Urgence de nuit à Fortierville : le conseiller Paulin s’en mêle

Parmi les facteurs évoqués pour la fermeture de l’urgence de nuit au CLSC de Fortierville, on avance la faible fréquentation. Et si on désengorgeait l’urgence de Victoriaville pour augmenter les cas traités de nuit à Fortierville? C’est la solution que propose Patrick Paulin, conseiller municipal à Victoriaville.

«Aujourd’hui, on invoque le peu de patients fréquentant l’urgence de Fortierville pour justifier sa fermeture de nuit. Depuis quelques jours, rapide coup de sondage auprès de résidents à Victoriaville et Plessisville, pour m’apercevoir que personne ne connaissait cette possibilité d’accès à un médecin de nuit à une trentaine de minutes de route de chez nous… mais tous avaient une anecdote de six, huit voire onze heures d’attente aux urgences de l’Hôtel-Dieu d’Arthabaska (HDA)! Pourquoi ne pas tenter d’optimiser l’achalandage de cette ressource existante par le délestage de la clientèle de nuit du HDA et par sa promotion auprès des citoyens des municipalités rurales de la partie Est du Centre-du-Québec?», propose Patrick Paulin.

Dans un texte d’opinion publié sur sa page Facebook, le conseiller municipal situe le débat dans une perspective plus large en le situant sur la question de la défusion du CIUSSS Mauricie-Centre-du-Québec.

«En campagne électorale, les candidats, qui sont aujourd’hui devenus nos députés, se sont commis sur l’importance de revoir la structure du CIUSSS MCQ, l’institution en charge de la répartition des services sociaux et de santé dans les régions de la Mauricie et du Centre-du-Québec. Cette dernière, rappelons-le, est une région à part entière depuis le 30 juillet 1997. Cet engagement s’appuyait sur les multiples revendications des acteurs locaux du Centre-du-Québec concernant l’iniquité (et les pertes) dans le déploiement et le maintien des services de proximité à la population.

Monsieur Legault, le 2 septembre 2018 de passage à Drummondville déclarait : «Il faut séparer le Centre-du-Québec de la Mauricie, tant au niveau économique qu’en santé. Il faut un Investissement Québec juste pour la région ainsi qu’un CIUSSS. C’est une promesse que nous avons faite aux députés de la région», rappelle Patrick Paulin qui, en plus d’être conseiller municipal, assure la direction générale du Regroupement d’organismes de personnes handicapées du Centre-du-Québec.

«Le geste de fermeture s’inscrit dans l’esprit de centralisation et de redéploiement sans concertation des services sociaux et de santé que nous connaissons depuis maintenant cinq ans dans notre région. C’est inacceptable! En janvier, j’ai pris position auprès de plusieurs personnes et exposé ma vision s’appuyant sur le dialogue en vue d’une révision des services sociaux et de santé, je le refais ici et maintenant. Le déploiement des services sociaux et de santé est de compétence populationnelle et régionale.

Les acteurs locaux et les citoyens doivent avoir leur mot à dire. Le gouvernement actuel a martelé sa volonté de défusion durant la campagne électorale et l’a fait auprès de la population. Aujourd’hui, les actes doivent se décider en concertation avec les acteurs du milieu et non dans des tours d’ivoire. Certaines questions doivent se poser : une défusion aurait-elle plus d’impacts positifs que négatifs? Ces impacts seraient-ils les mêmes que l’on parle de santé ou de services sociaux? Quels sont les véritables trous de services, les défaillances de trajectoires les plus criantes?

Aussi, j’invite tous les élus municipaux et les acteurs sociaux à réclamer un moratoire d’un an au gouvernement afin d’identifier ces enjeux en concertation. Concomitamment à cette concertation, il faut mettre en place un plan d’action de réinvestissement/amélioration équitable pour les services de proximité manquants ou défaillants déjà identifiés en Centre-du-Québec. Ce plan d’action devra comporter des indicateurs clairs et précis qui, à défaut d’atteinte, entraîneraient ipso facto la défusion du CIUSSS MCQ. En effet, nous entendons depuis des semaines, les prémisses à une décision gouvernementale dans ce dossier. Décision qui semble s’orienter vers des propositions du CIUSSS MCQ en faveur d’un statu quo, accompagné d’une pieuse promesse d’amélioration des services à nos concitoyens… redondance à tant de discours que nous avons entendus depuis cinq ans et surtout qui viennent s’inscrire en faux avec l’annonce de la fermeture des urgences de Fortierville», ajoute-t-il.

«Les services sociaux et de santé ne sont pas des business privés qui répondent aux lois du marché et que l’on peut gérer par centralisation et automatisation. Il s’agit de services collectifs, essentiels et vitaux qui sont financés par et pour le peuple et pour lesquels le peuple a justement son mot à dire! Comment se fait-il que nous arrivions à nous mobiliser autant pour attirer ou conserver une entreprise dans nos municipalités et que nous cédions la responsabilité de conserver des services publics essentiels au bon vouloir de fonctionnaires basés dans une autre région? En tant qu’élu municipal, je suis imputable auprès de chaque citoyen de la qualité et la disponibilité des services qui lui sont offerts. Les services sociaux et de santé ne sont pas que des actes ponctuels, ils agissent sur le sentiment de sécurité des citoyens autant que sur la capacité d’attraction des milieux.

Leur proximité et leur accessibilité contribuent également à des coûts évités comme les pertes financières et de temps pour des citoyens qui doivent faire des déplacements médicaux vers Trois-Rivières par exemple. Plusieurs MRC du Centre-du-Québec se sont livrées récemment à de vastes consultations publiques (MADA, Famille, planification stratégique) qui font ressortir le manque criant de services sociaux et de santé de proximité dans nos municipalités rurales contribuant à leur dévitalisation et à l’émergence de problèmes sociaux, de détresse humaine. Je ne demande pas la défusion radicale et immédiate du CIUSSS MCQ. J’en appelle à l’ensemble des élus municipaux pour exiger la tenue urgente et préalable d’états généraux entre tous les acteurs locaux et le CIUSSS afin de définir et mettre en place un plan d’action dans notre région afin que les Centricoises et Centricois reçoivent les services efficaces, de qualité et de proximité auxquels ils ont droit!», conclut Patrick Paulin.