De la visite venue de Waskaganish

Une rare visite dans les Bois-Francs, celle d’autochtones venus de Waskaganish, un territoire de la nation crie au Nord-du-Québec. «Ce n’est que la deuxième fois qu’on les accueille en 17 ans», a confié Rock Tourigny du Groupe Solidarité Jeunesse.

Les journalistes ont pu les rencontrer, jeudi matin, à l’occasion de la rencontre de presse annonçant la vente du pain de partage.

Les jeunes d’ici, membres de Solidarité Jeunesse, rendent visite annuellement aux Cris de Waskaganish. «Nous y allons depuis 17 ans. On a créé avec eux un lien très fort. Notre visite s’inscrit même dans leur programme. Nous sommes très choyés de partager leur quotidien, de vivre dans le bois quand nous y allons. Ils prennent le temps de nous apprendre leur culture», a indiqué M. Tourigny.

Solidarité Jeunesse a accueilli un groupe de 17 jeunes. (Photo lanouvelle.net)

Mais l’inverse est chose rarissime. La première visite des gens de Waskaganish remonte à il y a quatre ou cinq ans. Cette situation, toutefois, pourrait changer, selon Lyzanne Sévigny, enseignante de français depuis deux ans à Waskaganish. «Nous travaillons à créer une tradition pour faire en sorte de venir ici tous les ans. Une telle sortie leur permet de voyager autrement, de rencontrer des gens, d’établir des contacts. C’est différent de ce à quoi ils sont habitués», a-t-elle expliqué.

Avant de mettre les pieds à Victoriaville, mercredi, les visiteurs ont séjourné quelques jours à Montréal, créchant dans une polyvalente du quartier Saint-Henri. «Ils ont vécu l’expérience de la vie dans un quartier hyper multiculturel, a souligné l’enseignante. Ils ont mangé dans une cafétéria, chose à laquelle ils ne sont pas habitués puisque, dans leur communauté, ils prennent toujours le repas à la maison.»

Le métro montréalais a constitué une première pour la plupart de ces 17 jeunes accompagnés de 6 adultes incluant le chauffeur d’autocar.

Dans la région, les gens de Waskaganish passent la nuit au Camp Beauséjour à Saints-Martyrs-Canadiens.

Jeudi matin, le groupe a été sensibilité à l’action communautaire de Solidarité Jeunesse, de ses réalisations en Haïti, notamment.

Les visiteurs ont pu ensuite visiter une ferme en plus d’être initiés, à Saint-Wenceslas, à un repas de cabane à sucre.

En soirée, ils ont fait partie des spectateurs au match de hockey assistant à l’élimination des Tigres de Victoriaville.

Au programme vendredi matin, les jeunes autochtones rendaient visite à des organismes communautaires, comme le Restaurant populaire et la Maison Raymond-Roy.

À l’heure du lunch, ils découvriront, à la Fromagerie Victoria, la fabrication de fromage et goûteront un mets bien typique, la poutine!

Ils termineront la journée au mont Arthabaska qui offre de beaux paysages avec de retourner, pour le souper, dans les familles avec lesquelles ils ont été jumelés.

Samedi matin, les visiteurs de Waskaganish monteront dans l’autocar pour retourner à la maison, un trajet de 16 heures avec une halte à Amos pour y  passer la nuit.

Lors de la rencontre avec les médias, Rita, une professeure de culture crie, a présenté Andrea McCleod, la princesse, puisqu’elle a remporté le volet régional du concours «Cree nation». «Il y aura une autre sélection dans tout le Canada. Elle est une ambassadrice. Elle représente la communauté crie. Si elle l’emporte, elle sera Miss Canada», a fait savoir Rita, tout en expliquant le costume porté par Andrea.

Un vêtement fabriqué avec les peaux de caribou et d’orignal. «L’habit a été confectionné par toutes les femmes de la communauté, a-t-elle souligné. Les fleurs représentent la belle vie dans notre culture. Et ça ouvre le cœur.»

Témoignages

Quelques jeunes de la communauté de Waskaganish ont accepté de s’exprimer sur leur expérience.

Ils ont dit se sentir les bienvenus, bien accueillis. L’un d’eux s’est dit touché de voir exposés des objets de la culture crie que les jeunes d’ici avaient ramenés.
Certains ont aussi bien apprécié les équipements sportifs d’ici, ce qui leur donne des idées pour améliorer leurs établissements.

L’accent d’ici a également retenu l’attention, a fait savoir l’un des jeunes.

À leur tour, des représentants du Groupe Solidarité Jeunesse ont commenté leur séjour dans le Nord-du-Québec.

«En s’y rendant, nous savions qu’on allait vivre une expérience pas comme les autres, a relaté Nicolas Bergeron. On nous a très bien accueillis. Les gens ont été très gentils, nous ont fait participer à plusieurs activités. Ils nous ont montré leur culture.»

Zoély Fortin, pour sa part, s’est notamment plu à constater la présence, dans une même province, de deux cultures très différentes. «Ce qui m’a frappée, notamment, c’est leur façon de faire artisanale des produits, alors que nous achetons du neuf», a-t-elle confié.

Pour Coralie Fishlin, il s’agit d’une culture à découvrir. «Une culture qu’ils ont dans le sang. On constate leur fierté de nous apprendre des choses, comme des mots cris.»

De son côté, Kellyann Fréchette dit sortir grandie d’un tel échange culturel. «C’est fou de voir à quel point nous sommes différents, mais pareils aussi en même temps. C’est spécial et impressionnant», a-t-elle exprimé.

De gauche à droite, l’enseignante Lyzanne Sévigny, la princesse Andrea McCleod et Rita, professeure de culture crie (Photo lanouvelle.net)

Enfin, Charles-Hugo Roy estime qu’une telle expérience contribue à briser des préjugés vis-à-vis ces gens. «Cela permet de nous faire notre propre idée à l’égard des Premières Nations», a-t-il souligné.

Une expérience à renouveler

Lyzanne Sévigny, qui enseigne de la troisième à la cinquième secondaire à Waskaganish, souhaite instaurer une tradition et faire en sorte que chaque année, un groupe de son coin de pays qu’elle a adopté puisse venir séjourner dans la région de Victoriaville.

«Les parents sont contents que leurs enfants aient le courage de participer à un tel voyage pour voir de nouvelles choses, s’ouvrir à de nouveaux horizons», a-t-elle noté, ajoutant que l’objectif, avec ce projet, consiste à rencontrer du monde, connaître les cultures, sortir de la communauté.

Et les jeunes participants apprécient leur expérience. «Ils se sont lancés dans l’aventure sans savoir dans quoi ils s’embarquaient parce que je ne leur ai pas tout dit. Ils sont comme des poissons dans l’eau. Je les trouve bons, ils m’impressionnent», a-t-elle conclu.