«Trop souvent, on ferme les yeux» – Lise Setlakwe

À la faveur de la Semaine des victimes et survivants d’actes criminels, le Collectif d’aide aux victimes du Centre-du-Québec a rencontré les médias afin de lancer, pour une deuxième année, la trousse «Ici, on s’engage contre la violence», destinée aux entreprises et aux institutions d’enseignement.  

Cette année, la Semaine se déroule sous le thème «Le pouvoir de la collaboration», et les organismes qui viennent en aide aux victimes ont d’ores et déjà compris ce que représente la force du nombre. De concert, les centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel  (CALACS), La Passerelle de Drummondville et Unies-Vers-Elles de Victoriaville, La Rose des Vents de Drummondville, la Volte-Face de Victoriaville et le Centre d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC) Centre-du-Québec poursuivent leur projet «Ici, on s’engage contre la violence», conçu pour les gestionnaires d’organisation.

«Avoir des employés, ce n’est pas toujours facile. Chaque personne a le droit d’être qui elle est. Tout peut se dire, mais dans le respect», a commencé Lise Setlakwe, directrice générale du CALACS Unies-Vers-Elles.

Dans la foulée du mouvement Me Too, en 2017, les organismes de la région ont senti rapidement qu’il fallait agir en amont afin de prévenir la violence et le harcèlement psychologique et sexuel dans les milieux de travail, notamment. L’idée d’outiller les entreprises afin qu’elles se dotent d’une politique contre la violence et qu’elles sachent comment accueillir adéquatement une victime a germé et, depuis le lancement de l’initiative en 2018, 36 employeurs y ont adhéré, dont la Chambre de commerce et d’industrie Bois-Francs-Érable (CCIBFE). Anne Mercier, directrice générale de la CCIBFE, connait bien le milieu communautaire, tout comme celui des affaires. Elle a témoigné de l’importance des outils créés. «Comme plusieurs entreprises, nous n’avons pas de cellule RH. Pourtant, une telle politique est si importante. Dans le contexte de la pénurie de main-d’œuvre, les entrepreneurs manquent de temps. Nous vous remercions d’avoir fait ce travail que nous propagerons. Les entrepreneurs ont besoin de concret, de clé en main. Vous nous faites un cadeau», a-t-elle observé.

Mon employeur a fait son choix

L’absence de violence au sein d’une organisation doit s’inscrire dans sa culture. Depuis le 1er janvier, les employeurs ont de nouvelles obligations en matière de harcèlement au travail, dont celle d’adopter une politique de prévention et de traitement des plaintes. «Dans la trousse, vous retrouverez un texte de loi qui guide les entreprises dans la rédaction de leur politique, pour celles qui ne l’ont pas encore fait», a précisé Sophie Bergeron du CAVAC. Des informations pour les responsables des ressources humaines, entre autres au sujet des services disponibles sur leur territoire pour soutenir les victimes, font partie du lot. En outre, on y retrouve une affiche où il est écrit : «Mon employeur a fait son choix», qui permet d’indiquer clairement aux équipes de travail son positionnement contre la violence.

Pour adhérer au projet, les intéressés devront l’endosser publiquement, rédiger leur politique, se positionner contre toute forme de violence et se référer aux organismes du collectif si de telles situations se présentent. D’ailleurs, pour devenir membre, il suffit de s’informer auprès de l’un ou l’autre des cinq organismes.

«Ce message doit être porté dans toutes les régions du Québec. Nous avons donc établi des conditions d’exportation afin que d’autres puissent utiliser ce que nous avons fait et l’adapter à leur région respective. On veut simplement que les organismes travaillent ensemble, comme nous l’avons fait, car ce « nous » fait la différence», a souligné Mme Bergeron.

Enfin, on ne désire pas générer de ces politiques qui prennent la poussière sur une tablette. On souhaite apporter du soutien aux organisations afin qu’elles les intègrent. «Ce n’est pas qu’un document à signer. Nous vivons dans une culture où l’on se mêle de nos affaires. Trop souvent, on ferme les yeux sur des actes de violence et l’on feint de ne pas entendre certains commentaires, parce qu’on ne cherche pas la chicane. Mais nous avons la responsabilité d’en parler et d’offrir de l’aide», a conclu Mme Setlakwe.