Réorientation du projet OPTILAB : un changement de cap qui laisse l’APTS sur sa faim

«Si la réorientation annoncée mercredi par son cabinet implique que nos 6200 technologistes médicales et les réalités régionales seront désormais réellement considérées et respectées dans la dynamique des changements instaurés par OPTILAB, madame McCann et son ministère s’engagent dans la bonne direction.»

Ainsi a réagi la vice-présidente de l’APTS, Nicole Déry, à l’annonce, faite mercredi par la ministre McCann de la réorientation du projet OPTILAB, qui vise la réorganisation des laboratoires de biologie médicale à l’échelle de tous les centres intégrés du réseau de la santé et des services sociaux de la province. Pour Nicole Déry, «il n’y a rien de vraiment nouveau dans cet « OPTILAB 2.0″».

«On nous parle d’une réduction du nombre des analyses qui seront transférées dans les laboratoires centraux, une bonne nouvelle certes, mais sans donner aucun ordre de grandeur. On aurait aimé avoir des chiffres, car ce sont eux qui conditionnent la rétention de la main-d’œuvre. On nous parle également d’une réforme OPTILAB « davantage adaptée aux particularités des régions », mais là aussi il y a peu de détails à se mettre sous la dent, difficile de se faire une idée.»

L’APTS voit par ailleurs d’un bon œil, du moins a priori, que les transferts d’analyses ne pourront dorénavant se faire sans d’abord avoir satisfait tout un ensemble de conditions préalables, l’atteinte de celles-ci étant «cruciale», précise le communiqué de la ministre. «Il y aurait lieu d’être enthousiaste, indique Nicole Déry. Mais chat échaudé craint l’eau froide. Est-ce que les choses vont vraiment changer désormais? Si oui, on aura droit à une véritable réorientation à ce chapitre.»

«On le souhaite ardemment, poursuit-elle, car il faut saluer ces conditions, spécialement la mise en place d’un plan de main-d’œuvre approuvé par le MSSS et d’un plan de gestion du changement et de communication pour le personnel concerné. Ce sont des éléments sur lesquels nous avons insisté dans une récente rencontre avec les hautes instances du ministère, précise la vice-présidente de l’APTS, et on constate que la ministre leur a donné écho dans son annonce. D’où l’importance d’avoir des canaux de communication entre toutes les parties pour une réforme aussi déterminante.»

Soulignons qu’une des principales pierres d’achoppement de la réforme OPTILAB jusqu’à présent réside dans le manque de transparence et les problèmes de communication liés à l’implantation du changement sur le terrain. Les technologistes médicales sont presque toujours maintenues dans l’ignorance puis placées devant le fait accompli. Mal informées, mises de côté, non respectées, elles sont outrées d’être ainsi traitées, alors qu’elles sont en première ligne et, pour l’heure, «victimes» de tous ces changements dans les laboratoires.

Cette absence de communication, doublé d’un manque de planification dans la quasi-totalité des établissements, a débouché sur des problèmes de toutes sortes que l’APTS ne cesse de dénoncer : pénurie de main-d’œuvre dans les laboratoires, temps supplémentaire offert en continu et ‒ de plus en plus ‒ de façon obligatoire, allongement des journées de travail (9 à 12 heures), stress et épuisement du personnel, départs anticipés à la retraite, difficulté de formation des stagiaires et perte d’attrait dans les programmes collégiaux pour renouveler les effectifs de la profession.

«Sur papier, la réforme des laboratoires propose des objectifs louables. On nous parle de qualité, de contrôle des coûts, de traçabilité, d’efficience, etc., au bénéfice des patient·e·s et de la population. Nous approuvons. On aurait tort cependant de faire fi du facteur humain. Il y aura vraiment «réorientation» si OPTILAB tient enfin compte de nos technologistes médicales dans toutes les régions, qu’on les respecte, qu’on les informe, qu’on les écoute et qu’on les soutient. Traitons-les en partenaires du changement, et non comme une quantité négligeable», de revendiquer la vice-présidente de l’APTS.

À propos de l’APTS

L’Alliance du personnel professionnel et technique du réseau de la santé et des services sociaux (l’APTS) regroupe et représente quelque 55 000 membres qui jouent un rôle indispensable au bon fonctionnement des établissements du réseau. Nos gens offrent une multitude de services en matière de diagnostic, de réadaptation, de nutrition, d’intervention psychosociale et de soutien clinique et de prévention, autant de services qui s’adressent à l’ensemble de la population.