Denis Lavigne et le rendez-vous des nostalgiques

Tous les mercredis, Denis Lavigne prend son micro d’encanteur. Chaque fois, entre 60 et 80 acheteurs prennent place et observent attentivement les objets qu’il leur offre, bien souvent pour une bouchée de pain.    

Pour Denis Lavigne, les encans et la musique font partie de l’ADN familial. S’il a évolué dans différentes formations musicales, dont Paradox et Les Frères à Ch’val, il croit que c’est sans doute dû à ses parents. «Mon père jouait de la musique et ma mère avait une agence d’orchestres. Elle a marié bien des gens avec des groupes rétro des années 1960», raconte-t-il. Programmeur et touche à tout, Denis Lavigne a regagné son Arthabaska natal il y a plusieurs années, puis a repris tranquillement l’entreprise de ses parents. Depuis huit ans, il anime lui-même les rendez-vous hebdomadaires.

Il n’avait que 10 ans lorsque son père, Robert Lavigne, a lancé l’affaire, en 1971. «Ça n’a pas changé. Le décor est resté pareil. Pour ma mère, il fallait pas toucher à rien. On a rénové, mais c’est la même tapisserie de fleurs», commence-t-il. Denis Lavigne pense que «le vintage» fait partie de l’expérience que recherchent les visiteurs.

Il rapporte que, pour sa maman, Judith Blanchette, les ventes aux enchères constituaient un revenu d’appoint. Elle s’affairait davantage dans les animations de mariage. «Elle vendait même les robes de mariée pour aller avec le package. Elle a aussi eu une friperie sur la rue Notre-Dame», confie-t-il.

À l’instar de ses prédécesseurs, ce commerce n’occupe pas tout son temps. «L’encan, c’est un show de plus pour moi, c’est un petit side-line», de dire le musicien qu’on entend ce printemps à la radio dans la chanson «Le retour du beau temps», extrait de l’album à venir des Frères à Ch’val, intitulé Ast’heure.

Dans ses installations, il y a certes des antiquités, mais également des objets rétro, des articles de collection et toutes sortes de produits utilitaires.

En outre, un dimanche par mois, Denis Lavigne propose des encans où la marchandise s’avère constituée spécifiquement d’antiquités. «Ça attire des gens qui cherchent vraiment des vieilles affaires», précise-t-il. Denis observe qu’il y a toujours eu des vieilleries chez lui et qu’aujourd’hui, plusieurs achètent pour revendre «sur marketplace». «Des boutiques comme la mienne, il y en a plusieurs finalement. Je pourrais ouvrir en brocante, mais je préfère faire juste les encans et jouer de la musique le reste du temps» révèle-t-il.

Walmart

Les clients qui fréquentent Encan à commission de la rue Laurier le font en grande partie pour faire de bonnes affaires, mais aussi par nostalgie, pense M. Lavigne. «Ici, on ne vend pas la même chose qu’au Walmart. On retrouve tout ce que nos parents avaient. L’engouement, c’est le même que l’on voit dans les émissions de télévision», constate-t-il. Certains acheteurs recherchent un bien en particulier, d’autres se laissent tenter par les offres.

Pour que ça fonctionne, il faut aussi «être comique», observe l’encanteur. D’ailleurs, il affirme avoir beaucoup appris de l’expérience, au fil des années. «Ça m’a aidé. J’étais un peu gêné. On ne dirait pas ça de certaines personnes, mais on vit tous du stress», témoigne-t-il.

Pour assurer le succès de la soirée, il a besoin d’aide. Sa conjointe se charge de l’entrée et du registre des ventes. Une employée s’occupe de la petite cantine et deux hommes siègent à l’avant afin de distribuer les objets vendus.

L’encan commence. Les effluves du casse-croûte, ouvert pour restaurer les convives, ajoutent à l’ambiance surannée. Denis Lavigne s’installe derrière la tribune. Il obtient 2 $ pour une vieille poulie, puis 8 $ pour deux tabourets de bois. Les ventes se succèdent à une vitesse fulgurante, mais chaque fois, il réussit quelques pointes d’humour. Comme promis, il donne un spectacle inédit.