Procès Therrien : fin du témoignage de la fille adoptive

Au palais de justice de Victoriaville, l’avant-midi a été marqué par la fin du contre-interrogatoire et le ré-interrogatoire de la fille adoptive de Paul-Émile Therrien, 79 ans, de Warwick qui fait face à 10 chefs d’accusation, dont agression sexuelle et inceste.

L’audience, présidée par le juge Serge Francoeur de la Cour supérieure du Québec, a repris à 9 h 15 alors qu’en défense, Me Ronald Robichaud a d’abord interrogé la plaignante sur le contexte de l’envoi en 2002 d’une mise en demeure à l’accusé. «À la naissance de mon fils, a-t-elle répondu, j’ai reçu un paquet contenant des vêtements. Mais je ne voulais pas de contacts avec lui. Je voulais le rayer de ma vie en raison des abus sexuels dans mon enfance. J’avais pris la décision de refaire ma vie. Je ne voulais plus de contacts.»

L’avocat lui a aussi présenté un livre sur la sexualité des jeunes publié en 1992. La plaignante a fait savoir que l’école dispensait des cours de sexualité, mais dit ne pas se souvenir de l’avoir reçu. «Mais c’est possible», a-t-elle noté.

À trois photos d’une chambre qui lui sont exposées, la présumée victime a nié qu’il s’agisse de la chambre qu’elle occupait seule à la résidence familiale du rang 4 Est à Warwick. «Non, ma chambre était peinte en mauve», a-t-elle dit, tout en précisant que les murs de sa chambre n’affichaient pas des photos d’artistes rock.

Me Robichaud lui a fait aussi commenter 13 photos sur lesquelles elle apparaît, dont certaines en bordure d’une piscine. L’avocat a ainsi achevé son contre-interrogatoire sans la questionner sur les abus sexuels allégués.

Par la suite, le procureur du ministère public, Me Michel Verville, a fait savoir qu’il souhaitait y aller d’un ré-interrogatoire, ce qu’il a fait pendant une heure environ.

Il a ainsi questionné la plaignante sur de nombreux documents soumis par la défense, des relevés de paie, des expériences de travail, des documents scolaires, des lettres.

Me Michel Verville de la poursuite a mené un ré-interrogatoire. Derrière, le sergent François Beaudoin, l’enquêteur au dossier (Photo www.lanouvelle.net)

Dans l’une des missives, la femme, émue, décrit comme elle se sent, réalisant qu’elle est malheureuse et mal dans sa peau.

Par ailleurs, aux questions de Me Verville sur différents documents, la plaignante fait notamment remarquer qu’il agit de parties de son journal intime. Elle dit remarquer des changements dans le format, des parties manquantes, des photocopies et non des originaux.

À certains endroits, elle a constaté que son prénom comporte une erreur, qu’elle ne l’a jamais écrit de cette façon.

Elle a également affirmé, concernant un document  confidentiel adressé à son nom et émanant de la commission scolaire, qu’elle ne l’a jamais vu, ni demandé un tel document.

La présumée victime est aussi revenue sur son passage difficile à l’école primaire. Isolée, elle a victime de préjugés, de racisme. «J’étais à l’écart, toujours la dernière choisie. J’étais davantage laissée à moi-même, comme à la maison», a-t-elle confié.

Enfin, en plus de certaines photos qu’elle a commentées, il a été question d’un document qui daterait de 1989, portant l’inscription de l’École secondaire Monique-Proulx. Or, cette année-là, la plaignante n’avait que 8 ans.

Le procès reprend vers 13 h 30 avec le témoignage de la deuxième plaignante, la fille de l’accusé.