L’agrile du frêne fait son apparition à Victoriaville

Depuis 2016, la Ville de Victoriaville installe des pièges afin de s’assurer de l’absence de l’agrile du frêne sur son territoire. Un foyer d’infestation a été détecté et la Municipalité passe de la prévention à la réaction.

Le service de l’environnement soumettra aux élus les nouvelles règles à observer par les citoyens afin que le phénomène ne tourne pas à la crise. Une fois avalisé, le règlement fera l’objet d’une campagne d’information auprès des Victoriavillois.

Bien qu’épargnée des ravages causés par l’insecte arrivé d’Asie depuis 2008, Victoriaville doit à présent en ralentir la progression chez elle. Car cet été, un citoyen inquiet de l’état de ses frênes a alerté la Municipalité. Des pièges ont été posés, mais les sillons sous l’écorce tracés par les larves qui y circulaient pour se nourrir ne laissaient rien présager de bon. «Des adultes se sont collés à nos pièges et nous avons pu l’identifier», confirme Carline Ghazal, coordonnatrice du développement durable au sein du service de l’environnement. Le petit insecte verdâtre mesure entre 8,5 et 14 millimètres. «Il s’attaque à toutes les sortes de frêne», indique-t-elle.

Afin de conserver ses arbres matures, la Ville a réalisé, l’an dernier, la plantation de différentes variétés d’arbres dans des alignements de frênes. Sur les 7000 arbres de rue à Victoriaville, 10% s’avèrent des frênes. Ainsi, différentes espèces grandissent présentement entre les frênes, sur le boulevard Jutras Ouest notamment. «On sait qu’on devra les couper éventuellement, alors on veut que leurs remplaçants prennent un peu de hauteur», explique Mme Ghazal. Durant la période estivale, on a procédé de la sorte sur la rue Binette. La relève pour le boulevard Labbé sera intégrée à l’automne. La règle consiste à ne pas replanter de frêne. Mais peut-être que dans quelques années, à l’instar de ce que l’on constate pour l’orme, minoré par la maladie hollandaise l’affectant, des familles résistantes à l’agrile surgiront. Il ne s’agit donc pas de la fin du frêne.

Mais pour l’instant, on mise sur la diversité des arbres choisis. «Avec les changements climatiques, on ignore ce qui s’en vient. D’autres insectes arriveront et ça pourrait même être l’érable qui soit menacé», expose la coordonnatrice.

Sur le site Web de Victoriaville, on informe les citoyens afin qu’ils reconnaissent les frênes et les signes d’infestation. «Au début, on observe le dépérissement de la cime. Ensuite, il y a le fendillement de l’écorce et l’apparition de trous en forme de «D» sur les arbres», énumère Carline Ghazal.

Enregistrez vos frênes     

Pour prévenir la propagation trop rapide, on demande à la population de ne pas élaguer ou abattre de frênes durant l’été. «Tous les élagueurs du coin ont été informés. On a aussi appelé le Syndicat des producteurs de bois, l’Agence forestière, la Société sylvicole et les municipalités voisines.» Ainsi avisés, les arboriculteurs et autres joueurs du milieu peuvent informer leurs clients d’attendre au 1er octobre pour toucher à leurs frênes, car un arbre élagué émet une phéromone qui attire l’insecte.

Un arbre infesté et abattu, quant à lui, se voit déplacé, ce qui constitue une problématique supplémentaire quant à la propagation. Il faut agir dans une période où l’insecte est inactif. «Nous souhaitons éviter que ça se transforme en crise et que tous les arbres meurent en même temps.  La Ville dénombre 700 frênes, mais c’est sans compter ceux qui sont au mont Arthabaska, au parc Terre-des-Jeunes et dans les boisés urbains», de dire Mme Ghazal. En outre, on estime à 1500 de nombre de spécimens appartenant aux citoyens. D’ailleurs, on sollicite la collaboration des propriétaires pour participer à l’inventaire de la Ville en enregistrant leurs frênes au www.vic.to/agriledufrene. «Si on sait qu’il y a un foyer d’infestation dans leur voisinage, nous irons les informer et exercer une surveillance.»

Peu de solution

Si l’on parle d’abattage, c’est que l’élixir coûte très cher. «Un traitement existe. Le citoyen a l’option de traiter au TreeAzin, qui est une exception au nouveau règlement sur les pesticides adopté par la Ville cette année. Ce sont des injections dans le tronc à faire durant l’été, pendant une période précise. Puis il faut le refaire tous les deux ans. C’est assez dispendieux, environ 8 $ par centimètre. Pour un arbre de gros calibre, ça peut aller assez vite», constate Carline Ghazal. Puis il n’y a aucune garantie de succès de la manoeuvre. La Ville n’a pas décidé encore du sort de ses 700 arbres, mais la plupart devraient disparaître progressivement du paysage. On envisage des projets artistiques à certains endroits. Les troncs les plus imposants pourraient servir à des réalisations, comme du mobilier urbain, tandis que les branches finiront à l’écocentre. Les opérations se dérouleront au moment prescrit.

Un nouveau règlement qui éclairera les citoyens quant aux directives à respecter sera connu dans les prochaines semaines. On explicitera également le soutien accordé aux résidents touchés.

Maintenant que l’agrile du frêne évolue parmi nous, on exhorte les citoyens à ne pas déplacer de bois de chauffage dans les régions épargnées. Carline Ghazal souligne que Plessisville a aussi identifié l’agrile du frêne sur son territoire dans les derniers jours.