Que d’éloges pour un grand homme!

Un samedi pluvieux à l’extérieur, mais une pluie d’éloges à l’intérieur de l’église de la paroisse Saint-Christophe-d’Arthabaska où l’on célébrait les funérailles d’un grand homme, Guy Aubert, décédé le 19 mars à l’âge de 72 ans.

«Il n’y a pas rien d’ultime avec les gens qu’on aime, a souligné, en début de cérémonie, son ami Claude Raymond. Pas d’ultime au revoir, pas d’ultime départ. Les gens qu’on aime ne nous quittent pas vraiment, ils déménagent dans nos souvenirs, ceux-là mêmes qui nous rendront heureux lorsqu’ils surviendront et qui nous rendront aussi meilleurs parce que chaque fois que nous y penserons, nous aurons envie d’imiter Guy dans ce qu’on admirait chez lui.»

Le réputé Marc Hervieux et sa puissante voix (Photo www.lanouvelle.net)

La cérémonie funèbre s’est inspirée, a-t-il dit, des idées de Guy Aubert, de ses goûts, de ses choix musicaux aussi.

Le réputé Marc Hervieux y participait. Sa voix puissante résonnait dans cette église, bâtiment historique depuis 2001, lorsqu’il a interprété «Ave Maria».

Il a repris, plus tard, la chanson «Je n’aurai pas le temps» de Michel Fugain.

Un moment d’émotion également lorsque Sylvie Ouellette a interprété la belle et touchante chanson de Ginette Reno, «Ceux qui s’en vont, ceux qui nous laissent».

Roxanne Genest, une collaboratrice de Guy Aubert, a proposé une pièce à la conjointe du disparu. «Ma belle Nicole, Guy voulait t’offrir cette chanson», a-t-elle dit avant d’entonner «La chanson des vieux amants» de Jacques Brel.

L’abbé Réjean Couture, qui connaît Guy Aubert et sa famille depuis un bon quart de siècle, a présidé les obsèques. «J’ose dire qu’aujourd’hui, le Grand Union, c’est ici. Nous sommes rassemblés, réunis pour Guy. Nous sommes, ici, historiquement, au pays de Laurier, de Suzor Coté et des autres qui ont écrit notre histoire. Aujourd’hui, nous sommes aussi réunis au pays de Guy Aubert, le bâtisseur», a souligné le prêtre, rappelant le soutien du disparu dans la restauration de l’église et de ses œuvres d’art.

Des hommages

Le maire André Bellavance (Photo www.lanouvelle.net)

S’il aimait la discrétion, a-t-on signalé dans les hommages rendus, Guy Aubert a su laisser sa marque et faire le bien partout où il passait.

«Je le qualifie de force tranquille. Guy Aubert imposait le respect par son vécu, son expérience, sa sagesse, a souligné le maire André Bellavance. Homme généreux et attachant, il n’hésitait pas  à partager ses qualités et ses réussites. On ne compte plus les causes soutenues, les projets réalisés, les personnes aidées par ses actions.»

Rares, selon lui, sont les individus qui font autant l’unanimité que Guy Aubert. «Il était un homme d’affaires prospère, mais surtout un citoyen engagé comme le témoignent ses nombreuses actions dans les milieux communautaire et social qui ont contribué à rehausser notre qualité de vie et à améliorer le sort des personnes les plus vulnérables dans notre communauté», a fait valoir le maire de Victoriaville. «Pour lui, a-t-il ajouté, l’être humain, quel qu’il soit, peu importe sa condition, était la priorité.»

Pour André Bellavance, Guy Aubert laissera un héritage inestimable. «Mais pour moi, son véritable legs, son empreinte, ce sont les valeurs humaines si chères qu’il défendait et qu’il a su partager. Il serait fier aujourd’hui qu’on s’inspire des valeurs qui guidaient ses décisions.»

Le député Éric Lefebvre a connu Guy Aubert à l’âge de 16 ans. (Photo www.lanouvelle.net)

Le maire a rappelé que la Ville allait honorer, avec l’accord de la famille, cet homme d’exception.

Pour sa part, Éric Lefebvre, député d’Arthabaska et whip en chef du gouvernement, avait 16 ans lorsqu’il a connu Guy Aubert. «J’ai découvert un homme simple et bon. Toute sa vie, il a redonné et partagé. Quand j’ai commencé mon engagement politique, j’ai pris conscience de l’homme avec un grand H qui était de toutes les causes, de tous les combats. Il a soutenu bien des causes sans vouloir de publicité, sans voir son nom affiché. Il le faisait par plaisir», a-t-il confié.

Pour le député Lefebvre, Guy Aubert est un «modèle, un exemple à suivre». «Impossible d’arriver à la hauteur de ta cheville, mais permets-moi, s’il te plaît, d’utiliser ton chemin. L’homme que je suis ne serait pas le même si nos chemins ne s’étaient pas croisés», a-t-il conclu.

Alain Rayes, député de Richmond-Arthabaska (Photo www.lanouvelle.net)

Le député fédéral de Richmond-Arthabaska, Alain Rayes, de son côté, a notamment salué «l’homme amoureux de sa ville et sa région, l’amoureux du patrimoine bâti, de l’art, de l’histoire, le grand philanthrope, l’entrepreneur et investisseur accompli, de même que le citoyen engagé».

Et Guy Aubert était là, a-t-il dit, pour le supporter dans les bons, comme dans les moins bons moments. «Dans mon parcours professionnel, lorsque certains ont quitté, Guy est resté. Quand d’autres ont douté, Guy a cru en moi. Quand j’ai eu besoin d’aide, Guy m’a supporté, encouragé, aidé. Par ses paroles et ses actions, il m’a inspiré, a-t-il exprimé. Et ce qu’il a fait pour moi, il l’a fait pour plusieurs d’entre nous, ici, mais aussi pour des milliers de personnes qui ne le savent même pas tellement l’homme qu’il était a posé des gestes en  toute discrétion dans différentes causes.»

Deux grands amis du disparu, Claude Raymond et Max Sévégny ont aussi pris la parole.

Dans ses propos, Claude Raymond a voulu «faire voir l’homme, faire entendre l’humour qu’il avait et qu’il a gardé jusqu’à la toute fin, faire voir l’homme de lettres qu’il était».  «Même rendu à la tombée du jour, il est resté totalement allumé, tourné vers l’autre…»

Guy Aubert, a aussi fait savoir son ami, ne donnait pas de leçons. «Il en inspirait. Ce jour-là (lors de sa dernière rencontre), il m’a inspiré pour le reste de ma vie, a-t-il confié. Je voudrais finir comme lui, serein, bon, plein de gratitude face à la vie. Je voudrais surtout faire comme lui et inspirer jusqu’à la fin.»

Max Sévégny, quant à lui, a partagé quelques anecdotes vécues avec Guy Aubert, «un homme moqueur, ricaneux, pince-sans-rire».

«C’était aussi, a-t-il continué, un homme d’honneur et de valeurs. Il entrait dans une pièce doucement, sans faire de bruit et pourtant, on ne voyait que lui. Il pensait à tout sans jamais n’oublier personne. Il faisait sentir tout le monde plus important. Et par sa présence, il nous faisait comprendre en fait l’importance d’être ensemble, l’importance de la famille et des amis.»

Une homélie imagée

L’abbé Réjean Couture a présidé la cérémonie. (Photo www.lanouvelle.net)

Sachant bien l’intérêt de Guy Aubert pour l’art, le patrimoine et la culture, l’abbé Réjean Couture a comparé l’ensemble de l’œuvre du disparu à un tableau. «Un tableau, plein de lumière, qu’il a peint tout au long de sa vie personnelle, familiale, communautaire. Son mode de vie, son tableau historique, sa vie monumentale sont maintenant exposés dans la galerie céleste. Dieu, le grand peintre de la vie, admire aussi son œuvre, le félicite et le remercie», a-t-il souligné, tout en qualifiant Guy Aubert «d’humain à la taille de géant, généreux, sans prétention et bien inspirant».

Le prêtre a aussi fait valoir qu’en cette époque de laïcité,  «notre monde social aura toujours besoin de personnes qui transcendent les débats et qui, au-delà de toutes les appartenances partisanes, nous élèvent le regard en le clarifiant et qui insufflent de l’air pur dans les poumons du monde qui en a bien besoin».

«Ces gens, a poursuivi l’abbé Couture, sont comme des stimulateurs cardiaques pour donner des impulsions d’amour au monde malgré ses souffrances. Guy a su prendre soin des personnes à travers ses engagements. La vraie humanité se mesure à la dimension du cœur.»

Témoignage d’une fille à son père

Fille de Guy Aubert, Maggie, a livré un témoignage émouvant, se disant privilégiée de porter les gênes de son père, «même si c’est parfois intimidant».

La fille de Guy Aubert, Maggie (Photo www.lanouvelle.net)

Son père qu’elle considère comme le plus beau modèle, «un sage, un grand maître, le meilleur des confidents». «Tu me comprenais, ton écoute me manque déjà, a-t-elle exprimé. Ton grand cœur, ton immense bonté, ton respect, ta reconnaissance envers la vie, ton non-jugement et ta façon de faire sentir chaque personne importante autour de toi vont rester en moi.»

Elle a aussi évoqué la cruelle maladie, la sclérose latérale amyotrophique dont il était atteint. «Le rassembleur que tu es a accepté la SLA, tu l’as utilisée pour faire grandir notre famille. Tu nous as déroutés, mais tu as laissé cinq enfants plus unis qui s’apprécient, qui s’aiment. Et on est fière de toi, Nicole», a-t-elle précisé, avant d’ajouter que son père avait su démontrer qu’une fin de vie peut être belle. «Tu nous as fait vivre de beaux moments, tu nous as fait rire jusqu’à la toute fin. Merci de ton passage dans ma vie, d’avoir cru en moi, merci d’être mon père, mon héros. Et même si tu étais tanné de l’entendre, je te le dis encore, je t’aime mon père.»

Après ces mots, la voix de Sylvie Ouellette interprétant «L’amour en héritage» de Nana Mouskouri.