Accueillir un étudiant étranger pour apprendre et voyager

Chez les Dorion-Mercier, on prône l’ouverture à l’autre comme méthode d’apprentissage. Pour une septième année, ils accueillent un étudiant étranger par l’intermédiaire de l’organisme AFS Interculture.   

Le couple formé par François Dorion et Patricia Mercier a quatre enfants, âgés de 11 à 15 ans. Cette année, Hiyori Hattori, une étudiante de 17 ans originaire de la région de Kumamoto au Japon, complète les rangs familiaux. Elle fréquente l’école secondaire Sainte-Anne de Daveluyville et passera 10 mois au total dans sa famille adoptive.

Mme Mercier explique avoir toujours été une grande voyageuse. L’arrivée des enfants complique toutefois un peu ses desseins. Lorsqu’elle découvre AFS, elle a un déclic. «J’ai su que c’était le début d’une aventure qui me permettrait de vivre quelque chose à l’extérieur tout en étant à la maison», confie-t-elle. Elle soumet sa trouvaille à son conjoint, puis aux enfants. Puisque tous s’accordent pour tenter l’expérience, ils proposent leur candidature afin de loger un jeune étranger chez eux. La première année, ils reçoivent un Colombien et tombent littéralement sous son charme. D’ailleurs, après huit ans, il devrait leur rendre visite cette année. «Pour tous nos étudiants, c’est comme si j’avais d’autres enfants, ailleurs. Pour mes enfants, ils deviennent des frères et sœurs», témoigne Patricia Mercier. Une année, ils ont fait relâche pour aller vivre six mois au Costa Rica et apprendre l’espagnol. «Nous étions trois mamans et neuf enfants», raconte-t-elle. À leur retour, ils ont néanmoins accepté un étudiant de l’Autriche, qui a réalisé la moitié de son année scolaire à Daveluyville.

Les visiteurs sont habituellement âgés de 15, 16 et 17 ans et suivent le programme de cinquième secondaire. «En tant que finissants, ils vivent les expériences de dernière année, comme celle du bal, par exemple», note la mère. Grâce à AFS, la famille a découvert au fil des ans le Brésil, le Venezuela et la Thaïlande, entre autres, tout en restant chez elle.

Organisation

Faut-il posséder un sens de l’organisation aigu pour recevoir dans sa maisonnée un élève d’une autre nationalité? «Déjà, à quatre, on embarque là-dedans», souligne Mme Mercier, une habituée des grandes fratries. La difficulté principale demeure la langue. François Dorion précise que tous les étudiants de passage chez eux parlaient aussi anglais, ce qui facilite les discussions initiales. «On arrive à communiquer, établir les règles et se comprendre. Ensuite, on privilégie rapidement le français», confirme-t-il. En fait, il s’agit d’établir des liens de confiance dans les premiers temps et de s’assurer que l’invité comprenne bien le fonctionnement de la maison. La deuxième semaine, les échanges deviennent bilingues et, dès la troisième semaine, on passe en mode français. «Avec les expériences que nous avons eues, c’est la meilleure façon de casser avec l’habitude et d’entrer dans l’apprentissage de la langue. C’est beaucoup d’adaptation, mais lorsque l’étudiant commence à comprendre, il adhère au mouvement de la famille et suit mieux à l’école», expose Mme Mercier.

Le processus d’acclimatation sert aussi aux enfants du couple, à qui l’on veut inculquer la démarche menant à la découverte de l’autre et à l’apprentissage d’une langue. «Au fil des semaines, on s’adapte. Je voulais qu’ils sachent que s’ils vont dans un autre pays, ils ne doivent pas se stresser et qu’ils arriveront à se débrouiller. Ils doivent prendre le temps d’apprécier le moment. Ici, les étudiants ne sont pas des étrangers, mais bien des membres de la famille», constate Patricia Mercier. D’ailleurs, les enfants Dorion songent tous à s’inscrire au programme AFS. Vincent, actuellement en quatrième secondaire, pourrait se diriger vers le Japon. Il hésite encore. Ses aspirations ont influencé le choix de recevoir une citoyenne de ce pays cette année.

Pour la neige

Hiyori Hattori n’a pas choisi le Canada comme destination. Le pays figurait sur une liste d’une dizaine qu’elle a soumise à AFS International. Tous les lieux ciblés avaient en commun leur nordicité. Oui, elle souhaitait aller là où la neige s’inscrit au décor. Elle aura été bien servie cet hiver.

«Il y a eu beaucoup de difficultés, car je n’avais pas étudié la langue avant d’arriver», raconte la jeune japonaise. «Les gens parlaient très vite. Maintenant, je peux comprendre mieux, mais avant, je ne comprenais pas ce que mes amis disaient.» Une fois la barrière de la langue franchie, elle a eu l’occasion de vivre des expériences inespérées. Parmi celles-là, elle a appris à pratiquer le ski alpin. Déjà, elle s’est rendue à six reprises au mont Gleason et envisage désormais de transmettre cette nouvelle passion aux siens, à son retour au Japon.

Elle souligne que les gens d’ici sont particulièrement sympathiques et s’adressent à elle gentiment. Elle dénote toutefois de grandes différences avec son pays, notamment au plan de l’architecture. Enfin, elle espère conserver des liens avec sa famille de Daveluyville, qui devient une «vraie» famille au fil du temps, dit-elle. Présentement, quatre étudiants étrangers habitent dans la région grâce au programme d’AFS Interculture. Ils proviennent de l’Italie, de l’Espagne, de la Thaïlande et du Japon. Mme Mercier souhaiterait que plus de foyers s’inscrivent afin que ces jeunes profitent d’un réseau plus vaste lors de leur séjour. «AFS offre un bon encadrement pour les familles et pour les étudiants. Nous ne sommes pas laissés à nous-mêmes et les jeunes profitent de rencontres régulières avec une personne tierce afin de s’assurer de leur confort au quotidien», explique la maman. En résumé, pour les Dorion-Mercier, il suffit d’être fier de sa culture, de la partager et d’ouvrir son esprit pour en découvrir d’autres.