Il a passé 110 jours à gravir les plus hauts sommets d’Europe

Jean-Christophe René  a gravi 25 montagnes durant son récent périple de 110 jours en Europe, en alternant vélo et alpinisme. Des paysages spectaculaires l’attendaient à chacun des 11 sommets de plus de 4000 mètres qu’il a atteints, avec fierté.

Amateur de camping hivernal et de randonnée pédestre, Jean-Christophe René rêvait de partir à la conquête des  plus hautes montagnes d’Europe. Cet étudiant en génie aérospatial à Polytechnique Montréal a consacré ses vacances estivales, du 7 mai au 24 août 2019, pour ce projet audacieux.

Trois amis l’ont accompagné à tour de rôle durant ce voyage. «Le but, c’était de se promener de montagne en montagne, mais au lieu d’utiliser un transport conventionnel, on voulait être autonome à 100%», expose l’homme de 22 ans.

Éloi Larrivée à l’arrivée dans les Alpes en Suisse (Photo gracieuseté)

Après avoir traversé l’océan, M. René a suivi des cours, pendant deux fins de semaine, pour apprendre les techniques de base en alpinisme, comme l’encordement, le type de relais, le sauvetage en crevasse, etc.

En compagnie de son premier compagnon, Éloi Larrivée, le Victoriavillois s’est alors senti prêt à attaquer la première montagne du voyage, le Piz Bernina, en Suisse. Pour ce faire, les deux voyageurs se rendaient  le plus haut qu’ils pouvaient en pédalant, avec leur vélo. Ensuite, ils le cachaient dans le bois et ils poursuivaient leur montée en faisant de l’alpinisme.

Durant l’ascension du Piz Bernina, les deux aventuriers ont rebroussé chemin rendus à 2500 mètres d’altitude, car il était trop tôt dans la saison pour gravir un tel sommet, avec autant de neige. «C’était une sage décision de ne pas pousser plus loin. On a redescendu durant la nuit et on a vu quatre avalanches qui avaient eu lieu l’après-midi précédent», raconte M. René.

Les fins d’après-midis constituent les moments les plus dangereux de la journée, car les roches risquent de se détacher de la glace et de la neige parce que la température s’est réchauffée. «Vers midi, il faut être sorti de la montagne», spécifie celui qui a déboursé environ 10 000 $ pour ce voyage.

En Suisse, l’étudiant a gravi quatre montagnes de plus de 4000 mètres et une autre en Italie. Il est revenu par la France où il a atteint six autres sommets comparables. Chaque fois, il se sentait rempli de fierté, impressionné par le décor incroyable qu’il admirait. «Je manque de mots pour décrire tellement c’est fou! C’est l’amour d’être seul au monde, en nature», explique celui qui n’oubliera jamais son ascension du Mont Blanc, en France.

Denis Bolduc durant l’ascension de Les Combiens en Suisse (Photo gracieuseté)

Avec son deuxième compagnon, Denis Bolduc, il a vécu six jours sur ce glacier à 3500 mètres d’altitude. «C’est ça l’aventure! Le but est de vivre la montagne à fond… la sentir et vivre en harmonie avec elle», dit-il.

Vers Charmonix, en France, les deux cyclistes ont dû contourner une coulée de boue, provoquée par un orage, qui avait inondé les sentiers. «Il a fallu pousser le vélo dans l’eau et la bouette pendant 2 h à 3 h», relate ce passionné de plein air.

Méchante frousse

L’un de ses coups de cœur est le mont Monch, dans les Alpes, en Suisse, où il a marché sur une arête de neige. « C’est comme si je marchais sur un fil, attaché à mon partenaire. C’était vide des deux côtés», raconte-t-il.

Ce courageux a également traversé une arête de roche, qui lui a fait vivre un autre moment très spécial. «Tu ne peux pas sentir plus que ça le moment présent. Tu es 100 % concentré à bien manipuler la corde», illustre ce futur ingénieur.

Sa plus grosse frousse est survenue au début de l’escapade, alors que les deux voyageurs avaient mal examiné le trajet et se sont retrouvés dans un couloir mixte, composé de roche et de glace, où c’était impossible de mettre un ancrage. Si l’un d’eux tombait, il risquait d’en mourir. Par chance, ils s’en sont sortis indemnes, mais ils se sont organisés pour ne plus revivre cette situation.

Jean-Christophe René et Denis Bolduc gravissaient le Col de la Madeleine en France (Photo gracieuseté)

Même s’il s’entraînait tous les jours avant son départ, M. René croit que rien ne pouvait le préparer parfaitement à ce genre d’aventure, qui fait appel à des muscles peu sollicités. Ses deux séances de musculation ainsi que ses 42 km de course à pied hebdomadaires, en plus de son vélo et ses parties de hockey, n’avaient rien à voir avec ce qui l’attendait.

Le meilleur et le pire

Ce qu’il a trouvé le plus dur est d’avoir un mode de vie aussi aride pendant 15 semaines. Les deux amis s’alimentaient avec de la nourriture déshydratée et avec des fruits séchés ou des biscuits pour obtenir des glucides rapidement.

Comme leur équipement pesait déjà 30 kilos, les deux hommes se sont privés d’une tente qui alourdissait davantage leur bagage. Ils dormaient avec un bivouac par-dessus leur sac de couchage. «Je n’ai jamais payé pour dormir», ajoute celui qui a parcouru 4000 km en vélo.

Denis Bolduc au sommet du Grand paradis en Italie (Photo gracieuseté)

S’il prenait une «vraie douche» aux 40 jours, M. René se lavait dans les lacs et les rivières quand il le pouvait.

Son accompagnateur et lui attiraient l’attention quand ils traversaient les villages d’Europe en vélo, alors qu’ils portaient un casque d’alpinisme. Leur «look» amenait souvent les gens à leur poser des questions. Bon nombre leur ont offert de l’eau, de la nourriture, de l’argent, des services et même le gîte, gratuitement, en leur laissant les clés de leur maison ou de leur campeur.  «Les gens sont vraiment sympathiques», lance l’homme reconnaissant.

M. René a terminé son voyage en compagnie de sa copine, Sara-Maude Lacroix, avec qui il a pédalé 800 km pendant trois semaines sur la côte ouest de l’Islande. «On a pris ça plus relaxe et ça a fait du bien de prendre un break», commente-t-il, avec le sourire.