Décès d’un travailleur centricois : la CNESST dévoile les conclusions de son enquête

La CNESST rend aujourd’hui publiques les conclusions de son enquête sur l’accident du travail ayant coûté la vie à Marc-André Bélisle, contremaître pour l’entreprise Covilac, Coopérative agricole, le 9 novembre 2018, à Baie-du-Febvre.

Chronologie de l’accident

Le jour de l’accident, M. Bélisle et son équipe s’affairaient à vider le silo H4 de l’entreprise. Lors de l’ouverture de la trappe, les travailleurs ont constaté que le maïs ne s’écoulait pas. Afin de remédier à la situation, M. Bélisle est entré dans le silo par l’échelle intérieure pour y effectuer une manœuvre de déblocage. Les travailleurs au sol ont alors constaté que le maïs commençait à couler. Quelques minutes plus tard, l’écoulement du maïs est devenu intermittent, puis s’est arrêté. Un des travailleurs est monté sur la plateforme du silo pour localiser le contremaître. N’apercevant pas ce dernier, deux travailleurs sont descendus dans le silo pour tenter de le retrouver en fouillant dans le maïs. Pendant ce temps, un autre travailleur a alerté les services d’urgence. À leur arrivée, les pompiers ont procédé à l’évacuation du contremaître, retrouvé inconscient, enseveli dans le grain. Ce dernier a par la suite été transporté au centre hospitalier, où son décès a été constaté.

Causes de l’accident

L’enquête a permis à la CNESST de retenir deux causes pour expliquer l’accident :

L’opération de déblocage du maïs dans le silo à fond conique a provoqué l’ensevelissement et l’asphyxie du travailleur;

La planification déficiente des travaux de déblocage et d’intervention en espace clos a exposé le travailleur à un danger d’ensevelissement.

À la suite de l’accident, la CNESST a interdit à l’employeur, Covilac, Coopérative agricole, toute intervention en espace clos jusqu’à ce qu’il mette en place une procédure de travail sécuritaire et qu’il forme et informe les travailleurs sur les mesures à prendre en pareille situation.

Comment éviter un tel accident

Pour prévenir les accidents dans les silos à grains, des solutions existent, notamment celles-ci :

Les travailleurs doivent être informés des risques liés aux silos à grains;

Les travailleurs doivent d’abord éviter d’entrer dans le silo, par exemple en privilégiant les déblocages à partir de l’extérieur de ce dernier;

Les travailleurs susceptibles d’intervenir dans un silo doivent avoir été formés pour appliquer la procédure de travail en espace clos élaborée par l’employeur et qui exige une équipe compétente;

Lorsqu’il est indispensable qu’un travailleur entre dans un silo alors que ce dernier contient des grains, la procédure d’entrée doit inclure :

le cadenassage pour empêcher tout mouvement des grains causé par leur écoulement à travers une ouverture ou par le démarrage d’une vis, ainsi que pour immobiliser toute autre pièce en mouvement,

une protection appropriée contre l’ensevelissement, telle que le port d’un harnais de sécurité relié à une corde d’assurance solidement attachée à un ancrage extérieur et maintenue aussi courte que possible par un assistant,

tout autre moyen de prévention requis en fonction des autres risques spécifiques au silo et qui doivent avoir été identifiés par l’employeur lors de l’élaboration de la procédure de travail,

une surveillance à l’aide de moyens de communication efficaces et par une personne formée doit être effectuée;

Une procédure de sauvetage doit être mise en place avec les équipements requis.

Par la loi, l’employeur est tenu de prendre les mesures nécessaires pour protéger la santé et assurer la sécurité et l’intégrité physique de ses travailleurs. Il a également l’obligation de s’assurer que l’organisation du travail ainsi que les équipements, les méthodes et les techniques pour l’accomplir sont sécuritaires.

Les travailleurs doivent faire équipe avec l’employeur pour repérer les dangers et mettre en place les moyens pour les éliminer ou les contrôler.

Suivis de l’enquête

La CNESST transmettra les conclusions de son enquête à l’Association québécoise des industries de nutrition animale et céréalière, à l’Union des producteurs agricoles du Québec, aux Producteurs de grains du Québec et à l’Association canadienne de sécurité agricole, afin que leurs membres en soient informés.