Simon Fournier, le fossoyeur fan des Tigres

Simon Fournier ne laisse personne indifférent au Colisée Desjardins. Plusieurs le saluent et lui serrent la main, alors qu’il déambule dans l’amphithéâtre. Flanqué d’un drapeau, il se prépare à faire du bruit pour encourager son équipe, les Tigres de Victoriaville.

Simon Fournier n’est pas du genre à réchauffer le banc bien longtemps. Partisan actif, on l’entend de loin crier des encouragements à son équipe, rappelant à certains de faire attention : «Il y a des enfants ici!»

D’ailleurs, il incite les plus petits à faire du bruit. «On a le droit ici, c’est la place où l’on peut s’énerver et lâcher notre fou. Quand on retourne au travail, on reprend notre sérieux», observe-t-il.

Travailleur autonome pendant 25 ans, Simon a tout vendu il y a une dizaine d’années. En 2011, il décroche alors le poste de fossoyeur pour la compagnie des Cimetières catholiques des Bois-Francs, qui gère quatre sites : les cimetières Sainte-Victoire, Saint-Joseph, Saints-Martyrs et celui des frères du Sacré-Cœur. Deux ans plus tard, il devient bedeau à la paroisse Sainte-Victoire. «Tous les matins, je vais débarrer l’église avec fierté. Je me dis que ma mère serait contente. Son garçon, qui a été si malcommode, est devenu sacristain.»

M. Fournier s’occupe de tâches multiples dans la paroisse, si bien qu’il s’y affaire désormais à temps plein. À propos de son emploi dans les cimetières, Simon Fournier se considère comme «le dernier sourire» offert aux défunts. «Je le fais dans un grand respect, toujours comme si je connaissais la personne. Je replace les fleurs, sachant que la famille revient souvent après le repas», explique-t-il. Il pense que ce métier ne serait peut-être pas facile pour tout le monde, mais que lui l’apprécie énormément. «Comme le dit M. le curé, notre fossoyeur est toujours de bonne humeur», dit-il.

Sortie familiale

Simon Fournier n’a pas d’enfant, mais il aime assister aux matchs des Tigres puisqu’il s’agit d’une activité familiale, juge-t-il. «Qu’ils gagnent ou perdent, je suis heureux ici, il y a de l’ambiance!» Depuis 10 ans, c’est son passe-temps. «Au début, je ne connaissais même pas les règlements, mais j’aimais ça à cause de la foule», raconte-t-il. Il admet avoir autant, sinon plus, de plaisir à regarder les gens autour de lui qu’à scruter le match.

Puisqu’il a l’habitude de déguster une bière par période, il marche durant 35 minutes pour se rendre au Colisée, et refait ce parcours après la game. «On ne prend pas de chance!» Et puis, cet exercice le déculpabilise lorsqu’il mange une bonne «poutine d’aréna».

Toujours dans la section 18, on reconnait Simon Fournier par le drapeau qu’il brandit. «En gardant la même place, ceux qui n’aiment pas ça ne viennent pas. Je me mets ami aussi avec les partisans des autres équipes. Alors ils s’installent parfois dans mon coin. Puis là, on espère aller en supplémentaire pour passer plus de temps ensemble», confie-t-il.

Plus tranquille lorsque les Tigres perdent, Simon Fournier apprécie tous les matchs. «On ne vient pas ici juste pour la victoire. Dans la vie, il y a aussi des épreuves. Après l’orage vient le beau temps», relativise-t-il.

Quant à son drapeau, il ne lui appartient pas. Des membres de l’organisation le lui prêtent. Il arrive même que des gens lui demandent s’il est rémunéré pour égayer la foule. «Je paye mon billet comme les autres. J’ai acheté ma passe de saison», répond-il.

M. Fournier a gagné, au fil des ans, plusieurs chandails des Tigres. À présent, il rêve de remporter la cagnotte du moitié-moitié, chance qu’il n’a pas encore eue. Est-ce que le hockey constitue une «religion» pour lui? «Non, mais c’est un beau sport.» Il se souvient de son enfance, alors qu’il jouait au hockey directement sur la rue Pie X. «Aujourd’hui, on a de la misère à sortir de la cour. Ça prend 10 minutes, à cause du trafic. À l’époque, on faisait des buts avec des boules de neige et les voitures les contournaient.» Mais déjà, il s’avérait meilleur crieur que joueur, rigole-t-il.