Pro-Vélo : la fin d’une belle randonnée

Si aucune relève ne se pointe à la porte de Pro-Vélo, Luc Provencher mettra fin à une aventure qui aura duré plus d’une décennie.

Daniel Pilon, mécanicien chez ProVélo, et Luc Provencher (Photo www.lanouvelle.net)

Les affaires ont déjà été meilleures, convient Luc Provencher, propriétaire de la boutique située à l’intersection des routes 116 et Saint-Albert. Pourtant, le déménagement à cette adresse en 2017 témoignait d’une effervescence pour le petit commerce.

Lorsqu’il se lance dans la réparation de vélo en 2008, M. Provencher vient de passer 23 ans à l’emploi de Cascades. Il suit ainsi sa passion pour le cyclisme, mais se contente d’un atelier et ne se voit pas encore gérer des centaines de milliers de dollars d’inventaire. «Puis ça a grossi. On a été impliqué dans plusieurs organisations et groupes», raconte-t-il. Il s’engage dans différentes randonnées, conçoit des parcours, vend et répare les bicyclettes. Pour lui, la beauté de son métier vient des liens tissés avec les passionnés du vélo.

L’entreprise grandit et le manque d’espace motive son déménagement dans la bâtisse de la route Saint-Albert. «Sur la rue Saint-Louis, c’était sur quatre étages et j’étais toujours dans l’escalier», se rappelle-t-il. La première saison à sa nouvelle adresse se déroule bien. «Puis il y a eu les travaux au coin», dit-il au sujet de l’installation des feux de signalisation.

Travaux

Sans affirmer que les travaux sur la 116 expliquent à eux seuls les difficultés éprouvées par Pro-Vélo, Luc Provencher indique que l’intersection a été pratiquement fermée tout l’automne dernier. La fin des travaux au printemps a occasionné d’autres bouleversements. Présentement, l’asphaltage du tronçon de la 116 qui lie Victoriaville à Warwick a aussi des effets, car les clients de Pro-Vélo proviennent aussi de Victoriaville, Kingsey Falls, Saint-Albert, etc. «C’est sûr que le chiffre d’affaires a diminué un peu», convient-il. D’autant plus que les lumières créent une file de voitures devant son magasin, ce qui en bloque l’accès. «Disons simplement que ce n’est pas un plus», relativise-t-il.

Web

À l’instar de plusieurs commerces de détail, l’achat en ligne lui a fait mal. «C’est facile d’acheter des pièces sur Internet. Maintenant, quand les gens apportent leurs propres pièces, je charge plus cher pour l’installation. Ça les choque, mais les pièces font partie de mon gagne-pain. Je comprends les gens qui veulent payer moins cher, mais ça tue les commerces qui donnent le service», observe-t-il. Et pourtant, Internet ne change pas les crevaisons, pour le moment, note M. Provencher.

Malgré tout, l’entrepreneur croit qu’il y a toujours une place pour ce genre de services de proximité. «J’ai tenté de trouver de la relève, je souhaitais rester quelques années pour assurer la transition. Ça fait un an que je rencontre des gens pour voir s’il y a de l’intérêt, mais il n’y en a pas», constate-t-il.

Ainsi, d’ici le 31 octobre, Pro-Vélo liquide son inventaire et essaiera de vendre son immeuble. «À moins que quelqu’un se présente. Je reste ouvert à vendre et même à aider à repartir», confie-t-il.

Enfin, Luc Provencher conserve de bons souvenirs de ces derniers 12 ans, surtout parce qu’il est parti de rien. Il croyait que son déménagement attirerait les acheteurs, mais puisque les événements ne s’avèrent pas tels que prévus, il envisage de garder ses outils de réparation pour éventuellement s’y remettre, après une année sabbatique. «Notre façon de faire chez Pro-Vélo : on est passionné du vélo et on aime le monde. Ça, on garde ça», conclut-il.