Dossier Guillaume Richard : une simple question de préférence

Après une longue réflexion mûrie en compagnie des membres de sa famille et de son conseiller Denis Francoeur, le défenseur Guillaume Richard a décidé de poursuivre sa carrière aux États-Unis. Engagé avec l’Université du Maine à compter de la saison 2021-2022, Richard n’a jamais caché son intérêt pour la NCAA et c’est finalement celui-ci qui a prévalu sur tout le reste.

Cette décision a donc incité les Tigres de Victoriaville à renoncer aux droits de celui qu’ils avaient sélectionné au 7e rang du dernier repêchage de la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ). «C’est une réflexion qui a duré très longtemps. Ça fait dix ans que je travaille avec Guillaume et en bas âge, il allait déjà faire des tournois aux États-Unis. Il a pris connaissance des possibilités qu’il y avait. Ceux qui ont l’option de jouer aux États-Unis ou dans la LHJMQ sont très privilégiés. […] D’un côté ou de l’autre, la décision revient à la famille. Nous répondons aux questions et nous allons chercher l’information nécessaire. Les deux options étaient intéressantes pour Guillaume, mais c’est depuis qu’il est tout jeune qu’il se voit jouer dans la NCAA», a raconté Francoeur.

Le conseiller du clan Richard assure d’ailleurs que ce n’est rien contre l’organisation victoriavilloise ou le circuit Courteau si le jeune défenseur a préféré leur tourner le dos. «J’ai connu la LHJMQ et c’est un excellent circuit. Il permet de bien développer les joueurs de hockey et en ce qui concerne les études, ils ont fait beaucoup de travail de ce côté afin de bien encadrer les jeunes. […] La séance de sélection et les rencontres se sont très bien passées avec les Tigres. C’est une organisation de première classe. Guillaume se sentait choyé d’avoir été sélectionné par eux, mais en fin de compte, c’est le cheminement vers les États-Unis qui était encore au sommet de sa liste.»

Le produit du Blizzard du Séminaire Saint-François quittera maintenant les rangs du niveau midget AAA afin de s’aligner avec l’Académie de Mount St Charles dès la prochaine saison. Il devrait également évoluer pendant quelques rencontres dans la USHL avec le Storm de Tri-City au cours de cette période. Questionné à savoir s’il y avait une chance de voir un jour Richard apparaître dans la LHJMQ, Francoeur concède qu’il était difficile de le savoir. «Au moment où je parle, je n’ai pas de réponse à ça. Présentement, il est clair dans sa tête que c’est le chemin qu’il veut prendre (celui de la NCAA). Il y a différentes étapes à franchir d’ici là, mais pour commencer, il va aller à Mount St Charles et jouer quelques parties dans la USHL. S’il est toujours confortable dans cet environnement, je crois qu’il va poursuivre sur cette avenue. [..] Il pourrait revenir, mais il ne pouvait pas faire l’inverse. Les deux options sont ouvertes, mais pour le moment, Guillaume est très heureux de sa décision.»

Un calibre plus faible?

Meilleur défenseur du Québec de la cuvée 2019, le talent de Richard crève les yeux. Ayant obtenu 27 points en 38 parties avec le Blizzard cette année et défenseur le plus productif d’Équipe Québec aux Jeux du Canada, le Québécois a toujours excellé en affrontant l’élite de son groupe d’âge. On s’améliore en jouant contre les meilleurs selon le dicton.

Dans le cas de Richard, cela pourrait changer alors que le niveau de jeu du circuit dans lequel évolue l’Académie de Mount St Charles n’est pas reconnu comme étant le plus élevé. Selon certains intervenants consultés, la USHS-RI propose un calibre inférieur à celui du midget AAA. Pour un défenseur qui serait de calibre à jouer dans la LHJMQ, ça pourrait s’avérer un peu trop facile. «C’est un programme qui est axé sur le développement. À l’âge de Guillaume, ce sont des années très importantes dans le développement d’un hockeyeur qui ne sont pas nécessairement que reliées au niveau de jeu. C’est certain que si nous recherchons le meilleur calibre, ça pourrait être la USHL ou la LHJMQ. Pour l’an prochain, c’est un calibre similaire au midget AAA. C’est important pour les joueurs de talent de dominer à leur niveau avant de passer à l’étape suivante», a insisté Francoeur.

En ce qui concerne l’Université du Maine, bien que son programme hockey n’ait pas la réputation de celui de Boston College, de l’Université du Dakota du Nord ou de l’Université du Michigan, elle parvient à produire son lot de bons joueurs. Il suffit de penser à Paul Kariya, Garth Snow, Brett Clark et Gustav Nyquist. Les entraîneurs John Tortorella et Jim Montgomery y ont également fait leurs études. «Pour un joueur de hockey, ce qui est important, c’est d’avoir l’opportunité de se mettre en valeur. Si le jeune performe, peu importe l’organisation, les recruteurs vont venir le voir jouer. C’est ce que l’Université du Maine va offrir à Guillaume. Cette université joue dans une très bonne conférence en compagnie de l’Univeristé de Boston, le Collège de Boston, l’Université de Northeasthern University et compagnie. Il va avoir la chance de se faire voir. Les dirigeants sont très axés sur le développement et ils ont à cœur le développement de Guillaume.»

La maturité pour expliquer l’exode vers la NCAA?

Outre Guillaume Richard, Francoeur a également vu un autre de ses protégés, le défenseur Jacob Guévin, opter pour les États-Unis. Celui qui a signé sa lettre d’intention avec l’Université de Nebraska-Omaha est attendu à l’école Northwood à Lake Placid dès l’automne. Repêché en 2e ronde par les Saguenéens de Chicoutimi lors du dernier repêchage, le talentueux défenseur de Trois-Rivières a déjà avisé la formation saguenéenne qu’il ne sera pas avec l’équipe la saison prochaine, sans toutefois fermer la porte à une éventuelle présence par la suite. «Dans son parcours, il a pesé les deux options et il en a fait une analyse très sérieuse. Je trouve que les jeunes sont très matures dans leur réflexion. Ils m’informaient de leur réflexion et je les trouvais très réfléchis. Ça n’a pas été pris sur un coup de tête ces décisions.»

Les noms de Richard et de Guévin viennent s’inscrire dans une liste de joueurs qui comprend Zachary Bolduc, Tristan Luneau (Université du Wisconsin), Anthony Cliche, William Rousseau (Université de Nebraska-Omaha), Mikael Huchette (Université du Maine) ou encore Peter Reynolds (Boston College) qui ont entrepris de sérieuses démarches afin d’un jour évoluer dans la fameuse NCAA. Bien qu’il ne représente pas tous ces joueurs, Francoeur a sa petite idée sur ce qui peut expliquer que les hockeyeurs de cette génération soient de plus en plus tentés par les collèges américains. «Dans un passé pas si lointain, c’était souvent les jeunes de l’Ouest-de-l’Île qui s’engageaient vers les universités américaines. Sans dire que c’était accepté, c’était comme toléré. Il y a par la suite eu quelques gars des Maritimes, mais là, qu’il y ait autant de joueurs québécois qui regardent cette option, c’est nouveau. Ça fait partie du fait que les jeunes sont beaucoup plus au courant de leurs options comparativement à il y a dix ans. Ils s’informent, ils lisent plusieurs articles. Ils veulent savoir en quoi ça consiste avant de prendre leur décision. Il faut respecter ces choix des jeunes», a souligné le Mauricien.

S’il est normal, et même souhaitable, de voir les jeunes penser à leur avenir, il est important de comprendre que les bourses qu’ils se font offrir ne sont pas garanties. En effet, pour des raisons variables, les bourses d’études peuvent être retirées des mains des athlètes. Il y a donc, tout comme dans la LHJMQ, un risque de voir son parcours prendre une tournure inattendue qui ramène les hockeyeurs à la case départ. À partir de là, c’est aux jeunes de prendre la décision avec laquelle ils sont le plus à l’aise.