Au Costa Rica à 15 ans, malgré les obstacles

Depuis l’âge de 9 ans, Gabrielle Dubois rêve de cette année d’apprentissage loin de la maison. Pourtant, il y avait la dyslexie et le manque de confiance en soi entre elle et la réalisation de son projet. Une montagne à gravir, mais qui ne l’a pas empêchée d’avancer. Le 26 juillet, elle s’envolera vers le Costa Rica, là où elle souhaite s’épanouir.

Gabrielle Dubois discute avec les siens. Il y a son père, Richard Croteau, sa sœur, Jasmine, et Paramee Lertvanichkit, une étudiante thaïlandaise qui a passé la dernière année chez eux.

Gabrielle a récemment terminé sa troisième année du secondaire, à Daveluyville. Bientôt, elle regagnera les bancs d’école, mais cette fois, au Costa Rica. À 15 ans seulement, elle quittera le nid familial le 26 juillet et s’installera chez ses hôtes pour une période de 11 mois. Grâce au programme d’AFS International, elle s’enrichira cette expérience interculturelle à laquelle elle aspirait.

Ce voyage, elle le convoite depuis six ans. À ce moment, sa famille accueillait dans son foyer Rita, une étudiante portugaise. Son papa, Richard Croteau, a lui-même beaucoup voyagé. Partageant ses impressions avec sa fille, il lui insuffle cette passion. Gabrielle aime la nature et désire vivre un dépaysement. «Je veux gagner en maturité, apprendre à envisager certaines situations de la vie différemment et découvrir des façons de faire qui s’éloignent de ce que je connais», commence-t-elle.

Mais ce projet a longtemps été incertain pour elle. «Je suis dyslexique et j’ai de la difficulté à l’école. Plus jeune, je ne pensais pas que je pourrais réaliser ce voyage, car je ne savais même pas si je me rendrais au secondaire. Avec la dyslexie, tu peux être bonne et intelligente, mais les notes restent basses», confie-t-elle. Chaque examen constitue une tâche colossale. «J’ai beaucoup travaillé pour augmenter mes notes afin de pouvoir participer à AFS. J’ai aussi précisé ma situation auprès de l’organisation et ils ont considéré cette particularité. Pour les jeunes qui éprouvent des difficultés scolaires, ce n’est pas impossible d’y arriver», note-t-elle. Gabrielle espère que son exemple inspirera d’autres jeunes pour qui la scolarité représente un défi quotidien et qui s’imaginent que certaines avenues leur sont interdites. «J’éprouve des difficultés scolaires extrêmes et j’ai réussi. Tout le monde peut le faire», souligne-t-elle.

Un passage

Gabrielle se débrouille bien en anglais, langue qu’elle a surtout apprise en visionnant des films sur Netflix. Dernièrement, elle a travaillé sur l’espagnol, mais la période des examens lui a ravi beaucoup de ses temps libres. Elle demeure néanmoins confiante, surtout lorsqu’elle constate les progrès de Paramee, qui ne parlait pas un mot de français à son arrivée, il y a moins d’un an.

En plus d’acquérir une nouvelle langue, elle pense que cette aventure lui permettra de mieux se connaître et de se pencher sur son avenir. Elle envisage cette année comme un rite de passage vers de plus grandes certitudes.

Lorsqu’elle reviendra, elle devra reprendre sa quatrième secondaire. Et ça ne l’embarrasse aucunement. Elle sait que, partout où elle se trouvera, il y aura des amis sur qui compter.

L’identité de sa famille d’adoption ne lui a toujours pas été révélée, ni la ville où elle résidera. Bien entendu, elle a hâte de découvrir si elle vivra dans une métropole ou à la campagne. Puisqu’au Costa Rica, l’année scolaire s’avère en cours, ces détails attendus arrivent parfois à la dernière minute, explique son père. «On nous dit de ne pas nous inquiéter. AFS est un organisme reconnu mondialement et le Costa Rica a la réputation de faire un bon travail avec les étudiants», assure M. Croteau. Pour avoir hébergé des étudiants du programme chez lui, il connait la somme importante de vérifications auxquelles les familles se soumettent avant de pouvoir le faire.

Au cours des dernières années, Richard Croteau a vu sa fille bûcher très fort pour atteindre son rêve. «C’est rare qu’un étudiant se fasse dire par sa directrice d’étudier moins. Elle a travaillé fort et ses professeurs l’ont soutenue. Ma plus grande fierté, c’est que ça constitue la récompense de ses efforts», signifie-t-il. Ce dernier ajoute qu’elle a aussi dû travailler pour amasser une partie des sous nécessaires pour la réalisation de son périple.

Pour lui, le plus touchant reste de laisser partir sa grande fille, alors qu’à son retour, elle ressemblera de plus en plus à une jeune femme. Ces instants charnières de la vie et l’atteinte de ses 16 ans, Gabrielle les vivra loin de sa fratrie. Elle espère revenir avec un bagage bien à elle, qui lui servira sa vie durant.