Cancer : entre traitements et espoir

Jessica Duhaime a deux jeunes enfants de 4 et 5 ans. Elle relève un nouveau défi professionnel comme adjointe à la direction de la Balade gourmande depuis un an. Entre ces deux univers bien remplis, la femme de 34 ans ne reste pas en place bien longtemps. Lorsque le diagnostic du cancer du sein tombe, le 20 décembre 2018, le choc s’avère brutal.

«J’ai toujours voulu faire de l’organisation d’événements. Je suis diplômée de l’Université Laval en gestion de développement touristique», commence Jessica Duhaime, qui s’excuse de trembloter. La chimiothérapie laisse des traces. Aujourd’hui, elle se sent bien, à quelques jours de son quatrième «gros» traitement.

Tous les ans, elle se soumet à des examens de dépistage du cancer du sein, raconte-t-elle. Sa grand-mère, sa mère et trois de ses tantes en ont souffert. En novembre, sa mammographie en entraîne une seconde, puis une échographie et des biopsies. Elle a une masse dans le sein gauche et ses ganglions s’en trouvent atteints. Peu avant Noël, un cancer de stade deux se confirme.

En février, elle amorce les traitements de chimiothérapie à l’Hôtel-Dieu d’Arthabaska. Vu son âge, plusieurs éléments entrent en ligne de compte, dont les hormones et ovaires. Elle doit donc se livrer à des suivis à Québec.

L’avenir

Jessica Duhaime comprend qu’elle entame un combat qui s’échelonnera sur plusieurs mois, voire des années. Devant elle, l’ablation des deux seins et 12 traitements de radiothérapie, reconstruction mammaire, etc. Elle admet demeurer soumise à une part d’incertitude.

Pour la jeune femme, la perte d’une partie d’autonomie, due aux effets secondaires des traitements, constitue une lourde épreuve. «J’étais engagée dans plein de projets. Je travaillais énormément et mon conjoint aussi. Faire des heures, ce n’est pas quelque chose qui nous dérange. On faisait beaucoup d’activités. Les week-ends, on n’était jamais à la maison», confie-t-elle. Elle sait que la période qu’elle traverse présentement s’avère sans doute la plus difficile et compte sur le soutien indéfectible de son amoureux, avec qui elle partage son quotidien depuis 13 ans.

Autre grande difficulté : vivre la maladie auprès de petits enfants. «Avant, je gérais la vie familiale, d’une certaine façon, car mon chum travaillait le soir. Son employeur a été très accommodant en lui permettant de travailler le jour pendant qu’on en a besoin», note Mme Duhaime. Après la chimio, elle passe plusieurs jours à dormir et ne peut participer aux tâches quotidiennes. Soulever un chaudron, par exemple, devient une corvée colossale et dangereuse.

«Quand je les vois, je ne suis pas nécessairement en forme et je ne veux pas leur faire peur. Mais ils ne sont pas fous. Lorsque j’ai perdu mes cheveux, ma fille a trouvé ça difficile», observe-t-elle.

Jessica a toujours attaché une très grande attention à ces cheveux, alors leur perte revêt une symbolique douloureuse. Depuis, elle porte une prothèse capillaire pour chaque sortie afin d’éviter d’attirer les regards.

Espoir

Puisque plusieurs femmes de la famille de Jessica Duhaime ont traversé le cancer du sein, elle se dit tout à fait confiante de la réussite de ses traitements. «Je me retrouve beaucoup dans l’histoire de ma cousine, âgée de 38 ans, qui a dû passer par les mêmes étapes que moi. Elle vit à Québec, mais on s’appelle chaque semaine», rapporte-t-elle. Des petits trucs, comme des produits pour la peau et des médicaments adaptés aux réactions allergiques l’aident et l’amènent à se sentir moins isolée. L’entourage joue un rôle primordial selon celle qui peut compter sur sa mère pour l’accompagner lors de ses rendez-vous médicaux. «C’est plus facile quand on est deux à écouter, car parfois j’en manque des bouts.» Si elle convient avoir souvent envie de solitude, elle remarque que les visites, même indésirées, font du bien au moral. «Il faut voir les bons côtés et les améliorations. La semaine passée, je t’aurais dit que j’allais vraiment mal. Mais plus le temps avance, plus je regagne de l’énergie», dit-elle, un sanglot dans la voix. Les enfants qui reviennent tout joyeux de la garderie lui procurent une autre dose de vigueur.

Le combat quotidien, c’est aussi puiser en soi la force de continuer. «En même temps, tu n’as tellement pas le choix. Tu rentres dedans et tu te laisses pousser en espérant que ça se passe le plus vite possible», relève-t-elle.

Enfin, de ces petits détails auxquels on ne pense pas quand on parle du cancer, Jessica nomme l’argent. Les prestations de maladie de l’assurance-emploi ne couvrent qu’une période de 15 semaines. Qu’en est-il lorsqu’on en a pour deux ans? Jessica Duhaime s’attriste de cette situation. Pour sa part, elle avait souscrit à une assurance pour maladies graves, vu ses antécédents familiaux. Cela lui permet de ne pas se tracasser de ce côté. Reste qu’elle se désole pour toutes ces personnes qui souffrent d’un cancer et qui s’appauvrissent. Les gens devraient collectivement réfléchir à cette question, soutient-elle.