«Ça a pris des proportions épouvantables»

Même si le projet domiciliaire dans la forme envisagée par le promoteur CG Bissonnette, pour les rues Bissonnette et Lavertu, a été annulé, les tensions s’avèrent encore plus vives à Warwick. Des citoyens en ont témoigné lors de la période de questions de la séance ordinaire du conseil municipal de juillet.  

Le 10 juin, 104 Warwickois ont signé le registre demandant la tenue d’un référendum au sujet du projet de développement domiciliaire de Constructions CG Bissonnette, qui proposait l’édification de huit immeubles de quatre logements sur la rue Bissonnette, en plus de six habitations unifamiliales sur la rue Lavertu. Puisqu’il ne fallait que 62 signataires, les élus ont eu à trancher à savoir s’ils soumettaient la question à un vote référendaire ou s’ils retiraient tout simplement le projet. La deuxième option a été retenue.

Un certain M. Perreault a interrogé le premier magistrat, Diego Scalzo, au sujet de l’usage du projet particulier de construction, de modification ou d’occupation d’un immeuble (PPCMOI) qui sert à autoriser un projet non conforme à la règlementation. «J’ai acheté mon terrain en 2002 et, à l’époque, le règlement municipal de développement de zonage était unifamilial. En 2008, ç’a été modifié pour des blocs à deux étages de quatre appartements. Est-ce que le PPCMOI est arrivé à ce moment?», a-t-il demandé. M. Scalzo a avancé que la première résolution du genre accordée à Warwick remonte plutôt à 2010. «Selon la définition sur le site du ministère des Affaires municipales, un PPCMOI concerne un immeuble dans le but particulier de l’intégrer dans un environnement urbain pour l’harmoniser au reste du secteur en respectant les résidents actuels», a fait valoir le citoyen. À son avis, cela ne s’appliquait pas dans les circonstances et les urbanistes ont failli à leur tâche. «Le projet est retiré», a réitéré le maire. Pour M. Perreault, de telles constructions dans le quartier nuiraient à la valeur marchande des maisons et intéresseraient des personnes âgées plus que des familles.

Inquiète

Céline Faucher déplore la tournure des événements. «On n’a jamais voulu faire une guerre. Ce n’était pas contre quelqu’un, mais contre le projet proposé. On ne voulait pas s’attirer les foudres de qui que ce soit», a-t-elle soutenu. Exposant des photos, Mme Faucher a rapporté des dommages au terrain vacant jouxtant sa propriété. «Ce n’est pas notre terrain, mais quand le promoteur arrive à 7 h du matin avec sa scie à chaîne pour couper les arbres un à un et qu’il utilise sa machinerie pour labourer le terrain, qu’on entretenait, car la Ville n’avait jamais exigé au propriétaire de le faire, pour éviter que les roseaux communs se rendent jusqu’à notre haie de cèdres, c’est une chose. […] Si c’était pour la construction, mais là c’est juste pour tout bouleverser», a-t-elle regretté. Céline Faucher relate aussi des propos qu’elle a jugés hostiles à son endroit, ainsi que des regards inamicaux, depuis la tenue du registre.

Elle a questionné le maire à savoir si un projet de blocs respectant les règlements municipaux serait accepté éventuellement. M. Scalzo a confirmé qu’effectivement, une telle entreprise obtiendrait l’aval de la Ville. «Si on veut faire une demande de changement de zonage, on fait comment?», s’est-elle enquise. Le maire a expliqué que les élus prennent ces décisions lors d’assemblée et qu’une procédure préalable existe.

Enfin, Mme Faucher a parlé de vandalisme, «un hasard», sur son véhicule et a demandé si elle avait le droit d’installer des caméras de surveillance. Il lui a été assuré qu’elle pouvait procéder à ce type d’installation, tant que l’appareil filme sa propriété. «Nous aussi on filme régulièrement. Dernièrement, on a pris une dame qui volait des fleurs et grâce à la caméra, on a réussi à l’arrêter. Et nos fleurs sont revenues», a-t-il exemplifié.

Le maire Scalzo, en poste depuis 2009, a relevé que «la pire chose dans le quotidien d’un citoyen c’est de ne pas se sentir en sécurité. En deuxième lieu, ce sont les conflits dans le voisinage. J’ai vu des cas, ici à Warwick, de gens pour qui c’était très difficile et qui étaient très malheureux. La seule solution, et ce n’est pas toujours facile, c’est de se parler entre voisins et de tenter de trouver des solutions ensemble. Parfois, nous recommandons des services de médiation», a avancé M. Scalzo, en ajoutant que les élus ne constituent pas des experts en la matière.

«Il me semble que ce serait si simple de rendre le tout acceptable, plutôt que d’alimenter la grogne. Ça a pris des proportions épouvantables alors qu’on n’a fait que faire valoir nos droits. Ça n’avait rien de personnel», a conclu Mme Faucher.

Dialogue ouvert

Kassandra Marchand, des Constructions CG Bissonnette, s’est également exprimée dans ce dossier. «Je sens la colère des citoyens, mais il faut voir les deux côtés de la médaille. Ç’a été une surprise pour les promoteurs, car nous avons appris l’opposition dans le journal. On est ouvert à discuter avec les résidents, mais de la façon dont ça a été fait, on a senti une injustice, tout comme les résidents, qui n’ont pas le contrôle non plus. Le but n’est pas de museler personne, mais de communiquer. Avoir des craintes, c’est normal, mais il faut en parler», a-t-elle exprimé d’emblée.

Mme Marchand s’est dite persuadée de régler la situation à l’amiable. La demande pour des immeubles à quatre logements existe. Plusieurs retraités vendent leur maison et désirent vivre en appartement plutôt qu’en résidence. «Le quartier est magnifique, alors pourquoi ne pas en faire profiter les ainés? D’autres propriétaires et des familles vont aussi embarquer. Il faut suivre l’offre et la demande», a-t-elle plaidé.

Elle espère ne plus revivre de telles circonstances et ne plus voir des projets reculer. Elle a appelé toute la population à communiquer avec eux pour faire part de leurs questions ou de leurs inquiétudes, à l’avenir.