Accident avec blessé grave : condamné à la prison ferme

Un jeune Princevillois, Keven Jacques, 24 ans, a été condamné, mercredi après-midi, à une peine de six mois ferme d’emprisonnement relativement à une collision qui a causé des blessures graves à son passager à Victoriaville en septembre 2017.

Lors des observations sur la peine, l’avocat de l’accusé, Me Guy Boisvert a estimé qu’une peine de prison discontinue de 90 jours à purger les week-ends serait adéquate tandis que le procureur aux poursuites criminelles et pénales, Me Michel Verville, a plaidé pour une peine de 9 mois de détention.

Après s’être accordé un temps de réflexion, le juge Simon Ricard de la Cour du Québec a fait connaître sa décision. Il a condamné le jeune homme à une peine ferme de six mois de prison.

Compte-rendu

Le procureur aux poursuites criminelles et pénales, Me Michel Verville, a exposé les faits en début d’audience.

La collision s’est produite vers 3 h 45 dans la nuit du 17 septembre 2017 sur le boulevard Jutras Ouest à Victoriaville. La voiture conduite par Keven Jacques a violemment embouti la base de béton d’un lampadaire du terre-plein central.

Lors de l’impact, le passager a été éjecté. Les intervenants d’urgence, à leur arrivée, l’ont trouvé allongé au sol, grièvement blessé.

«Keven Jacques a été arrêté et amené à l’hôpital pour y recevoir des traitements. Un échantillon sanguin a été prélevé. L’analyse a révélé un taux d’alcoolémie à 5 h 34 qui se situait à 202 mg d’alcool par 100 ml de sang», a précisé Me Verville.

Me Michel Verville de la poursuite (Photo www.lanouvelle.net)

Le représentant du ministère public a confié que l’enquête ne précisait pas d’explications très claires au sujet des circonstances de l’accident. «Selon l’accusé, peut-être qu’un véhicule serait venu à sa rencontre causant un mouvement de volant, mais aucune information de témoin ou témoin ne le confirme. Mais l’état d’intoxication, cependant, a été très important dans la collision», a fait valoir Me Verville.

Quant au passager blessé, le jeune homme a subi un traumatisme crânien nécessitant une intervention chirurgicale.

Il a témoigné, disant d’abord ne pas se souvenir de l’accident. Ce qu’il se rappelle, c’est d’avoir consommé de la bière dans l’après-midi avec Keven Jacques au Parc Terre-des-Jeunes pour ensuite se rendre à pied au Caméléon.

«La récupération a été assez longue, devant réapprendre à marcher, à parler, à manger», a-t-il souligné.

Il se dit maintenant plus impulsif, aux prises également avec des troubles de concentration et de mémoire. Après trois heures de stage (parce qu’il a repris progressivement le boulot), il éprouve une grande fatigue et doit alors faire une sieste.

En novembre 2018, à la suite de la consommation d’alcool et de drogue, il a subi une crise d’épilepsie et a vécu un épisode de coma. Selon un rapport médical, sans l’accident, l’épilepsie ne serait pas apparue. «Pour éviter l’épilepsie, je ne pourrai plus consommer et je dois prendre des médicaments à vie», a confié le jeune homme.

Interrogé par Me Verville sur ce qu’il ressentait, le jeune homme a parlé d’injustice, de colère. Il se questionne aussi sur son avenir, car il est question qu’on le déclare invalide. «Ça voudrait dire que je passe ma vie à attendre un chèque. C’est triste comme histoire», a-t-il exprimé.

Sa mère a aussi pris la parole lors des observations sur la peine, elle qui a vécu, peu après l’accident, des moments angoissants. «Le chirurgien m’a rencontrée et me disait que ça n’allait pas bien au départ. Vraiment, on ne savait pas ce qui nous attendait», a-t-elle confié.

«Aujourd’hui, votre fils est-il différent?», lui a demandé le procureur de la poursuite. «L’accident a changé bien des choses. Il n’est plus tout à fait le même», a-t-elle répondu.

Le procureur de la poursuite a insisté sur les facteurs de dénonciation et de dissuasion qui doivent primer, selon lui, pour ce type d’infraction pour ainsi réclamer une peine de neuf mois d’emprisonnement. «La conduite automobile est un privilège. Il incombe aux conducteurs d’agir avec prudence. Dans un véhicule, la responsabilité relève du conducteur», a précisé Me Michel Verville.

L’accusé s’excuse

Keven Jacques a tenu à s’adresser à la victime et à ses proches. «Je veux m’excuser pour tous les torts que j’ai causés. Je regrette mes gestes qui ont causé de graves conséquences physiques et psychologiques. Ce n’est pas du tout mon intention», a-t-il exprimé.

Me Guy Boisvert de la défense (Photo lanouvelle – Archives)

Le Princevillois a fait savoir qu’à la suite de l’accident, il s’est repris en main et a cessé de consommer avec l’aide de sa mère. Depuis, il est abstinent, a-t-il soutenu.

Dans sa plaidoirie, son avocat Me Guy Boisvert a parlé d’une aventure commune et d’une responsabilité partagée, faisant remarquer que la victime n’avait pas bouclé sa ceinture. «Keven Jacques, qui conduisait, portait sa ceinture et il s’en est sorti indemne», a-t-il noté.

Me Boisvert a fait valoir au juge Simon Ricard qu’une peine discontinue de 90 jours de prison, à purger les fins de semaine, serait adéquate et tiendrait compte de «comportement exemplaire» depuis l’accident. «Il affiche depuis un dossier de conduite vierge. De plus, il occupe un emploi et s’est acheté une maison. Il est un actif pour la société», a souligné l’avocat.

«Il est conscient d’avoir fait du mal à un ami, mais il n’a pas le profil d’un criminel. Son immaturité l’a cependant placé dans une situation criminelle», a terminé Me Boisvert.

La peine

Le juge Simon Ricard, en rendant sa décision, n’a pas acheté la prétention de la défense à l’effet qu’il s’agissait d’une responsabilité partagée. Dans l’esprit du Tribunal, la responsabilité de l’accusé est totale.

Il a donc condamné le jeune homme à une peine de six mois de prison, à une interdiction de conduire pendant deux ans. Il lui a aussi imposé une période de probation de 18 mois avec un suivi de 10 mois en lien avec la consommation.

Le magistrat, dans sa décision, a notamment considéré le taux d’alcoolémie élevé en cause dans la collision, les blessures et séquelles. Il a également tenu compte des facteurs atténuants, dont le rapport présentenciel favorable indiquant un faible risque de récidive, le plaidoyer de culpabilité, la prise de conscience de l’accusé, le fait qu’il a cessé sa consommation, de même que les regrets exprimés