La police pour escorter le DG suspendu

Devant une salle bondée, le maire de Saint-Valère, Marc Plante, a suspendu indéfiniment lundi soir, sans résolution, le directeur général Jocelyn Jutras.

Même que des policiers de la Sûreté du Québec avaient été appelés sur les lieux. Ils l’ont escorté pour qu’il puisse prendre ses effets personnels et quitter l’édifice municipal sans repasser par la salle du conseil municipal.

Jocelyn Jutras au moment de quitter. (Photo www.lanouvelle.net)

«Il fallait qu’il soit escorté à l’intérieur pour prendre son manteau et pour s’assurer que tout reste intègre, que rien ne soit effacé à l’ordinateur, par exemple», a justifié le maire Plante.

En séance publique, Marc Plante a expliqué avoir été mis au courant «de plusieurs magouilles ces dernières semaines». «À cause du lien de confiance brisé, M. Jutras est suspendu pour une période indéterminée et n’a plus aucune possibilité de revenir à la Municipalité, c’est clair et net», a-t-il annoncé, une décision accueillie bruyamment par des applaudissements.

Le maire de Saint-Valère a évoqué le harcèlement psychologique. «C’est complètement inacceptable d’être obligé d’attendre près d’un an et demi pour me faire payer mon cellulaire et mes cartes professionnelles. C’est incroyable d’être obligé de vivre ces situations», a-t-il soutenu.

Après le départ de Jocelyn Jutras, le maire Plante a invité Suzie Constant, la directrice générale de Saint-Samuel, à prendre sa place pour faire le travail, ce qu’elle a fait non sans avoir exprimé son malaise.

Le maire a expliqué l’absence d’une résolution en raison de la dissension au conseil. Quatre élus s’opposent à lui, a-t-il souligné.

Ainsi, la suspension annoncée est-elle valide? «C’est valable. Oui, cela requiert une résolution, mais il s’agit d’un appel à l’aide au ministère des Affaires municipales», a fait savoir Marc Plante, ajoutant qu’une rencontre avec des représentants du ministère doit avoir lieu le 15 avril.

En début de séance, le maire Marc Plante et le directeur général Jocelyn Jutras à sa droite. (Photo www.lanouvelle.net)

Une rencontre où doivent notamment être précisés les rôles de chacun, les responsabilités du maire et du directeur général.

Questionné à savoir s’il s’agit d’un conflit de personnalités avec le DG, le maire de Saint-Valère estime que les frictions perdurent depuis les débuts. «Je me bats constamment avec lui pour tenter de faire avancer les choses, de réaliser des projets. Quand je demande telle chose, tel travail, il dénigre mon leadership. Il ne veut pas m’écouter», a soutenu le maire Plante accusant le DG de complicité avec les élus récalcitrants. «On dirait que leur but, avance-t-il, est d’obtenir ma démission. Mais ce n’est pas la solution. La population est derrière moi. La population souhaite une justice sociale qu’elle n’a jamais connue.»

Il s’agit de la deuxième suspension du directeur général. En janvier, il avait été suspendu sans solde pour une période de deux semaines à la suite d’une enquête administrative menée par une firme d’avocats de l’extérieur concernant des allégations de harcèlement psychologique.

La facture de cette enquête pour la Municipalité s’élève, selon le maire, à 20 000 $. À la suite de cette suspension, Jocelyn Jutras avait préféré ne pas commenter l’affaire.

Si le maire de Saint-Valère dit souhaiter un retour «à la coopération, l’harmonie, à la logique» avec la rencontre du 15 avril avec les Affaires municipales, il affirme que tout est terminé avec le DG. «Aujourd’hui, j’ai coupé la tête du serpent, c’est malheureux, mais il n’est pas question de le réintégrer. Le déloyauté est finale», a-t-il soutenu.

Une salle bondée, lundi soir, à Saint-Valère (Photo www.lanouvelle.net)

Marc Plante sait fort bien toutefois qu’un congédiement nécessite l’adoption d’une résolution des élus. Il se tournera vers les avocats. «J’ai un bon dossier», a-t-il dit, déplorant que les conseillers réfractaires soient prêts, selon lui, à fermer les yeux.

Le meilleur scénario, croit-il, consisterait à une entente hors cour relative au départ du directeur général.

Une plainte à venir?

Le dossier du nouveau garage municipal a rebondi à la séance du conseil.

Le procès-verbal de la séance extraordinaire du 18 février, adopté par les élus, ne reflète pas, selon le maire Plante, les propos qu’il a tenus au sujet du projet qu’il souhaitait mettre «sur la glace» pour le moment.

À ce sujet, des citoyens, dont Jean Landry, l’ex-député, l’ont appuyé. Jean Landry invitant même le maire Plante à exercer son droit de véto.

Jean Landry a fait savoir qu’il n’appréciait pas ce qu’il constate au conseil municipal. «Depuis trois mois, je suis le conseil municipal. Je ne suis pas satisfait. La «procédurite», c’est inadmissible», a-t-il lancé.

Marc Plante a indiqué qu’il allait porter l’affaire à la Commission des affaires municipales, questionnant même ceux qui l’appuient à savoir s’ils étaient disposés à témoigner. Ceux-ci ont répondu par l’affirmative. «C’est un jeu de tête, de guerre, de gagner à tout prix. C’est certain que ça ne restera pas là», a-t-il conclu ajoutant qu’une plainte formelle allait être déposée.