Secteur laitier : Alain Brassard souligne l’importance de l’achat local

Profitant des campagnes publicitaires audacieuses et humoristiques («Télaitroman» et «Je vérifie qu’ils sont d’ici») menées par les Producteurs de lait du Québec pour vanter les mérites du lait et la qualité de sa production, et, pour inciter les consommateurs québécois à vérifier l’origine des fromages qu’ils achètent, le président des Producteurs de lait du Centre-du-Québec, Alain Brassard, a tenu à rappeler l’importance d’acheter localement.

La région du Centre-du-Québec est celle qui compte le plus grand nombre de fermes laitières parmi les 14 régions du Québec. La valeur de leur production se chiffre à 428,4 millions $. Elles procurent plus de 8000 emplois directs.

«Ce n’est pas rien», de souligner le propriétaire de la ferme Brassard et fils à Plessisville qui agit à la présidence du conseil d’administration des Producteurs de lait du Centre-du-Québec depuis mars 2017.

Dans un contexte où la porte est ouverte à l’importation de produits étrangers, M. Brassard explique que le moment était propice pour faire savoir aux consommateurs que les producteurs d’ici sont engagés à produire un lait de qualité qui tient compte du bien-être animal et de l’environnement et qu’il est tout aussi important qu’ils sachent la provenance des fromages qu’il consomme.

«Ce n’est pas le lait de consommation qui est nécessairement visé par les accords commerciaux parce qu’il s’agit d’un produit périssable, mais c’est tout le lait qui sert dans la fabrication de produits transformés tels que les fromages, yogourts et le beurre», ajoute-t-il.

«Par exemple, l’accord avec l’Union européenne où le Canada a concédé une part de marché de 17 500 tonnes de fromage nous fait très mal parce que le fromage constitue notre principal marché», relate M. Brassard.

C’est l’équivalent de 8,4% de la production canadienne qui a été cédée par le Canada dans les derniers accords commerciaux (européen, transpacifique et celui avec les États-Unis et le Mexique qui n’a pas été encore ratifié) ce qui représenterait des pertes brutes d’une valeur de 450 millions $ par année.

Le gouvernement a annoncé une aide financière de 1,75 milliard $ pour compenser les producteurs laitiers sur une période de huit ans pour les deux premiers accords et il s’est engagé à les appuyer équitablement pour le nouvel accord de libre-échange avec les États-Unis et le Mexique.

«Le gouvernement devait nous dédommager, mais c’est sur une période de huit ans alors que nos pertes de marché seront perpétuelles même si on dit que la croissance pourra les absorber. Notre premier choix était qu’il n’y ait pas de concessions dans ces accords. Nous étions fiers de ne pas dépendre du gouvernement et de ne vivre que du marché», mentionne M. Brassard.

«Le secteur laitier ne souhaite plus d’autre concession. Avec l’accord de l’OMC en 1994, c’est près de 20% de parts de marché qui ont été cédées. Cela ne peut plus continuer ainsi, car c’est tout notre système de gestion de l’offre que l’on va mettre en péril», termine M. Brassard.