Sensible à la pauvreté, la Nuit des sans-abri célèbre la solidarité

Le stationnement Saint-Louis de Victoriaville unissait lors de la Nuit des sans-abri, vendredi, des gens sensibles à trouver des solutions pour contrer cette triste réalité de l’itinérance, bien présente dans la région.

C’était froid à l’extérieur, mais le feu allumé, les prestations musicales, les discours et la solidarité des gens sensibles aux sans-abri réchauffaient l’atmosphère. Sous le chapiteau, Daniel Dulude, coordonnateur de l’action clinique de la maison Le Réverbère, a pris la parole comme plusieurs autres intervenants. Il a raconté comment il se présentait de 150 à 185 fois par an à l’hôpital pour estimer la condition des patients auxquels son organisme doit souvent offrir un toit et du soutien.

Par exemple, les intervenants aident ces «hébergés» à se procurer une carte d’assurance maladie, à se trouver un appartement ou à faire une épicerie.

«L’itinérance, ce n’est pas toujours un choix de vie», a plaidé M. Dulude.

Même s’il compare Victo à un «gros village», il rappelle que l’itinérance dans la région est réelle et qu’il faudrait absolument une nouvelle ressource pour s’occuper des gens aux prises avec cette problématique. «Ma définition de l’itinérance, ce sont des gens qui sont sans domicile fixe», ajoute-t-il.

Celui-ci accepterait volontiers de donner un coup de main pour mettre sur pied un nouvel organisme voué à cette cause. La table sur l’itinérance mobilise plusieurs intervenants, à Victoriaville, et le CIUSSS MCQ est interpelé dans ce dossier. «Je vois une volonté de vouloir changer les choses», s’encourage M. Dulude. À elle seule, la maison Le Réverbère accueille 125 «hébergés» par an.

Deux jeunes transformés

Tommy Marcotte, 20 ans, prenait part à la Nuit des sans-abri parce qu’il souhaite participer à l’animation, l’an prochain. Ce dernier a résidé deux ans à la Maison Raymond-Roy. Depuis un an, il vole de ses propres ailes, mais son parcours l’a rendu sensible à cette cause.

«Je voulais savoir c’était quoi de se retrouver au fond du trou», a-t-il confié. Malgré tout, il sent aujourd’hui qu’il a développé un esprit d’entraide et qu’il est moins individualiste.

Son ami, Philippe Bergeron, dit avoir vécu volontairement dans la rue lors d’un voyage dans l’Ouest canadien. Il exprime lui aussi avoir aimé l’esprit collectif avec sa gang de «hippies», qui voulaient changer le monde.

Bref, ces deux jeunes adultes ne voient plus la société de la même façon aujourd’hui et ils ont porté une oreille attentive, vendredi soir, quand le député d’Arthabaska, Eric Lefebvre, a pris la parole durant l’événement.

«Il a dit ses objectifs et ses plans concrets pour les réaliser (…) Ce soir, on a parlé plus de cœur que d’argent», ont-ils souligné.

Mythes et réalités

Des étudiants collégiaux étaient présents sur le site pour donner de l’information ou sensibiliser la population, avec leur kiosque ou animation. Par exemple, un groupe qui étudie en éducation spécialisée au Cégep de Victoriaville questionnait les participants sur les mythes et réalités entourant l’itinérance.

Justine Ruel déplore que la consommation de drogue ou d’alcool soit pratiquement toujours considérée comme la cause qui amène les personnes à se retrouver en situation d’itinérance. Elle estime que cette réalité concerne uniquement 30% d’entre elles. Une rupture conjugale, un congédiement, un deuil sont autant de facteurs qui peuvent amener un individu à devenir un sans-abri. De plus, les problèmes de santé mentale seraient à l’origine des situations d’itinérance dans 12,2% des cas.

Les étudiants ont également fait valoir que les gens qui habitent dans un quartier riche vivent en moyenne 11 ans de plus que ceux qui demeurent dans un quartier défavorisé. Le milieu socioéconomique a donc un impact direct sur la longévité des citoyens, car les mieux nantis vivent dans des conditions qui favorisent les bonnes habitudes de vie et ont davantage accès aux soins et services de qualité.

«Les gens en situation d’itinérance, ce sont des gens en situation de survie», résume Daniel Delude.