Au-delà du hockey…

Les Blues de Saint-Louis viennent de remporter la coupe Stanley contre les Bruins de Boston. Les prouesses de ces incomparables héros sur glace auront de nouveau monopolisé l’attention d’une foule de gens pendant de très longs mois partout au pays.

Elles auront donné lieu à de très nombreux débats enflammés – comme on dit – et nous aurons exposé à de très longues analyses. Elles auront en fait surtout entraîné d’importants transferts d’émotions pour des causes qui nous touchent, comme la justice, la dignité et la fraternité, vers des choses totalement futiles, axées sur l’adversité, qui nous éloignent, et disons-le, nous abêtissent et nous aliènent.

Pendant que l’on regardait le hockey, que l’on se préoccupait sans fin du sort de ces jeunes et valeureux millionnaires et de leurs équipes :

un nombre incalculable de pauvres gens voyaient leurs enfants, leurs frères et sœurs, leurs parents ou leurs proches mourir avant l’âge, dans l’une de ces nombreuses spoliations de terres, de biens et de richesses naturelles dans leurs contrées ou leurs pays;

plus de huit cents millions de personnes souffraient de la faim un peu partout dans le monde; la faim, cette longue et terrible souffrance qui s’achève presque toujours dans la maladie et la mort;

des centaines de millions, des hommes, des femmes, mais aussi des enfants, vivaient une vie qui n’en est plus une, à travailler sans cesse, des petites heures du matin à la tombée de la nuit, pour presque rien, dans des conditions difficiles, dans l’un de ces nombreux ateliers de la misère ou dans l’une de ces fermes d’esclavage modernes, créant des tee-shirts, des chaussures, des chemises, des pantalons, des composantes électroniques et toutes sortes d’autres choses, ou cultivant du café, du chocolat ou du sucre pour d’écœurantes multinationales sans conscience;

un nombre effroyable de femmes et d’enfants nourrissaient l’industrie du sexe, privés de toute dignité, de tout droit, de toute protection;

des gouvernements comme le gouvernement canadien, élus somme toute par d’assez faibles minorités, continuaient d’œuvrer pour le compte des grandes entreprises et des multinationales, pour l’industrie du pétrole sale, de l’armement, pour celui de leurs riches bailleurs de fonds, au détriment du bien-être de tous, de l’égalité et de la tolérance, de la paix, du partage équitable des richesses, de l’environnement;

des milliers de travailleurs et d’étudiants réagissaient à la détérioration de leur condition de vie ou aux difficultés grandissantes d’accès à l’éducation, criant haut et fort leur volonté d’une société juste, d’une société par tous et pour tous, où l’accès à l’éducation n’est pas que l’affaire des mieux nantis, et le travail, et les revenus, et le pouvoir non plus;

des milliers d’autres ici, des millions et des millions ailleurs, parlaient de justice, d’équité, de véritable démocratie, de partage, à la maison, au café, sur leurs lieux de travail, dehors, à l’intérieur, partout;

des foules et des foules se réunissaient pour manifester pour la justice et l’équité, l’égalité, l’environnement et le respect des droits humains, pour la démocratie directe, la seule véritable démocratie;

un nombre incalculable de personnes se rencontraient ici et ailleurs dans le monde pour prendre toutes sortes de mesures afin de contrer de façon la plus démocratique et non violente qui soient la guerre, la désinformation, l’exploitation éhontée des humains, des animaux et de l’environnement, et pour bâtir, comme nous nous devons de le faire, un monde libre, égalitaire et fraternel.

Bruno Marquis

Gatineau