Le centre de plein air de Val Chester réduit ses heures d’ouverture

Le centre de plein air de Val Chester ne pourra plus avoir de personnel à l’accueil durant la saison de camping à cause de la pénurie de main-d’œuvre.

C’est la passion du plein air qui a poussé Patricia Algier à devenir propriétaire du camping de Val Chester, situé à Chesterville, il y a 11 ans. En plus d’œuvrer comme experte en bâtiment, cette femme de 44 ans s’occupait de ce centre de plein air durant la saison de camping. Elle n’a jamais calculé les heures qu’elle travaillait, car elle son investissement personnel lui permettait d’offrir cet environnement privilégié à ses trois enfants.

Patricia Algier a dû restructurer son centre plein air de Val Chester pour réussir à avoir une vie personnelle, malgré la pénurie de main-d’œuvre. (Photo gracieuseté)

Depuis quelques années, cette résidente de Granby devait se déplacer de plus en plus souvent pour dépanner au camping de Val Chester ou remplacer un employé qui ne pouvait pas se présenter. Elle s’encourageait en se disant que l’effort supplémentaire était temporaire, mais les saisons passaient et la situation empirait.

Elle a finalement perdu du personnel à temps partiel qui a quitté le centre pour travailler à temps complet ailleurs. Cette année, il ne lui restait qu’un employé de 67 ans qui lui a demandé, avec raison, de diminuer ses heures de travail.

Quand son conjoint lui a confié, récemment, qu’il n’était plus capable de suivre, Mme Algier s’est rendu compte qu’elle avait épuisé toutes ses ressources familiales et amicales… et les siennes.

À bout

Cette femme d’affaires s’est mise à pleurer en remplissant un formulaire pour un projet de publication avec Femmessor.

«J’ai réalisé que ça faisait sept ans que je n’avais pas tenu une canne à pêche pour le plaisir et quatre ans que je ne m’étais pas assise sur le bord de l’eau», partage celle qui travaille fort depuis son jeune âge.

Le 22 février dernier, elle a assisté à un événement à     Drummondville qui mobilisait tous les intervenants touristiques en compagnie de la ministre du Tourisme, Caroline Proulx, en lien avec la pénurie de main-d’œuvre. Sa participation a été pour elle une révélation.

«On vivait tous la même réalité!», s’exclame-t-elle.

Selon sa propriétaire, le centre plein air de Val Chester fait partie des nombreux attraits du Centre-du-Québec qui mériteraient d’être davantage connus et valorisés. (Photo gracieuseté)

Cette dame déterminée a donc pris une décision crève-cœur pour garder la précieuse énergie qui lui restait et a restructuré son entreprise. Elle a vendu des chalets et, cette année, l’accueil était fermé du dimanche au mercredi, ce qui limitait les heures de travail. La saison prochaine, il sera toujours fermé et les gens pourront accéder au site avec des réservations à l’avance.

Cette Granbyenne aurait aimé accueillir, comme avant, des visiteurs improvisés pour une journée de pêche, mais le nombre était insuffisant pour garder un employé en place, surtout en contexte de pénurie.

Plus de réseautage

Mme Algier félicite le travail colossal que les intervenants touristiques effectuent au Centre-du-Québec, mais elle estime qu’il manque de réseautage entre les gestionnaires. Elle admet avoir dû «parler fort» pour réussir à laisser ses dépliants dans une station-service, qui joue pourtant un rôle d’information primordial dans l’industrie du tourisme.

Celle-ci s’est toujours fait un devoir de référer les touristes vers les autres attraits de la région et continuera de le faire.

«Ce n’est pas normal que le Centre-du-Québec ne soit pas «wow» compte tenu de sa proximité des grands centres et de la polyvalence de l’offre touristique. Il faut être conscient et fier de tout ce qu’il y a dans la région», plaide cette femme dynamique, en mode solution.

Selon elle, le fait que la région du Centre-du-Québec soit nouvelle n’aide pas au référencement sur les «google de ce monde». Son camping, situé à Chesterville, vit le même problème alors que la municipalité s’appelait auparavant Saint-Paul, ce qui brouille les recherches.

La propriétaire de Val Chester suggère également de suivre l’exemple d’aubergistes dans le coin du Lac Brome qui se partagent les mêmes cuisiniers.