Centre-ville de Victoriaville : «Le problème, ce n’est pas les travaux» – Annie Verreault

La fermeture de la boutique KKluche, sise au centre-ville de Victoriaville depuis sept ans, a de nouveau soulevé la question des impacts de la revitalisation de l’artère commerciale. Or, le coupable n’est peut-être pas celui que l’on pense.

Annie Verreault, coordonnatrice aux commerces et services à la Corporation de développement économique de Victoriaville et sa région (CDEVR), indique qu’il faut plutôt regarder du côté des transformations du monde de la vente au détail pour bien appréhender les difficultés éprouvées par certains commerçants, au centre-ville comme ailleurs.

La CDEVR assure, depuis 2017 et jusqu’en février prochain, la gestion des activités de la Société de développement commercial du centre-ville de Victoriaville (SDC). Avec les 8 M $ d’embellissements injectés au cours des années 2016 et 2017, les enjeux s’avèrent nombreux pour les deux organisations, d’où l’idée de cet accompagnement.

Mme Verreault pense que la perception du public, notamment celle véhiculée sur les médias sociaux, et la réalité diffèrent largement quant aux effets des travaux de revitalisation. «Pendant le chantier, il y a eu une petite baisse, mais beaucoup moins importante que ce que l’on aurait pu imaginer», commence-t-elle. Cette période correspond même à une croissance de l’occupation des locaux. Le taux d’inoccupation, calculé en 2018, atteignait 7%. «Pour un centre-ville, au Québec, c’est enviable», constate la coordonnatrice. Pour l’ensemble de la ville, on parle de 4,6%.

Question de choix

10Le hic, ou la bonne nouvelle : les  améliorations apportées sur «la main» coïncident avec des changements dans les habitudes des consommateurs. «Le problème, ce n’est pas les travaux. C’est plutôt le choix des consommateurs. Ils choisissent là où ils vont. Et depuis quelques années, ils se dirigent de plus en plus vers Internet. Voilà le grand joueur que l’on identifie rarement. Pourtant, c’est de cela qu’il est question», relève-t-elle. Annie Verreault pense que la fermeture de commerces s’inscrit dans l’ordre des choses. «Il y en a toujours eu et il y en aura toujours», note-t-elle.

Quant aux horodateurs, qui ont fait bien jaser, la coordonnatrice explique qu’une période de 18 mois s’imposait avant de tirer des conclusions sur l’expérience.  «La SDC travaille avec la Ville afin de trouver des solutions qui plairont aux citoyens. Certains correctifs pourront être apportés, mais je laisse le soin aux principaux intéressés de faire leur annonce», dit-elle. De fait, de nouvelles mesures concernant le stationnement au centre-ville seront annoncées le 12 juin. Il reste que les horodateurs ne semblent pas constituer un enjeu d’importance dans le cas des fermetures de magasins, selon Annie Verreault.

Lieu citoyen

Après une enquête menée par la CDEVR auprès des citoyens pour mieux connaître leurs habitudes de consommation, suivie d’une autre pour cerner leurs désirs, le besoin de diversité a émergé. «Ils veulent des commerces diversifiés et actuels. La vision de la SDC est d’animer le Quartier Notre-Dame et d’en faire un lieu citoyen avec des événements populaires comme On sort en ville. On souhaite que les gens s’approprient leur centre-ville, car c’est un lieu de rassemblement. Il a été aménagé pour permettre cela et c’est là-dessus qu’on travaille», expose-t-elle. En attirant les foules, on espère qu’ultimement elles achètent les produits disponibles. La promotion de l’achat local constitue aussi une des stratégies mises de l’avant par les différents acteurs concernés. «Il s’agit de commerces de chez nous, opérés par des gens d’ici. Ce que l’on souhaite, c’est de sensibiliser la population à venir les encourager.»

L’expérience représente le fer de lance pour l’avenir du quartier. Des «pop-up store» et des rassemblements de marchands aux offres complémentaires pourraient trouver une place de choix au cœur de Victoriaville. Annie Verreault donne l’exemple du futur centre d’escalade dans l’église Saints-Martyrs-Canadiens qui, selon les plans, comprendra une aire de restauration.

Les efforts consentis par la Ville et les commerçants afin de proposer aux citoyens un endroit tel qu’ils le convoitent se sont multipliés au fil des ans. Les fidèles répondent à l’appel, mais semblent moins présents dans l’espace public, souligne Mme Verreault. «On devrait remercier la SDC pour toute l’énergie déployée à l’animation de la ville, mais aussi la municipalité qui a cru en son centre-ville et y a investi de façon exemplaire», conclut-elle.

La Ville a obtenu nombre de prix pour la convivialité du centre-ville revampé, qui sert d’inspiration à plusieurs autres villes.