La «grande séduction» pour attirer des travailleurs étrangers

Accès Travail a accompagné une trentaine d’immigrants de Montréal qui ont visité, samedi, une des usines Cascades, à Kingsey Falls, pour combler des postes de journalier offrant des salaires de 17 $ à 35 $ de l’heure.

Accès travail et ses partenaires en régionalisation de l’immigration avaient recruté 56 immigrants, mais une trentaine d’entre eux se sont pointés, samedi matin, pour embarquer à bord d’un autobus qui partait de Montréal pour les conduire jusqu’à Kingsey Falls.

Le but du voyage était de leur faire visiter l’usine Groupe Tissu de Cascades, où deux responsables des ressources humaines avaient réservé leur samedi matin pour rencontrer ces travailleurs étrangers, principalement originaires d’Amérique latine et de l’Afrique.

Saïd Fenaoui, coordonnateur de projets au Collectif de Montréal; Anne Dusseault, agente de régionalisation en diversité culturelle chez Accès Travail, et Isabelle Sundara, d’Alpa, travaillent conjointement pour la régionalisation des immigrants. (Photo www.lanouvelle.net)

Selon Anne Dusseault, agente de régionalisation en diversité culturelle chez Accès Travail, neuf immigrants ont passé une entrevue sur place pour les postes de journalier. Les salaires horaires, qui varient de 17 $ à 35 $, avaient de quoi les convaincre.

«Ils veulent améliorer leurs conditions. La carotte, c’est le travail. C’est ce qui permet la rétention», rapporte l’agente d’Accès Travail.

Avant de quitter, les immigrants ont tous reçu des rouleaux de papier hygiénique et d’essuie-tout en cadeau.

Mme Dusseault organise au moins quatre visites semblables chaque année dans les entreprises des Bois-Francs, comme ce fut le cas chez Vic Mobilier et Bateaux Princecraft, antérieurement.

Du jamais vu

Coordonnateur de projets au Collectif de Montréal, Saïd Fenaoui aide les immigrants à explorer les occasions de travail à travers les différentes régions du Québec.

Il déplore que 86 % des immigrants qui arrivent au Québec restent à Montréal, alors que les régions regorgent d’emplois qui sont urgents à combler. Selon lui, la pénurie de main-d’œuvre est si criante que les employeurs ont laissé tomber leurs exigences d’antan et demandent uniquement un certificat qui autorise les immigrants à travailler. Même les étudiants sont bienvenus…

«Je n’ai jamais vu ça depuis un an et demi. Le Québec économique fonctionne à 50% ou 60% de ses capacités. C’est incroyable!», s’exclame-t-il.

Le Collectif fait partie des rares ressources situées à Montréal chargées de transiger avec la vingtaine d’organismes répartis à travers le Québec qui s’occupent de favoriser l’intégration des immigrants au travail.

«On fait l’arrimage via le canal de régionalisation», illustre Mme Dusseault.

Chez Accès Travail, elle vend la région des Bois-Francs à ces immigrants venus de Montréal en parlant de la belle qualité de vie, des services accessibles pour les enfants, des loisirs, des sports, etc.

«Le coût de la vie, c’est là où on fait la différence. S’il en coûte 500 $ par mois pour louer un logement de 4 ½ pièces, au lieu de 700 $ ou 800 $ à Montréal, c’est 30% moins cher», fait valoir M. Fenaoui.

Pas incognito

Mme Dusseault constate une différence marquante  dans le processus d’intégration d’un immigrant au travail en région, comparativement aux grandes villes, où il passe incognito. Elle prépare d’ailleurs les travailleurs étrangers qui veulent s’établir au Centre-du-Québec à cette réalité.

Par exemple, samedi, elle a suggéré à une Africaine diplômée comme électrotechnicienne, et qui se démarquait pas la couleur très foncée de sa peau, de faire une richesse de sa différence. Elle lui a dit de s’attendre à devoir s’ouvrir aux gens et à répondre aux collègues qui la questionneront sûrement sur ses origines.

«En région, les gens prennent le temps de savoir qui tu es et d’où tu viens», explique l’agente d’Accès Travail.