La boutique KKluche fermera ses portes

Audrey Quirion songeait depuis un moment à mettre la clé sous la porte. Les affaires vont mal. Sans pointer du doigt la revitalisation du centre-ville de Victoriaville, elle pense néanmoins qu’il s’agit d’un facteur, parmi tant d’autres.  

D’ici le 30 juin, ce sera la fin pour la boutique KKluche, établie sur la rue Notre-Dame Est depuis mars 2012. Pendant plusieurs années, les ventes s’avéraient croissantes. Puis, les travaux pour revamper le centre-ville, réalisés en 2016 et 2017, ont correspondu avec un flétrissement du chiffre d’affaires. Pourtant, Mme Quirion hésite à jeter le blâme de ce côté, ayant elle-même fait partie de la Société de développement commercial du centre-ville. «Pendant les travaux, avec les médias sociaux, j’ai réussi à maintenir un certain plafond. Toutefois, à un moment donné, j’ai eu beau multiplier les actions, ça a chuté de moitié», commence-t-elle. L’embellissement du centre-ville n’a peut-être pas autant joué sur le succès de KKluche que les transformations profondes dans le domaine du commerce de détail, croit-elle. En fait, elle constate, dans les deux cas, un décalage important entre les désirs réels des gens et ceux qu’ils formulent.

«La Ville a mené un grand sondage sur monidee.ca. Si on demande aux gens s’ils veulent des arbres, du compost et marcher sur la rue, tous affirmeront que oui. Or, quand c’est le temps de venir acheter, ils réclameront de se stationner finalement. Et c’est normal», exemplifie-t-elle. D’ailleurs, sa boutique ne dispose plus de stationnement de son côté depuis la redéfinition de l’artère.

Tandis que l’on professe de consommer moins, mais mieux, Mme Quirion observe que dans les faits, les acheteurs souhaitent obtenir plus de marchandises, à bas prix. Son commerce, qui offre des vêtements de marques québécoises, canadiennes et européennes, ne peut rivaliser avec ce que l’on retrouve en ligne, pour une poignée de dollars.

«Avec l’abondance de l’offre sur le Web, on dirait que les gens ne savent plus ce qu’ils désirent, pensent le savoir et n’ont plus confiance aux vendeurs. Aujourd’hui, je trouve ça difficile de conseiller les clientes», confie-t-elle. Enfin, dans un contexte où tout se fait rapidement, l’univers de la mode dont elle rêvait ne s’harmonise plus avec ses valeurs, affirme-t-elle. Désormais, elle se vouera à une autre de ses passions, le graphisme, avec sa compagnie Jepigevite.ca. Elle remercie ses fidèles clientes pour ces belles années.