Tigres de Victoriaville : une pépinière pour les hommes de hockey

Sans tambour ni trompette, les Tigres de Victoriaville ont produit un peu plus d’une demi-douzaine d’hommes de hockey qui occupent aujourd’hui des postes importants dans les sphères du recrutement ou de direction.

Parmi ceux-ci, on retrouve Jacques Carrière, Pierre Cholette, Kevin Cloutier, Daniel Demers, Yanick Jean, Jérôme Mésonéro et Gilles Tremblay. Ils n’ont pas tous travaillé ensemble chez les Tigres, mais ce groupe a majoritairement commencé à œuvrer pour les Félins au milieu des années 2000. Lorsque l’on questionne quelques-uns des membres de ce groupe sur ce qui explique cette aussi belle représentation, un nom revient chaque fois, celui de Jérôme Mésonéro. Aujourd’hui recruteur pour l’Avalanche du Colorado, l’homme natif de Lyster a été directeur général des Tigres pendant sept années avant d’accepter le défi de l’Avalanche. «Tout ça a commencé dans les années de Jérôme. Nous avions alors un groupe de recruteurs composé de Jacques Carrière, Pierre Cholette, Daniel Demers et moi-même. C’est bien de voir que ces gars ont tous des postes importants. Jérôme est rendu recruteur au Colorado et il est appelé à voyager partout dans le monde. Nous avons tous appris de lui. […] C’était un gars d’équipe et ça nous a permis de nous améliorer. C’est une belle fierté pour l’organisation des Tigres de voir que ses hommes de hockey ont eu de beaux avancements dans leur carrière respective», a louangé l’actuel directeur général des Tigres, Kevin Cloutier.

«Tous les gars qui sont nommés ont côtoyé Jérôme. Oui, il était directeur général, mais il était beaucoup impliqué dans le recrutement. Il travaillait beaucoup en équipe et il n’avait aucunement peur de se faire défier. Il adorait que ses recruteurs argumentent. Ce que ça fait, c’est que les gars n’ont pas peur de s’engager ni d’être jugés. Jérôme a toujours su s’entourer de personnes de caractère», a noté pour sa part Gilles Tremblay.

Mis au parfum des louanges de ses anciens acolytes, Mésonéro était évidemment flatté, mais il leur a rapidement retourné l’ascenseur afin de vanter leurs aptitudes. «Le monde du hockey en est un où il est difficile d’entrer. Tous les gars de hockey ont des noms en tête qui les ont aidés à y rentrer et c’est important de s’en souvenir, mais si tu veux progresser dans le hockey, ça prend de la passion, de la patience et du travail sur ta réputation. Si tu n’as pas ça, ça ne marchera pas. Dans le monde du hockey, selon ma philosophie, il ne faut pas que tu postules pour des emplois. Les gens regardent et analysent beaucoup. Les dirigeants sont en mesure de reconnaître les gars d’influence dans les différentes organisations. Si tu es toujours en train d’envoyer ton CV et de te manifester pour des postes, ça lève un drapeau rouge. Si t’es bon et que tu as du potentiel, on va te trouver.»

Des passionnés d’abord et avant tout

Si la présence de Mésonéro explique une partie de cette forte représentation féline à différents échelons dans le monde du hockey, il faut tenter de voir plus loin afin de comprendre complètement ce succès. Pour Cloutier, la passion démontrée par ceux qui sont engagés par les Tigres y est pour beaucoup. «Le critère de base, c’est la passion. De tous les noms nommés, ce sont tous des passionnés du hockey. Si tu n’as pas ça, tu n’as aucune chance de monter. Ce métier demande beaucoup de longs voyages en voiture et ils ne sont pas toujours payants. Tu dois passer par là. Puisqu’ils ont cette qualité, ça ne me surprend pas de les voir aujourd’hui dans des postes aussi importants.»

Le travail acharné est également au cœur de ces succès et selon l’actuel recruteur-chef des Tigres, s’il y en a bien un qui possédait cette qualité, c’est Mésonéro. «Quand j’ai vu Jérôme sur l’estrade du repêchage de la LNH pour le choix de l’Avalanche, j’ai eu les yeux pleins d’eau. Il a travaillé énormément pour se rendre jusque-là. Il ne s’est jamais pris pour un autre et il a travaillé pour les gens autour de lui. Il sait que tu es aussi bon que les gens qui t’entourent.»

«Les gens qui font du recrutement dans le hockey junior, ce sont les plus grands bénévoles du hockey. Je le sais, j’ai passé par là. Je sais les sacrifices que ça prend. Sans une passion exceptionnelle pour notre sport, tu vas désenchanter assez rapidement. Pour moi, le mot passion, lorsque venait le temps d’engager un recruteur ou autre, c’était dans le haut de ma liste des critères. Dans les noms qui figurent sur cette liste d’anciens Tigres, la passion est un dénominateur commun», a relaté pour sa part le recruteur de l’Avalanche du Colorado.

Jacques Carrière, directeur général des Screaming Eagles du Cap-Breton

Bien qu’il n’ait passé qu’une saison (2006-2007) comme recruteur avec l’équipe à ses débuts dans le junior majeur, ce sont les Tigres qui lui ont donné sa première chance. Dès la saison suivante, Jacques Carrière a fait le saut avec les Foreurs de Val-d’Or comme assistant au directeur général et comme recruteur-chef, fonctions qu’il a occupées de 2007 à 2013. C’est par la suite qu’il est passé chez les Screaming Eagles du Cap-Breton dans les mêmes fonctions. Le Gatinois a par la suite profité du congédiement de Marc-André Dumont afin d’obtenir une promotion au titre de directeur général de la formation néoécossaise. Carrière a donc dû faire ses classes pendant 13 ans avant d’obtenir cette promotion tant attendue.

Pierre Cholette, recruteur pour la Centrale de recrutement de la LNH

Fidèle membre des Tigres à compter de 2005 jusqu’à son départ vers la Centrale de recrutement de la Ligue nationale de hockey (LNH), Pierre Cholette a rendu de précieux services à l’organisation victoriavilloise. Recruteur-chef de 2012 à 2018, il a pris un pas de recul à l’issue de l’encan 2018 avant d’ensuite plier bagage vers la LNH. Parmi les meilleurs coups de Cholette, notons ceux de Félix Lauzon, Maxime Comtois, Tristan Côté-Cazenave ou encore Sean Larochelle et Vincent Sévigny.

Kevin Cloutier, directeur général des Tigres de Victoriaville

Après avoir amorcé sa carrière en tant que recruteur de la formation victoriavilloise, Kevin Cloutier est parti à Rimouski remplir le rôle de directeur des opérations hockey chez l’Océanic pendant trois saisons. Après avoir emmagasiné de l’expérience et remporté une coupe du Président, l’homme natif de Québec est revenu là où tout avait commencé en tant que directeur général des Tigres. À 43 ans, il dirige maintenant la formation des Bois-Francs depuis trois saisons complètes et son contrat est valide jusqu’à la fin de la campagne 2020-2021. «Je vais déjà amorcer ma 4e saison comme directeur général des Tigres. J’ai toujours aimé ce milieu. Quand j’étais plus jeune, je faisais les échanges des Nordiques dans ma tête. J’ai toujours suivi ça de près. Quand j’ai eu ma chance, j’ai développé une belle relation avec Jérôme et j’ai beaucoup appris sur le métier. J’ai par la suite eu la chance de travailler avec Serge Beausoleil chez l’Océanic. J’ai eu deux bons mentors. Je suis désormais très à l’aise dans ce que je fais et j’adore ça. Quand tu es passionné, tu ne comptes pas les heures.»

Daniel Demers, recruteur-chef des Saguenéens de Chicoutimi

Après avoir commencé dans le monde du recrutement en 2005 avec les Sea Dogs de Saint John, équipe avec laquelle il est demeuré pendant sept saisons, Demers a rejoint les Tigres à compter de 2012. Il a conservé son poste de recruteur jusqu’en décembre 2015, moment où il a accepté le poste de recruteur-chef des Saguenéens. Quatre années et demie plus tard, il occupe toujours cette fonction. Parmi ses meilleurs coups, on peut penser aux sélections d’Hendrix Lapierre, Théo Rochette, Samuel Houde, Alexis Shank, Nicolas Guay, David Noël et Jérémy Groleau.

Yanick Jean, directeur général et entraîneur-chef des Saguenéens de Chicoutimi

Il en a fait du chemin depuis ses débuts derrière un banc de la LHJMQ avec les Saguenéens en 2003, Jean a effectué un séjour de deux ans et demi à l’Île-du-Prince-Édouard avec le Rocket avant de s’amener dans les Bois-Francs pour un long séjour de sept ans (2007 à 2014). Il est par la suite retourné sur ses terres en acceptant la double fonction chez les Sags.

Jérôme Mésonéro, recruteur amateur de l’Avalanche du Colorado

Il y a longtemps que Mésonéro roule sa bosse dans le monde du hockey. Recruteur des Voltigeurs de Drummondville pendant deux saisons à compter de 1997, l’homme de 46 ans est allé relever de nouveaux défis avec les Saguenéens au tournant des années 2000. Après avoir été promu au titre de directeur du recrutement en 2002, Mésonéro est arrivé comme directeur général des Tigres au courant de la saison 2005-2006 après le congédiement de John Greene. Bien implanté chez les Félins, il y est demeuré pendant neuf ans. Il a ensuite accepté un poste de recruteur avec l’Avalanche. «Le hockey, c’est un petit monde très compétitif et les gens regardent souvent les autres organisations qui ont du succès pour voir comment elles opèrent, ce qui donnent des idées pour se bâtir. C’est le cas pour les joueurs, mais aussi pour les hommes de hockey. Ça me rend fier un peu de voir cette liste. Je suis encore le cheminement de ces gars-là. S’ils ont besoin, je suis là.»

Gilles Tremblay, recruteur-chef des Tigres de Victoriaville

À l’instar de Carrière, Cholette et Cloutier, Gilles Tremblay a obtenu sa première chance dans le monde du hockey junior en tant que recruteur des Tigres en 2007. Après avoir fait ses classes, sous la recommandation de Mésonéro, le Plessisvillois a réussi à obtenir le rôle de recruteur-chef chez les Islanders de Charlottetown (2012 à 2016). Il a par la suite œuvré pendant deux ans chez les Cataractes de Shawinigan avant de revenir là où tout avait commencé en tant que recruteur-chef. «Au bout de cinq ans, Jérôme est venu me voir et il m’a dit que ça n’avait pas de bon sens, que je devais me trouver un travail de recruteur-chef. Il disait que je voyais plus de hockey que le recruteur-chef, mais ça ne me dérangeait pas, car j’aime ça. Il m’a par la suite aidé à obtenir le poste à Charlottetown.»