Paul-Émile Therrien coupable sur toute la ligne

Au quatrième jour de délibérations, après deux questions posées mercredi et jeudi, après avoir réentendu les témoignages des victimes, vendredi et samedi, le jury est parvenu à un verdict unanime de culpabilité à l’endroit de Paul-Émile Therrien.

Il était environ 18 h 15 lorsque les jurés, sept femmes et quatre hommes, ont fait savoir au juge Serge Francoeur de la Cour supérieure du Québec qu’ils étaient prêts à rendre leur verdict.

Ils ont fait leur entrée peu avant 18 h 45 dans la salle d’audience 1.02 du palais de justice de Victoriaville.

Le juge Francoeur a d’abord demandé qui allait parler au nom du jury. Le juré numéro 6 s’est alors manifesté. Aux questions du magistrat, il a fait savoir que le jury en était arrivé à une décision et qu’il s’agissait d’une décision unanime.

Par la suite, le greffier Yan St-Louis, reprenant un à un les 10 chefs d’accusation, a demandé le verdict sur chacun d’eux : coupable, a répondu chaque fois le juré numéro 6.

Ainsi, Paul-Émile Therrien, 79 ans, un ex-résident de Warwick habitant maintenant Victoriaville, a été reconnu coupable d’agression sexuelle, d’inceste, de menaces de mort,  de grossière indécence, de contacts et d’incitation à des contacts sexuels et de contacts en situation de confiance ou d’autorité.

Les gestes posés sur sa fille et sa fille adoptée en Haïti se sont produits sur une longue période entre 1984 et 1999.

Le juge Francoeur a fait ensuite savoir que la Cour supérieure entérinait les décisions du jury avant de remercier les jurés. «Au nom de la Cour supérieure du Québec, je vous remercie de l’attention que vous avez portée et de la qualité de votre travail. Tout au long du procès, vous avez été attentifs, a-t-il souligné. Et je suis persuadé qu’avec vos délibérations de quatre jours, vous avez pu aller en profondeur.»

Par la suite, le magistrat a fait savoir qu’il n’avait pas l’intention d’ordonner la détention du septuagénaire avant les représentations sur la peine qui ont été fixées au 20 juin. Si possible, le juge Francoeur entend imposer la peine le lendemain (21 juin), sinon il le fera rapidement, peut-être la semaine suivante.

Paul-Émile Therrien demeure donc en liberté d’ici là, mais le procureur aux poursuites criminelles et pénales, Me Michel Verville, a plaidé pour l’imposition de conditions acceptées par le Tribunal.

Ainsi, il est interdit à l’homme de 79 ans d’entrer en contact avec les victimes. On lui interdit aussi la possession d’armes. S’il en possède, il doit les déposer au poste de la Sûreté du Québec de Victoriaville d’ici 17 h, lundi.

Les réactions

Aucun mot n’est sorti de la bouche de Paul-Émile Therrien lorsqu’interrogé à savoir s’il avait un quelconque commentaire.
Son avocat Me Ronald Robichaud, lui, a fait savoir qu’il n’avait aucun commentaire à formuler.

Me Michel Verville de la poursuite, heureux du dénouement, considère qu’il avait un bon dossier. (Photo www.lanouvelle.net)

En revanche, le représentant du ministère public se réjouit du verdict survenu en l’absence des victimes. «On leur a transmis la nouvelle. Elles sont très émues, très fières d’elles-mêmes. C’est un dossier quand même qui a été très long. Maintenant, des proches les entourent et elles célèbrent ce moment», a fait savoir Me Michel Verville.

Le représentant de la poursuite savoure aussi le dénouement d’autant, a-t-il rappelé, que le juge avait écarté deux de ses témoins. «Nous avions confiance dans le témoignage des victimes. Il est clair qu’on avait un dossier qui se tenait bien. Les jurés ont bien compris notre position, notre théorie de cause», a-t-il soutenu, tout en saluant les victimes. «Elles étaient bien préparées, motivées. Elles ont rendu un témoignage vivant. Ça s’est bien passé dans la salle de cour, même s’il s’agit toujours d’une expérience assez pénible. Elles ont bien livré leur témoignage. C’est leur histoire. Elles attendaient ce moment depuis longtemps. Elles se libèrent d’un grand poids après avoir vécu très longtemps avec un malaise intérieur», a fait valoir Me Verville.

Quant à la peine qu’il réclamera, une chose est certaine pour le procureur : il réclamera une peine ferme de détention. Mais il n’a pas encore statué sur le quantum (la durée).

Le Code criminel prévoit notamment une peine maximale de 14 ans pour le crime d’inceste et de 10 ans pour les agressions sexuelles.