Du courage politique pour que la région soit représentée équitablement en 2022

Aux députés provinciaux du Centre-du-Québec, vous avez été élus en octobre dernier à l’Assemblée nationale. Dans notre région, la Coalition avenir Québec a obtenu une moyenne de 56,6% du vote. Quoique vous ayez remporté chacune des circonscriptions de la région du Centre-du-Québec par une majorité de votes, 43;4% du total des votes recueillis affichaient un choix autre que celui de la CAQ.

Cependant, là où le bât blesse grandement avec notre scrutin majoritaire, c’est que vous avez remporté 100% du pouvoir politique dans la région (quatre circonscriptions). C’est donc dire que 43,4% de la population du Centre-du-Québec n’est aucunement représentée à l’Assemblée nationale. Injustement, ces votes sont allés à la «poubelle»… et cette distorsion est récurrente. Elle se reproduit dans toutes les régions du Québec, élection après élection. Dans la région des Laurentides, elle est d’ailleurs fort élevée car 55,1% des électrices et des électeurs n’ont pas voté pour la CAQ, mais elle a quand même pu obtenir 100% des sièges de la région avec seulement 44,9% des voix : trouvez l’erreur!

En 2015, avec le but avoué de réduire le cynisme politique au Québec, la CAQ inscrivait à son programme une réforme du système de scrutin. En cohérence avec cette intention, en 2016 le parti auquel vous adhérez a signé une entente avec le Parti québécois, le Parti vert du Québec et Québec solidaire. Persistant dans la démarche, en mai 2018, le premier ministre François Legault s’est également engagé avec ses pairs des formations signataires. Cette entente met de l’avant un mode de scrutin proportionnel mixte pour le suffrage de 2022.

Actuellement, se trouvent dans les rangs de votre gouvernement des membres qui cherchent à se défiler de cet engagement en ajoutant des obstacles non essentiels. Généralement, dans les pays qui entreprennent de telles réformes, un parlement largement majoritaire suffit pour adopter une loi à cet égard. De plus, les consultations de la population peuvent se faire autrement que par référendum et à coût moindre. En outre, avec des ressources supplémentaires, le DGEQ peut procéder à temps pour les prochaines élections. Était-ce prévisible cette valse hésitation? Beaucoup considère que oui… car à deux moments dans l’histoire politique du Québec, ainsi en 2006 (Parti libéral) et en 1970 (Parti québécois), ce sont les députations des gouvernements qui ont enterré les projets de loi pour le changement du mode de scrutin.

Et pourtant de nombreux sondages et pour ne citer que le derniers (Léger Marketing, mai 2019) 75% et plus de la population sont en accord avec les principes de l’entente ratifiée par les membres de la CAQ. Comment ne pas nourrir le cynisme dans pareille situation? Avez-vous pensé à l’instabilité des politiques régionales quand une région au complet passe d’un camp à l’autre? Et que dire du pouvoir d’une région qui n’a aucun membre de la députation à la gouvernance. Cela se produit aussi régulièrement. Ces situations sont gravement en porte à faux avec la démocratie et la volonté populaire des régions.

Avec une représentation où chaque formation figure à l’Assemblée nationale à la hauteur des choix de la population, le poids politique de la région s’en trouvera renforcé. Il ne dépendrait plus que d’un parti. Le travail de partenariat de la députation conduirait à des stratégies de développement local beaucoup plus durable dans le temps parce qu’elles auraient obtenu l’appui de plus d’un parti.

Citoyen du Centre-du-Québec, je vous demande MAINTENANT de faire preuve de courage politique. Soyez au service de tous les électeurs et de toutes les électrices de la région qui réclament pour 2022 une représentation juste et équitable pour assurer le bien commun de notre démocratie régionale.

Recevez, Messieurs, mes salutations respectueuses.

Kaven Benoit

Citoyen du Centre-du-Québec