Procès Therrien : preuve close pour la poursuite

Au palais de justice de Victoriaville, lundi, après l’audition de son quatrième témoin, le ministère public a déclaré, en fin de journée, sa preuve close au procès du Warwickois Paul-Émile Therrien sur qui pèsent 10 chefs d’accusation, dont agression sexuelle et inceste.

Vers 13 h 55, le procureur de la poursuite, Me Michel Verville, a entrepris d’interroger Huguette Rohrbach.

La dame a notamment raconté que la fille de l’accusé avait gardé sa fillette alors qu’elle-même était aux prises avec une pneumonie.

«J’ai constaté  qu’elle pleurait. Elle m’a dit : tu es chanceuse, tu l’aimes. Je lui ai répondu que c’était normal puisque c’est ma fille», a indiqué Mme Rohrbach.

Me Michel Verville, à droite, en discussion avec le sergent-détective François Beaudoin, l’enquêteur au dossier (Photo www.lanouvelle.net)

Peu après, la fille de l’accusé lui aurait fait une confidence. «Elle s’est aperçue que j’aimais ma fille. Elle m’a fait une confidence me disant qu’elle aurait voulu être aimée le quart de l’amour que j’éprouvais pour ma fille», a confié la témoin.

Puis, lorsqu’elle s’est sentie mieux (côté santé), la dame s’est rendue chez les Therrien. Elle a questionné la conjointe de l’accusé, Aline Michaud (qui fait également face à des accusations). «Je lui ai posé la question relativement à la confidence reçue. Elle m’a répondu que non», a-t-elle souligné, réalisant par la suite qu’elle n’aurait pas dû parler à Mme Michaud.

«Le soir même, j’ai reçu un téléphone (de la fille de l’accusé)    qui me disait que ce n’était pas vrai, que c’était un mensonge et que si j’en parlais, il arriverait quelque chose», a-t-elle relaté.

Mme Rohrbach a aussi fait mention d’un épisode où elle aurait fait l’objet de menaces de la part de l’accusé. C’était à un salon funéraire. Fâché, l’accusé lui aurait fait savoir que si elle racontait l’affaire, il s’en prendrait à sa fille. «Je lui ai dit que ce n’était pas de ma faute si sa fille était menteuse. Tu n’es pas obligé de t’en prendre à la mienne», a-t-elle mentionné avant d’ajouter : «C’est la police que j’aurais dû aller voir et non Mme Michaud».

Huguette Rohrbach a aussi exposé un fait qui serait survenu lors d’un défilé de mode à la défunte salle Académie de danse de Victoriaville, événement auquel participait la fille de Paul-Émile Therrien. «On m’avait invitée à y aller. Je prenais place à la droite de M. Therrien», a-t-elle confié.

Alors que la fille défilait pour une deuxième fois, l’accusé aurait murmuré à travers sa main quelques mots au sujet d’un acte sexuel qu’il aurait posé sur elle. «Je l’ai entendu murmurer : je l’ai mangée», a soutenu la témoin.

«C’est alors que j’ai dit assez fort : on ne fait pas ça à sa fille», a-t-elle exprimé, estomaquée. «Je n’étais plus là, j’étais vissée sur ma chaise», a-t-elle répondu à Me Verville qui la questionnait sur l’ambiance qui prévalait par la suite.

En contre-interrogatoire, Me Ronald Robichaud, l’avocat de l’accusé, a relevé des contradictions dans les propos de Mme Rohrbach à l’enquête préliminaire et ceux qu’elle tient au procès notamment sur la séquence des événements, sur le moment de la confidence de la fille et de la visite chez Mme Michaud.

«Ce n’était pas le lendemain, a-t-elle dit. C’était quand j’allais mieux, après ma pneumonie.»

Ce sera au tour de Me Ronald Robichaud de faire entendre ses témoins dès 13 h 30, mardi. (Photo www.lanouvelle.net)

À un moment, Me Robichaud la questionne sur sa déclaration à l’enquêteur François Beaudoin sur un certain élément. «C’est vrai que ça n’a pas d’allure. On fait quoi, là, je suis une menteuse?», a-t-elle lancé, soulevant quelques rires dans la salle d’audience. «Il m’arrive d’être confuse quand je suis nerveuse», a-t-elle expliqué.

Devant les questions de l’avocat, la dame s’est exclamée : «À force de me faire réfléchir, les souvenirs reviennent.»

Interrogée sur les prétendus propos de l’accusé lors du défilé de mode, Mme Rohrbach a affirmé n’en avoir parlé qu’à une seule personne, l’enquêteur. «Il m’a menacée, a menacé ma fille. Vous auriez parlé, vous?», a-t-elle répliqué à l’avocat.

Elle a soutenu avoir reçu l’appel de la fille de l’accusé le même jour où elle a parlé à Mme Michaud. «Vous nous dites aujourd’hui que les dates évoquées antérieurement ne fonctionnent plus?», a continué Me Robichaud. «Ce que j’ai dit, c’est vrai, mais je me suis trompé sur l’année», a-t-elle reconnu.

Maintenant la preuve de la poursuite terminée, la défense entreprendra l’audition de ses témoins à 13 h 30, mardi.