«1700 fois merci!»

La coordonnatrice du Centre-du-Québec du Défi Chaîne de vie, Marika Bourgault, a fait l’ascension du mont Gleason, à Tingwick, dimanche, même si elle est greffée du cœur depuis 12 ans.

Marika Bourgault a dû reprendre son souffle à quelques occasions, dimanche matin, en marchant les quatre kilomètres pour se rendre au sommet du mont Gleason, à 185 mètres d’altitude. Or, cette femme de 37 ans assure que son essoufflement est causé par son manque d’entraînement et non par sa greffe du coeur. Son opération réalisée à l’hôpital Royal Victoria de Montréal, le 16 mars 2008, a été pleinement réussie, si bien que Mme Bourgault peut mener la même vie que les adultes de son âge.

«Elle n’a aucune restriction», confirme son conjoint, Dave Dupré.

Pourtant, cette jeune maman s’était fait dire, au début de la vingtaine, qu’elle était atteinte d’une cardiomyopathie hypertrophique et que son cœur était fini. Pendant 18 mois, elle a attendu sa greffe du cœur, alors qu’elle peinait à marcher jusqu’au coin de la rue, même si elle pesait à peine 110 livres.

«On me donnait un mois à vivre», raconte-t-elle.

Au centre, Dylan Dupré, porte-parole pour le Défi Chaîne de vie au Centre-du-Québec, avec son ami Alexis Lessard (à gauche) et sa mère Marika Bourgault (à droite). (Photo www.lanouvelle.net)

Par chance, le téléavertisseur a finalement sonné durant une fin de semaine où Mme Bourgault avait fait garder son bébé, Dylan, par sa mère, car elle avait pressenti que son tour était enfin arrivé.

Cette résidente de Saint-Albert a peu d’information sur celui qui lui a donné son nouveau cœur, sinon qu’il est décédé dans un triste incendie. Néanmoins, elle sait qu’il lui a sauvé la vie.

«Si ce n’était pas du don d’organe, mon fils n’aurait plus sa mère», souffle-t-elle.

Défi Chaîne de vie

Dylan Dupré, aujourd’hui âgé de 14 ans, était présent, dimanche, pour gravir le mont Gleason, avec les quelque 70 participants au Défi Chaîne de vie qui ont permis d’amasser 1700 $. «Je vous dis 1700 fois merci!», a exprimé Mme Bourgault.

L’ado faisait partie des premiers arrivés au sommet, même s’il est atteint de la même maladie cardiaque que sa mère.

Dylan Dupré est suivi tous les deux mois par les spécialistes qui ont temporairement retiré son nom de la liste d’attente pour une greffe du cœur, parce qu’il réagit bien à la nouvelle médication prescrite.

«Ça peut se détériorer très rapidement», prévient la maman, réaliste.

Les participants du Centre-du-Québec s’attendaient au pied du mont Gleason, dimanche, pour le Défi Chaîne de vie. (Photo gracieuseté)

Pour le moment, ses doses de Lasix enlèvent l’eau qu’il accumule sur les poumons, lorsque son cœur pompe moins bien. Il respire alors beaucoup mieux.

«J’espère que la situation va rester stable le plus longtemps possible pour éviter la greffe», dit celui qui agit cette année comme porte-parole du Défi Chaîne de vie.

Plusieurs marcheurs des diverses régions du Québec faisaient également l’ascension d’un mont, dimanche matin. Cette cause vise à rappeler aux gens de signer l’autocollant derrière la carte d’assurance maladie pour autoriser le don d’organes. Elle souligne également l’importance d’en parler à la famille afin de s’assurer que celle-ci respecte cette volonté, en cas de décès.

«Plus on en parle, plus il y aura de dons, et moins les gens attendront longtemps pour avoir une greffe», insiste Mme Bourgault. Les délais sont pénibles pour les gens qui attendent un nouvel organe, comme en témoignait Karine Lacharité, qui s’est présentée dimanche au pied du mont Gleason, même si sa condition l’empêchait de monter. «Juste le fait de parler lui demande un effort», s’attriste la coordonnatrice.

Pour elle, Karine Lacharité fait partie des maillons de la chaîne de vie, comme le député de Drummond/Bois-Francs, Sébastien Schneeberger, et une infirmière de la clinique des greffes à Québec, qui ont pris part à l’ascension.

Fondation Cœur en coeur

Parallèlement à son engagement au Défi Chaîne de vie, Mme Bourgault a lancé, en 2017, la Fondation Cœur en cœur, avec son conjoint et Franchesca Kirouac.

Franchesca Kirouac, de la Fondation Cœur en cœur, rappelle l’importance de signer l’autocollant pour le don d’organes, derrière la carte d’assurance maladie, et de parler de cette décision à ses proches. (Photo www.lanouvelle.net)

Cette ex-collègue de travail qui est devenue son amie a été touchée, à l’époque, de voir la détérioration de Mme Bourgault et son cheminement par la suite.

Depuis, le trio amasse des fonds pour aider financièrement les gens qui risquent de perdre leur maison ou d’épuiser toutes leurs économies parce qu’ils subissent une greffe d’organe.

À ce jour, ils ont recueilli 20 000 $ qui ont été entièrement versés aux malades.

«On leur envoie des cartes-cadeaux de chez Maxi ou on paye leur compte d’Hydro-Québec. On veut leur enlever un souci financier pour qu’ils se consacrent au combat de leur vie», résument les deux femmes.