Une communauté unie contre le suicide

Une soirée tout en émotions, mais en célébrations aussi, mercredi soir, alors que le spectacle-bénéfice Reste du Centre de prévention suicide Arthabaska-Érable affichait complet au Carré 150 de Victoriaville. L’activité a permis une récolte de 135 037 $.

L’organisme a profité de la soirée pour dévoiler la capsule vidéo de sa nouvelle campagne de sensibilisation en lien avec la détresse psychologique chez les jeunes. Le bureau du premier ministre a trouvé l’argent nécessaire pour traduire, au bénéfice de la jeunesse anglophone, la vidéo en anglais, a fait savoir le député d’Arthabaska Eric Lefebvre.

La ministre de la Santé et des Services sociaux, Danielle McCann (Photo www.lanouvelle.net)

En levée de rideau, le whip en chef du gouvernement  a présenté la ministre de la Santé et des Services sociaux, Danielle McCann, qu’il a notamment décrite comme «une femme de résultats, mais surtout de cœur».

«C’est par votre solidarité que vous changez le monde», a souligné la ministre bouleversée, a-t-elle dit, par ces drames qui touchent tous les gens.

Comme ministre, elle a rencontré et écouté des personnes ayant perdu des enfants par suicide. «Ces personnes, comme Martin Garneau, ont des choses à dire. Il faut les écouter. Ces personnes nous montrent la voie»,  a indiqué Danielle McCann assurant que son gouvernement se voulait humain, qu’il voulait «travailler à la prise en charge, à améliorer le sort des personnes à risque suicidaire». «On ne veut pas ce que ce soit juste des mots. Il faut poser des gestes. Nous sommes particulièrement sensibles à la réalité des jeunes», a fait valoir la ministre estimant qu’il fallait notamment travailler à l’accompagnement des personnes ayant des pensées suicidaires et éprouvant des problèmes de santé mentale.

Danielle McCann a aussi parlé de l’importance d’impliquer les proches et les jeunes tout en annonçant une consultation à venir à travers le Québec. «C’est ensemble, a-t-elle exprimé, qu’on arrivera à quelque chose, qu’on fera les pas vers la guérison. La prévention est une solidarité collective. C’est de s’ouvrir vraiment les uns aux autres pour véritablement faire une différence pour la santé mentale de nos jeunes et de toute la population.»

La ministre de la Santé, qui dit avoir eu un coup de cœur pour la vidéo, est d’avis qu’elle fera une grande différence dans la vie des personnes.

Et à toutes ces personnes engagées dans la cause, la ministre voue une grande admiration. «Vous êtes des générateurs d’espoir pour la jeunesse et la société en général», a-t-elle conclu avant que la capsule ne soit présentée aux participants.

Des moments touchants

Intitulé «Reste», le spectacle-bénéfice, animé par Jasmin Hains et présenté devant une salle comble, a réservé une place particulière à des familles touchées par le suicide, dont celle de Martin Garneau qui assumait, avec sa famille, la présidence d’honneur de la soirée.

Sur scène, des pères, des mères, des frères et sœurs endeuillés par le suicide ont fait état de vies basculées, d’incompréhension avec les nombreux «pourquoi», mais aussi d’espoir. «Ne perds jamais espoir. Lorsque le soleil se couche, les étoiles apparaissent», a dit une maman.

«Toi qui crois que la vie ne vaut pas la peine, a confié une autre, regarde autour de toi tout le chagrin qu’un suicide peut causer. Oui, ta vie vaut la peine. Va chercher l’aide dont tu as besoin, tu en vaux la peine.» Autant de mots empreints d’émotions et qui ont été suivis de la très belle chanson Hallelujah de Leonard Cohen, interprétée par Tocadéo.

Un jeune homme, Thomas Vigneault, s’est ensuite amené sur scène avec, non seulement une chanson d’Émile Bilodeau, la pièce Ça va, mais aussi un message d’espoir lui qui, en un peu plus d’un an, a perdu par suicide deux grands amis.

«Il faut continuer à marcher et à marcher, même si la route est longue parce qu’un jour, on arrivera à destination», a-t-il lancé, avouant que lui aussi a traversé des moments particulièrement difficiles. «J’ai failli prendre le même chemin, mais je ne l’ai pas fait parce que des gens m’ont aidé, a-t-il souligné.

Le numéro qu’il a présenté lui a fait grand bien en l’écrivant, en le réécoutant. «Lorsque je l’ai fait la première fois, il a été vu 5000 fois sur Facebook. Si une seule personne s’est dit qu’il y a une lumière au bout et que ça peut s’arranger, mon devoir est accompli», a confié le jeune homme.

L’interprétation de «Il est où le bonheur?» (Photo www.lanouvelle.net)

Par ailleurs, par l’entreprise d’une vidéo, les spectateurs ont eu droit à une surprise,  le Français Christophe Maé, celui qui était sur toutes les lèvres avec «Il est où le bonheur?» Il a fait savoir qu’il était de tout cœur avec Victoriaville et qu’il envoyait toute son énergie, avant que le Chœur Daveluy n’entame son méga-succès.

La soirée ne manquait pas de rythme avec King Melrose qui a su faire lever les spectateurs. Ceux-ci ont eu droit aussi au numéro des élèves de l’école de danse L’Entre-choc, sans compter les prestations de Jordane Labrie, des Bouches bées, d’Alain-François, de Daniel Grenier, de Patrice Michaud, de Roxanne Genest, de Mario Hamel et de la Chorale Le boisé.

King Melrose a fait lever les spectateurs. (Photo www.lanouvelle.net)

Le réputé sommelier Philippe Lapeyrie, grand ami de Martin Garneau, a fait également une courte apparition sur scène, lui aussi touché par la cause, son père s’étant enlevé la vie alors qu’il n’était âgé que de 3 ans.

«La détresse n’a pas de visage. Elle peut toucher tout le monde», a rappelé l’animateur Jasmin Hains, tout en fournissant des statistiques bouleversantes.

Trois suicides surviennent chaque jour au Québec, sans compter 76 tentatives. «La plus jeune personne, avec laquelle le Centre de prévention suicide Arthabaska-Érable est intervenu n’avait que 5 ans. Si vous avez un doute, si vous sentez une fragilité chez quelqu’un, n’hésitez pas lui demander s’il éprouve une envie de mourir et s’il pense au suicide. Cela peut faire toute une différence», a-t-il soutenu.