Feu vert pour le projet de biométhanisation à Warwick

La Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ) donne son aval, mais à certaines conditions, au projet d’implantation à Warwick d’un centre de biométhanisation sur une superficie d’environ  un hectare. Ce projet représente des investissements d’environ 10 millions de dollars.

Un tel usage industriel, en principe, selon la Commission, devrait être localisé à l’extérieur d’une zone agricole ou, du moins, à un endroit où existent d’autres usages industriels.

Mais la CPTAQ a entendu différents intervenants, à commencer par le promoteur, la Coopérative de solidarité Carbone (Coop Carbone), un organisme sans but lucratif visant la réduction des gaz à effet de serre tout en contribuant à la performance des entreprises. Coop Carbone regroupe la Coop fédérée, l’Association québécoise pour la maîtrise de l’énergie (AQME), la Fondaction (CSN) et le Mouvement Desjardins

Des représentants de l’UPA se sont aussi fait entendre. Les propriétaires du site visé ont aussi participé à la rencontre, tout comme le maire de Warwick, Diego Scalzo, qui a précisé que le projet faisait l’objet d’une acceptabilité sociale tout en faisant valoir qu’il apportait une valeur ajoutée au milieu agricole et qu’il n’allait pas créer un accroissement notable de la circulation sur la route 116.

Le maire Diego Scalzo (Photo lanouvelle.net – Archives)

Après analyse, la CPTAQ a reconnu que diverses contraintes ont guidé Coop Carbone dans le choix du site d’implantation.

«Dans le contexte des particularités régionales et des contraintes spécifiques à ce projet, l’emplacement choisi constitue un site de moindre impact sur l’agriculture», écrit la Commission tout en reconnaissant que le projet d’envergure régionale aura un impact positif sur le développement économique de la municipalité et de la région et qu’il répond à une orientation du plan de développement de la zone agricole de la MRC.

Les conditions

L’implantation du centre de biométhanisation est sujette à diverses conditions qu’impose la CPTAQ.

D’abord, pour garantir l’exécution des travaux de remise en agriculture, l’autorisation n’entre en vigueur qu’au moment du dépôt d’une garantie de 50 000 $ dans un délai de six mois sans quoi l’autorisation devient inopérante.

L’autorisation, par ailleurs, est accordée pour une durée de 20 ans. Le promoteur dispose aussi d’un délai de trois ans pour entreprendre la mise en chantier du centre de biométhanisation.

À l’échéance de l’autorisation, le site devra être réaménagé sous la supervision d’un agronome. Ce réaménagement comprend notamment le démantèlement des équipements, le nettoyage du site de tout débris et autre matériau, la décontamination du sol si nécessaire et la remise en culture du site.

Le projet

Coop Carbone a retenu, pour son projet, un site sur une propriété d’environ 42 hectares appartenant à Normand Picard sur la route Kirouac,  loué au promoteur pour une durée de 20 ans pouvant se prolonger jusqu’à 30 ans.

Le choix du site ne relève pas du hasard puisque le projet requiert un approvisionnement en fumier et lisier dans un rayon n’excédant pas 10 km, un accès à un approvisionnement électrique triphasé, et il doit se situer à proximité (le plus près possible) d’une ligne de transport d’Énergir.

Coop Carbone a aussi analysé six autres sites potentiels, mais certains se situaient à une trop grande distance de la ligne de gaz, ou dans une zone de protection bactériologique d’une prise d’eau ou encore que le transport de fumier et de lisier devait traverser une agglomération urbaine.

Coop Carbone doit confier la responsabilité du site à une coopérative énergétique locale, constituée d’une majorité de producteurs agricoles.

On s’attend à ce que le centre de biométhanisation produise annuellement environ 2,1 millions de mètres cubes de biométhane à partir d’environ 50 000 tonnes de matières organiques, constituées à 50% de fumier et de lisier, de résidus agroalimentaires (résidus de fromageries) et de résidus industriels (boues municipales ou boues de papetières).

On injectera ensuite le biométhane produit dans le réseau de distribution d’Énergir (anciennement Gaz Métro). Quant aux digestats issus du procédé, ils seront acheminés sur les fermes avoisinantes pour entreposage et épandage comme matières résiduelles fertilisantes.