Un banc pour briser l’isolement dans la cour d’école

Grâce à Logan Marchand, 10 ans, un banc bien particulier a été installé dans  la cour de l’école Sainte-Marie, à Warwick. Les élèves l’ont découvert lors de la rentrée, en septembre. Depuis, des dizaines d’entre eux y ont pris place.

Logan Marchand (Photo www.lanouvelle.net)

Chaque semaine, Logan Marchand se rend au Centre d’entraide Contact, à Warwick, pour obtenir du soutien pédagogique pour ses devoirs et leçons. Diane Lavertu, une enseignante à la retraite, travaille avec lui depuis quelques années.

Au printemps, le jeune Marchand a pour leçon la lecture de quelques pages de la revue «Les Explorateurs».  En s’affairant à cette tâche, Mme Lavertu et son élève tombent sur un court article intitulé «Le banc de l’amitié». «Si un élève se sentait seul, il allait s’asseoir dessus. Un autre doit aller le voir pour lui demander s’il veut jouer avec lui. Si ça ne lui tente pas, il a le droit de refuser», résume Logan. Touché, il y voit une façon efficace de se faire des amis.

Diane Lavertu, après trente ans d’enseignement, n’avait jamais entendu parler de cette initiative. «J’ai demandé à Logan s’il aimerait en avoir un à son école. Il m’a dit que oui, ça l’intéresserait, car il y avait des amis à son école qui n’avaient pas toujours quelqu’un pour jouer», raconte l’enseignante.

Les bancs de l’amitié existent depuis une dizaine d’années en Europe. L’idée a fait son chemin jusqu’au États-Unis et en Amérique du Nord. Au Québec, ces bancs gagnent aussi en popularité, puisqu’ils transforment la récréation en moment d’ouverture à l’autre.

Lettre

«Moi, je connais quelqu’un qui fabrique des bancs», indique alors Mme Lavertu à son élève. En guise de situation d’écriture, Logan rédige une lettre à l’intention de Laurent Lemaire, propriétaire de Produits Re-Plast. «Et puisqu’il est très bon en dessin, il a dessiné le banc tel qu’il le concevait et on l’a joint à la lettre», ajoute-t-elle. Remise à Gilles Côté, représentant des ventes de l’entreprise, la missive se retrouve directement entre les mains de M. Lemaire, qui accède généreusement à la demande.

Le banc multicolore, à l’image de la représentation qu’en avait fait Logan, est livré chez lui à la fin de l’année scolaire. Diane Lavertu y appose une plaque, stipulant qu’il s’agit d’un banc de l’amitié, mais arborant aussi le nom de Logan Marchand.

Le personnel et la direction de l’école, avalisant le projet, ont décidé de concert l’endroit où on l’installerait dans la cour. Enfin, le père de Logan, Pier-Antoine Marchand, a procédé à l’aménagement du banc durant les vacances.

Populaire

Il n’y a rien de honteux à siéger sur ce banc, observe Logan. Une trentaine d’élèves l’ont utilisé depuis le début des classes, évalue-t-il. «Ce n’est pas une place pour se reposer. Si tu y vas, c’est parce que tu veux parler à quelqu’un», souligne Diane Lavertu.

Logan donne l’exemple d’un nouvel écolier, assis sur le banc. «Je lui ai demandé s’il voulait jouer à la tag et il a dit oui», rapporte-t-il.

Ainsi, il peut favoriser l’insertion dans une nouvelle école, mais aussi l’inclusion d’enfants qui vivent avec une différence, note l’enseignante. «L’objectif, c’est qu’il n’y ait pas d’enfants qui se sentent seuls ou en détresse. En ayant cet outil, ils savent qu’il y aura toujours quelqu’un pour les secourir, pour être là. Si ce n’est pas un enfant, ce sera un enseignant ou un surveillant», signifie-t-elle. Une situation difficile à la maison et le désir de se confier peuvent en outre justifier le recours au banc. Il s’agit donc d’une façon inversée de briser la glace.

Face à l’école

En début d’année, Logan Marchand, appuyé par son ami Loïk Barabé, a expliqué le concept à tous les élèves. «On a construit le texte et il a dû pratiquer sa lecture, avant de présenter son exposé devant toute l’école», relève Mme Lavertu.

Les bénéfices de ce mobilier s’avèrent multiples et essentiels. De son côté, Logan Marchand en retire beaucoup de fierté. Enfin, Diane Lavertu croit que ce projet a également permis au jeune homme, plutôt timide, de prendre sa place.