Changement à la direction chez les pompiers de Tingwick

Ils ont tous deux une trentaine d’années d’expérience dans le domaine. L’un part, l’autre accède à une nouvelle fonction. Après 11 ans à titre de directeur du Service de sécurité incendie de Tingwick, Marc Ouellette vient de prendre sa retraite le 1er mai tandis que Benoît Racine s’amène comme nouveau directeur.

Marc Ouellette a commencé comme pompier en mars 1986. Il succédera à Florimont Charland comme directeur du service au début de 2008. Jamais il n’oubliera sa première intervention comme directeur, un événement tragique, émotif, inscrit à jamais dans sa mémoire. C’était le 14 janvier 2008, l’incendie criminel du bureau municipal à Saint-Rémi-de-Tingwick à l’intérieur duquel la directrice générale Renée Vaudreuil a été assassinée.

Son deuxième incendie d’importance a suivi, peu de temps après, celui du bar Tingwick.

Le plus gros incendie auquel Marc Ouellette a dû faire face comme directeur. (Photo lanouvelle.net – Archives)

Mais l’incendie le plus important qu’il a eu à gérer remonte au début de décembre 2011, le feu à l’entreprise Sécurifort. L’incendie avait aussi mobilisé des pompiers de Warwick, de Chesterville et d’Asbestos. «Ç’a été le plus important à gérer. Nous étions une cinquantaine de pompiers. Ça flambait. On avait des bras, une pelle mécanique, des échelles. Tous ensemble, on a bien travaillé. C’est ce qui fait la force. En travaillant en équipe, on accomplit bien des choses. Ainsi, l’incendie chez Sécurifort a éclaté vers 10 h le vendredi et déjà, le lundi, des gens retournaient au travail», se souvient Marc Ouellette, un passionné qui a toujours aimé ce qu’il a fait.

Il se rappelle avoir trouvé difficile le fait de devenir directeur. «J’aimais tellement travailler sur un feu, entrer dans les bâtiments pour éteindre les flammes. Comme directeur, on ne le fait plus. On supervise les opérations, on prend du recul. Et la fonction vient avec de grandes responsabilités. Quand l’alarme sonne, on se met à penser à tout. C’est à toi de décider, de prendre les décisions, parfois même avant d’arriver. Il n’y a personne d’autre pour te dire quoi faire. C’était plus facile pour moi d’aller au feu comme pompier que comme directeur où tu prends la responsabilité de tout», raconte Marc Ouellette.

S’il a décidé d’accrocher son casque blanc, ce n’est pas que le feu de la passion se soit éteint, bien au contraire. «C’est que ça exige du temps. Il y a des réunions à la MRC, et puis j’ai mon entreprise», précise M. Ouellette qui a donc décidé, il y a environ un an, de passer le flambeau.

Il a sollicité Benoît Racine pour lui succéder. Au départ, il a plutôt manifesté une incertitude. «Il m’a dit, donne-moi un an», se rappelle Marc Ouellette.

Ainsi, au cours de la dernière année, les deux hommes ont préparé la transition, Marc Ouellette laissant Benoît Racine, de plus en plus, au fil du temps, gérer les interventions.

Le nouveau directeur des pompiers tingwickois connaît lui aussi le tabac puisqu’il œuvre comme sapeur depuis avril 1989. Il a su gravir les échelons pour devenir officier et obtenir son grade de lieutenant vers 2008.

Benoît Racine est le nouveau directeur du Service de sécurité incendie de Tingwick depuis le 1er mai. (Photo lanouvelle.net)

La passion anime aussi Benoît Racine qui aime l’action et combattre l’élément destructeur. Un travail pas toujours évident qui amène parfois des situations dramatiques. «Je me souviens d’un feu de chalet au cours duquel un homme et sa fille ont été brûlés. Il y a aussi les scènes d’accidents où nous intervenons. Mais ça fait aussi partie du métier», souligne-t-il.

Benoît Racine a récemment vécu son tout premier feu à titre de directeur, un incendie de résidence, le 6 mai, un peu avant minuit à l’intersection des chemins Cantin et Craig. Quand l’alarme sonne, l’adrénaline est présente. «Il n’y avait personne à l’intérieur, mais on se pose quand même la question. On pense à la façon de réagir, d’intervenir», note-t-il.

Il dirige une brigade comptant 17 pompiers, dont deux recrues. Le nouveau chef reconnaît que le recrutement de personnel ne constitue pas une mince tâche.
En moyenne, le Service de sécurité incendie de Tingwick répond à une quarantaine d’appels annuellement.

En 2018, le service a reçu entre 40 et 45 appels, dont 19 interventions fondées.

De bons souvenirs

Comme pompier, Marc Ouellette a particulièrement apprécié le travail d’équipe, mais encore plus ce sentiment d’aider les gens. «Quand le feu prend, les gens sortent, alors que nous, on entre. C’est un travail physique, épuisant, mais quand on revient d’une intervention, qu’on a effectué un bon travail, c’en est très gratifiant, très satisfaisant», exprime Marc Ouellette.

Le chef Ouellette lors de l’incendie chez Sécurifort (Photo lanouvelle.net – Archives)

Et comme le note aussi Benoît Racine, l’appréciation des citoyens à leur égard à la suite d’une intervention, comme cette lettre récente qu’ils ont reçue, a de quoi insuffler une motivation à continuer.

En 33 ans passés au sein des pompiers, Marc Ouellette, et Benoît Racine (30 ans de métier) ont été des témoins privilégiés de l’évolution dans le domaine de l’incendie au fil des ans. «À mes débuts, nous n’avions qu’un seul camion de l’année 1963 et bien peu d’eau. On travaillait sans appareil respiratoire. Je me souviens même d’avoir passé 30 heures sur un incendie de ferme.», raconte-t-il.

«Et on n’avait pratiquement pas de formation», ajoute le nouveau chef Benoît Racine.

Autre temps, autres mœurs. «Au début, on n’avait même pas une pratique par mois», rappelle Marc Ouellette, ce qui l’amène à raconter une anecdote concernant une pratique hivernale qu’il avait élaborée. «Ce soir-là, il ventait, il faisait -30 degrés Celsius. J’ai annoncé, devant l’étonnement de plusieurs, qu’on se déployait complètement à telle adresse en simulant un incendie de résidence. On se doit d’être préparé, ça peut arriver», signale Marc Ouellette qui a toujours en mémoire certaines interventions en pleine tempête.

«S’ils n’étaient pas chaud à sortir, les gars, au retour, étaient fiers et contents d’avoir vécu l’expérience», se souvient le directeur retraité.

Grande évolution

Les temps ont bien changé. Le métier de pompier requiert aujourd’hui une formation étoffée et des entraînements réguliers. «Tous les pompiers ont la même formation, ils ont tous suivi le cours «pompier 1». Ils savent ce qu’ils ont à faire, explique-t-il. Quand l’officier dit avoir besoin d’une équipe de ventilation, cette équipe connaît son rôle. L’équipe d’attaque, elle aussi, sait quoi faire». Tous savent sur quel pied danser, ce qui n’était pas vraiment le cas à l’époque. «Je me souviens d’un feu de résidence, un dimanche soir sous la grosse pluie, relate Marc Ouellette. À notre arrivée, on s’est bien préparé, les équipes de ventilation et d’attaque, et l’incendie a été vite maîtrisé. À l’époque, ça aurait flambé.»

Le service est bien équipé pour répondre aux appels d’urgence. (Photo www.lanouvelle.net – Archives)

Aujourd’hui, avec des équipements modernes, adéquats, tout est tellement plus efficace. «C’est intéressant de constater toute cette évolution. Aujourd’hui, nous sommes bien structurés, bien formés nous avons de bons équipements. D’autres services viennent en renfort. L’entraide automatique, c’est vraiment un plus», souligne Marc Ouellette, tout en témoignant de l’ouverture manifestée par les autorités municipales. «Fais ce que t’as à faire», lui disait-on, notamment, lorsque, par exemple, il jugeait nécessaire de faire appel à un autre service d’incendie pour obtenir du renfort. «La Municipalité a fait bien des efforts pour la sécurité des citoyens.»

Marc Ouellette adresse de bons mots aussi à l’endroit de la brigade. «Une bonne équipe, commente-t-il. Des gens compétents, ils veulent et sont motivés. Tout le monde amène ses idées.»

Le directeur retraité se réjouit et se dit fier de la promptitude des pompiers de Tingwick qui affichent un excellent temps de réponse aux appels, un délai d’environ sept minutes.

Avec philosophie, Marc Ouellette a renouvelé à quelques occasions le message de prudence à des pompiers trop pressés pour éviter de fâcheux accidents. «Je me souviens d’une phrase de l’opérateur de pompes M. Hamel quand je suis entré comme pompier. Il disait : le feu va attendre, calmez-vous les petits gars, il faut pouvoir se rendre…»