Rendre ses lettres de noblesse à Madeleine Laliberté

Marie Lapointe, la nièce de l’artiste d’origine victoriavilloise Madeleine Laliberté (1912-1998), travaille à écrire son histoire afin de rendre à cette grande peintre, toute la notoriété qui lui est due.

Ainsi, elle lance un appel aux gens qui seraient en possession d’œuvres de Madeleine Laliberté, de communiquer avec elle. «Je suis à faire l’inventaire de ses réalisations. Si vous disposez d’une de ses peintures, j’aimerais en obtenir une photo par courriel à marie.lapointe@hst.ulaval.ca. Dès qu’une exposition sera prévue, j’en aviserai les propriétaires au cas où ils voudraient prêter leur œuvre», explique-t-elle en ajoutant que lorsqu’une peinture fait partie d’une exposition dans un endroit de choix, sa valeur peut en être augmentée.

En entrevue téléphonique, Mme Lapointe se laisse rapidement emporter à raconter des pans de la vie de sa tante. C’est que depuis plus d’une année, elle couche sur papier la vie de cette femme, une artiste qui a laissé sa trace dans l’histoire de la peinture québécoise, mais qui a tranquillement sombré dans l’oubli.

«Elle est née rue Dubord à Victoriaville. Son père était avocat et sa mère musicienne», rappelle-t-elle. Madeleine était également la petite-fille de Désiré Olivier Bourbeau, un des fondateurs de Victoriaville et homme d’affaires prospère.

Marie a voulu, avec son écrit, rappeler la carrière artistique de Madeleine qui a fait l’École des Beaux-Arts de Québec ainsi que des séjours artistiques à Paris, New York et au Mexique. Cela lui a permis de devenir l’amie de plusieurs grands dont Jean-Paul Lemieux, Jean Soucy, Jori Smith mais aussi Ozenfant.

Madeleine ne s’est jamais mariée, n’a pas eu d’enfants et était artiste. Autant de points qui ont fait d’elle une personne à part des autres, marginalisée. De même, elle est devenue sourde à l’âge de 21 ans et sa voix a acquis une tonalité aiguë (agaçante diront certains) qu’elle prenait pour s’entendre elle-même

Sa nièce relate également les passages de Madeleine, une fois adulte, à Victoriaville. Elle parle de la tante de Madeleine, l’excentrique Graziella Bourbeau qui vivait dans ce que Marie Lapointe qualifie de la «plus belle maison de Victoriaville» et qui était à l’époque située au 69 rue Notre-Dame Est. «Les plafonds du salon avaient été peints par Suzor Côté et possédait un mobilier du XIX siècle. Malheureusement au décès Graziella, la maison a été laissée à deux communautés religieuses qui l’ont rasée pour en faire un stationnement», rappelle-t-elle avec tristesse.

L’artiste, qui a une histoire riche, est finalement décédée en août 1998. C’est sa nièce Marie Lapointe qui s’est occupée d’elle plusieurs années avant sa mort. «Madeleine Laliberté a connu une belle vieillesse entourée des siens jusqu’à ce qu’elle soit frappée de la maladie de Parkinson», ajoute-t-elle.

Plusieurs faits surprenants et très intéressants ressortent de la vie de cette Victoriavilloise d’origine. Il est donc important, aujourd’hui, de tenter de refaire son parcours artistique en retrouvant ses œuvres. «Plusieurs sont disparues de la circulation, notamment à Victoriaville où elle en a vendu pas mal», estime Marie Lapointe.

«Elle a eu son heure de gloire et comme tous les peintres figuratifs dans les années 50, elle est tombée dans l’oubli. Je veux lui rendre ses lettres de noblesse», termine sa nièce. D’ailleurs celle-ci, à la mort de Madeleine, a donné ses œuvres à différents musée. La Ville de Victoriaville possède aussi un tableau signé d’elle. Son œuvre commence à refaire surface», apprécie-t-elle.