Décès d’Athéna Gervais : le coroner dévoile ses recommandations

Le Bureau du coroner présente le rapport de Me Martin Larocque portant sur le décès d’Athéna Gervais. Rappelons qu’une investigation a été menée afin de faire la lumière sur les circonstances qui ont mené au décès de la jeune fille de 14 ans, le 26 février 2018.

Ce tragique événement fort médiatisé a soulevé plusieurs questions dans l’espace public en lien avec la consommation de boissons à haute teneur en alcool. Son investigation étant maintenant complétée, Me Larocque dévoile aujourd’hui ses recommandations afin de prévenir des décès semblables dans le futur.

Rappel des faits

Le 26 février 2018, sur l’heure du dîner, Athéna Gervais consomme de l’alcool près d’un dépanneur situé non loin de son école. Elle est ensuite aperçue à l’intérieur de l’école, mais en ressort immédiatement, seule. Il s’agit du dernier moment où elle est vue vivante. Après de longues recherches, Athéna est retrouvée sans vie le 1er mars 2018 dans un ruisseau situé à l’arrière de son école.

La chronologie des événements nous apprend que la journée de sa disparition, Athéna a consommé une quantité importante d’alcool sur une période de 35 minutes seulement. En fait, elle a bu près de trois canettes de 568 ml d’une teneur en alcool de 11,9%. Une telle consommation représente l’équivalent de 12 verres de vin.

La jeune fille s’est retrouvée soudainement désorientée et ses fonctions cognitives ont été à ce point perturbées que cela a entraîné son décès. Officiellement, Athéna Gervais est décédée par noyade avec une composante possible d’hypothermie secondaire à consommation excessive d’une boisson sucrée à haute teneur en alcool.

Analyse et pistes de solution

Il faut retenir du décès d’Athéna qu’il est impératif qu’un ensemble de mesures soit adopté afin de prévenir les dangers inhérents à la consommation excessive d’alcool.

Les statistiques concernant les intoxications aiguës à l’alcool et aux boissons sucrées alcoolisées sont fort préoccupantes. Un rapport de l’Institut national de santé publique du Québec révèle qu’entre le 1er janvier et le 26 novembre 2017, les services d’urgence du Québec ont reçu pas moins de 2332 jeunes âgés de 12 à 24 ans pour des cas d’intoxications aiguës à l’alcool, soit l’équivalent de sept patients par jour. Force est de constater que ces statistiques mettent en évidence une problématique de santé publique réelle et préoccupante.

Tout est mis en œuvre afin d’atteindre le consommateur ciblé. Les cannettes de ces produits sont positionnées dans des présentoirs installés à des endroits stratégiques afin d’assurer un maximum de visibilité. Leurs couleurs vives et attrayantes dynamisent l’attrait de leur consommation.

D’autres éléments sont préoccupants, tels que :

le volume des canettes en regard du pourcentage élevé d’alcool qu’elles contiennent;

l’impossibilité de refermer les canettes une fois ouvertes;

l’effet stimulant des boissons sucrées à haute teneur en alcool qui masque l’effet dépressif de l’alcool;

le faible prix d’achat, et;

l’accessibilité des produits dans les dépanneurs et les marchés d’alimentation.

Recommandations

Considérant l’effet psychotrope de l’alcool et pour une meilleure protection de la vie humaine, je recommande au gouvernement du Canada :

À l’exemple des produits du tabac, d’établir des normes de commercialisation des produits alcoolisés afin qu’il y ait obligatoirement des composantes neutres quant à leur mise en marché, tant au niveau de l’apparence du produit que de leur accessibilité et leur positionnement stratégique dans les points de vente, et notamment d’interdire la commercialisation de boissons alcoolisées dont le nom ou l’image banalise la consommation excessive d’alcool, l’ébriété ou la dépendance à l’alcool;

D’appliquer la recommandation du Comité permanent de la santé de la Chambre des communes, à l’effet de restreindre la teneur en alcool dans les boissons alcoolisées prémélangées à teneur élevée en sucre à l’équivalent d’une seule consommation standard, et non pas une et demie comme dans le projet de règlement actuel;

Dans l’esprit d’une des recommandations du Comité permanent de la santé de la Chambre des communes, d’étudier tous les moyens pour que les dispositions du Code de la publicité radiodiffusée en faveur de boissons alcoolisées deviennent applicables aux médias sociaux et à Internet.