Ensaf Haidar parle de laïcité aux étudiants du Cégep

Ensaf Haidar a rendu visite aux étudiants du programme Langues et intercuturel, dans le cadre de leur cours d’anglais portant sur les écrits journalistiques. Elle a dépeint les réalités de la société d’Arabie saoudite, parlé de droits humains, de liberté de presse et de laïcité de l’État. Bien entendu, il a été question d’espoir et de citoyenneté canadienne pour son mari, Raïf Badawi.

(Photo www.lanouvelle.net)

À la suite de la conférence offerte par Mme Haidar aux étudiants, une période de discussions a permis aux auditeurs d’en savoir plus. Qu’en est-il des relations familiales en Arabie saoudite et du rapport homme femme? Hors du noyau familial, ça se complique, a explicité Ensaf Haidar. Aux interrogations touchant le port obligatoire de l’abaya, la conférencière a précisé que le vêtement originellement traditionnel s’avérait désormais exigé aux femmes. Il s’agit là certes d’un symbole du grand pouvoir de la religion sur la société saoudienne. «Ce n’est pas au sujet de la religion, mais bien du système de l’Arabie saoudite qui en est un de religion», a-t-elle nuancé.

Rencontrée par le www.lanouvelle.net après l’exercice, Mme Haidar a observé que ce qui étonne le plus les étudiants demeure la place de la femme en Arabie saoudite. «Parfois, il s’imagine des princesses avec des chauffeurs. Mais ce n’est pas le cas. Toutes les femmes ne sont pas libres et n’ont pas l’argent pour faire ce qu’elles veulent. Car c’est l’argent qui décide. Comme dans tous les pays», signifie-t-elle.

Les traditions et la foi jouent dans son pays natal un rôle grandissant et c’est ce qui l’inquiète, d’où ses prochaines conférences à Montréal qui porteront sur la laïcité. «Il y a 60 ans, les femmes étaient plus libres qu’aujourd’hui. Plus la religion gagne en force, plus les femmes en paient le prix», affirme-t-elle.

Presse

L’absence de liberté de presse en Arabie saoudite a également fait partie de son intervention. «Le gouvernement décide de ce qui sera écrit et dit. Au Canada, le journaliste doit parfois faire du chemin, mais au final, on retrouve les vérités. S’il n’est pas d’accord, il peut aussi l’exprimer», compare-t-elle. Oui, elle trouve que les journalistes peuvent se montrer durs envers certains, mais ils lui semblent impartiaux.

Laïcité

Ensaf Haidar se range du côté des partisans de la loi 21 sur la laïcité. «Ce type de loi, on en parlait en Arabie saoudite, car on a besoin de laïcité dans ce pays. C’est la seule solution pour vivre normalement. La religion et le gouvernement doivent être séparés. La religion demeure un contact personnel», plaide-t-elle.

Quant à la libération de son mari, elle soutient que le gouvernement de Justin Trudeau ne fait rien. Lorsque les étudiants ont demandé ce qu’ils pourraient faire, Mme Haidar les a invités à signer une pétition pour réclamer la citoyenneté canadienne pour Raïf Badawi. Elle-même a obtenu sa citoyenneté canadienne à l’été 2018.

«Ça fait quatre que je demande à M. Trudeau de lui donner la citoyenneté, car c’est le seul qui peut le faire sans la permission de quelqu’un d’autre», indique-t-elle. Selon elle, cela permettrait à son mari de rejoindre sa famille au Canada. Raif Badawi, écrivain et blogueur, est emprisonné en Arabie saoudite depuis 2012 pour insulte à l’islam. «L’espoir, c’est le seul choix. Je regarde les choses positives pour moi, mes enfants et pour vivre», conclut-elle.