, à la Légion royale canadienne, et se dirigera vers l’hôtel de ville, où un rassemblement se fera au cénotaphe à 11 h.

Les citoyens qui désirent obtenir un coquelicot, en mémoire des disparus lors de missions, pourront s’en procurer au Canadian Tire et au Métro, les 7 et 8 novembre. On peut aussi se rendre directement à la filiale 086 – Arthabaska de la Légion royale canadienne, sur la rue Sainte-Marie, tous les jours de la semaine, de 14 h à 20 h.