«Je préfère parler d’opportunités d’emploi plutôt que de pénurie»

Depuis quelques mois, la Corporation de développement économique de Victoriaville et sa région (CDEVR) a ajouté à ses effectifs, de l’équipe Industries, une agente en attraction et rétention des talents. Camélia Dion explique en quoi consiste son poste et partage des bribes de sa vision du manque de main-d’œuvre dans la région.

Camélia Dion a beaucoup voyagé pour travailler ici et là, en Haïti notamment, avant de regagner la région pour se rapprocher de sa famille. Ayant touché aux domaines de l’immigration, communautaire et du développement des affaires, elle note que son nouvel emploi comprend deux volets importants liés à ses expériences, la concertation et la liaison. Respect des ressources existantes, les stratégies et leur déploiement s’inscrivent ainsi dans son quotidien.

En effet, plusieurs organismes s’affairent déjà au recrutement de travailleurs. Il prévaut donc de laisser à chacun leurs champs d’expertise et de plutôt combler les lacunes, favoriser le maillage entre eux et voir aux besoins des entreprises. En fin de compte, Mme Dion doit créer des relations entre tous les joueurs concernés et faciliter la circulation de l’information au sujet des outils mis à la disposition des entrepreneurs.

Aussi, la question des nouveaux arrivants et leur apport de plus en plus convoité nécessitaient une personne spécialisée à ce titre. «Car lorsqu’on parle de la problématique de la main-d’œuvre, c’est large. Il y a l’immigration, la matière grise et les métiers non traditionnels pour les femmes. En fait, il y a plusieurs avenues sur lesquelles travailler», énumère-t-elle. Dans son cas, l’attraction exercée passe par les salons, par l’immigration, par les gens issus de la diversité culturelle et les femmes.

Vendre la région

Les campagnes de charme, comme «Amène ton monde», naissent dans tous les coins du Québec. Selon Camélia Dion, une des façons de vendre les industries d’ici s’avère de leur trouver un créneau principal, «car toutes les régions ont faim». Le bois en constitue un, aussi valable pour la région de L’Érable que pour celle des Bois-Francs, souvent réunies lors de salons provinciaux ou internationaux. Des entreprises liées à ce secteur représentent des ambassadeurs de choix par leur discours qu’elle juge engageant et inclusif pour des postes moins «sexy». L’École du meuble et de l’ébénisterie incarne un vecteur de savoir-faire unique tout comme un bassin intéressant de professionnels. Les établissements d’enseignement des métiers ont un rôle crucial à jouer pour combler les demandes des industries.

Des individus ayant vécu une intégration réussie et une expérience positive en emploi seront peut-être appelés à participer à certaines campagnes de séduction. «L’aspect personnalisé du discours devient plus fort que les grands panneaux d’affichage», pense l’agente. Ces gens existent, il ne reste plus qu’à voir comment «les faire briller».

Parmi les forces reconnues de la région, Mme Dion signale le domaine communautaire actif et les espaces verts. «Les attraits touristiques et les événements comptent. On fait venir les personnes par l’emploi, mais il faut savoir les retenir par l’extérieur. Il doit y avoir quelque chose au-delà de l’emploi qui permet de bouger.»

Une des premières préoccupations des travailleurs de l’extérieur de la région sollicités à venir s’établir ici concerne les activités après le travail. À l’international, l’intérêt pour les grands espaces, la sécurité et l’accès au domaine politique constitue des arguments phares. «L’accessibilité et la disponibilité intéressent, contrairement aux grands centres où l’on peut retrouver plus, en volume, mais sans l’aspect personnalisé et humain que l’on rencontre dans les plus petits territoires», résume-t-elle.

Après six mois au poste d’agente en attraction et rétention des talents, Camélia Dion se dit très optimiste. «Je préfère parler d’opportunités d’emploi et non de pénurie», relativise-t-elle.