Agir ou réagir…

Le 24 avril un nouveau-né déposé dans une boite à chaussures est abandonné sur un balcon à Laval. Après un long délai de deux heures, l’occupante du logement trouve le bébé et appelle les secours.

Il fait froid et c’est presqu’un miracle que la petite soit encore vivante. Le 30 avril, une petite fille de 7 ans de Granby décède à la suite de mauvais traitements et de sous-alimentation, alors que sa condition familiale était identifiée comme étant à risque par les autorités.

Deux tragédies dont sont victimes des enfants vulnérables en seulement six jours. On ressent du chagrin et on s’indigne, avec raison. Puis vient la colère. Ça soulage de blâmer les coupables présumés : la DPJ, la belle-mère, le père, la mère, le personnel de l’école, les voisins, tout le monde en général et personne en particulier.

Et si on agissait avant plutôt que réagir après? Et si, au lieu de juger les personnes qui renoncent, temporairement ou définitivement, à leurs droits parentaux, pour toutes sortes de raisons, on valorisait le courage qu’ils ont de reconnaitre et accepter leurs limites, ainsi que la lucidité qui a motivé leur décision?

Un placement n’est pas un abandon. Il peut être une alternative temporaire, le temps de reprendre son souffle et de régler ses problèmes. Il ne signifie pas nécessairement de couper tous les liens avec son ou ses enfant-s. Ça peut être un choix logique et raisonné. De plus, renoncer à son enfant pour le confier à des parents adoptifs, qui sont en mesure de lui donner de la stabilité et de la sécurité et de l’amour, est le plus grand geste d’abnégation, de sagesse, de maturité et de générosité qui soit.

Personne ne met en danger, néglige, frappe ou tue son enfant alors que tout va bien. Pourtant, il arrive que, par manque de moyens pour gérer les crises, par l’addiction de dépendances ou par découragement, certaines personnes commettent l’irréparable.

Si vous êtes un parent qui perd le contrôle, n’hésitez pas à aller chercher de l’aide. Il y a des organismes qui sont là pour vous et qui vous aideront sans vous juger. Ils sont en mesure de vous fournir des outils pour améliorer vos capacités parentales, de vous supporter dans vos périodes de désespoir et de vous aider à mieux gérer vos réactions.

Le rôle de la DPJ n’est pas facile, même s’il y a grandement place à l’amélioration. Dans beaucoup de cas on lui reproche de perturber davantage un enfant en l’enlevant de son milieu naturel, même s’il est carencé, qu’en le laissant dans sa famille, tout en recommandant un suivi que les budgets ne permettent pas toujours. Puis, quand la tragédie arrive, on lui reproche d’avoir pris la mauvaise décision. Bien sûr, si on connaissait l’avenir, on pourrait éviter bien des malheurs et des souffrances. Malheureusement, c’est impossible.

Si vous avez un doute raisonnable, pas besoin de certitude, de croire que le développement ou la sécurité d’un enfant est compromis, vous devez, moralement et légalement faire un signalement à la DPJ. Si le personnel de l’école, les voisins, les membres de la famille font un signalement, il y a plus de chances qu’il y ait une procédure qui s’enclenche que s’il n’y a qu’un seul signalement pour une même situation. Malheureusement, dans bien des cas, on n’ose pas, par peur de se tromper ou par peur des représailles… On se mêle de ses affaires et on attend que les autres le fassent.

Il se produit, malheureusement, des drames qui pourraient être évités. Cependant et heureusement, il y a également beaucoup de belles histoires qui commencent mal, mais finissent bien. Celles-là ne feront pas les manchettes grâce à des personnes qui auront fait en sorte de faire changer le cours de l’histoire. Soyez cette personne!

ESPACE est là non seulement pour outiller les enfants, mais également les parents et l’ensemble de la communauté. Si vous vous posez des questions face à une situation ou vous ne savez comment réagir, si vous avez besoin d’aide ou si vous désirez qu’on vous accompagne pour faire un signalement, n’hésitez pas à nous consulter, c’est gratuit et confidentiel : ESPACE Centre-du-Québec, 819 752-9711

Texte rédigé par Monique T. Giroux pour ESPACE Bois-Francs

Membre du ROEQ (regroupement des organismes ESPACE du Québec)

www.espacesansviolence.org