Un bistro au centre-ville pour favoriser les échanges culturels

Fabian Unda rêvait de ce lieu d’accueil. Le 2 mars, il ouvrira le Guillo’s Bar, qui proposera une cuisine d’ici et d’ailleurs tout en se voulant un lieu de socialisation pour les gens issus de l’immigration.

L’établissement du 95, rue Notre-Dame Est (là où se situait le Myosotis), ne vise pas qu’une seule communauté culturelle. Au contraire, il deviendra un lieu d’échanges et de rencontres, souhaite Fabian Unda, copropriétaire. M. Unda est directeur de production à l’usine de transformation des aliments pour la Cage aux Sports, à Saint-Jean-Baptiste-de-Rouville. Si lui et sa conjointe, Daniella Sanchez, ont choisi Victoriaville pour héberger le premier d’une série de quatre commerces de cette chaîne, c’est qu’il s’agit de la municipalité qui a accueilli l’homme d’origine colombienne en 2002. «Victoriaville m’a offert ma première canadianisation. Ç’a été par petites bouchées, mais elles étaient très agréables», soutient-il.

«Les immigrants arrivent ici, car ils en ont besoin. Dans nos pays, c’est compliqué. Nous avons hérité d’une culture qui n’est pas riche en beaucoup de choses, mais plutôt pauvre en tout. Je comprends ceux qui disent qu’on n’investit pas en Amérique latine, c’est parce qu’il n’y a pas de discipline», commence-t-il. Fabian Unda évoque de nombreuses lacunes, notamment au plan de l’éducation. «Mais reste que nous sommes des êtres humains», pense-t-il. Voilà pourquoi son petit restaurant constituera plus qu’un simple lieu pour passer le temps.

Chez soi

Au cours des années, il a observé que les immigrants d’origine guatémaltèque, colombienne et mexicaine sont identifiables de plusieurs manières. «On reconnait les latinos pourquoi? C’est celui qui fait votre ménage chez Maxi, qui ramasse les roches au printemps et qui cueille vos pommes. C’est lui qui travaille au soleil ou chez Olymel. C’est souvent lui le bouche-trou», énumère-t-il. Bien entendu, il modère son discours en soulignant que certains poursuivront leur scolarité afin de mieux s’en sortir. Il n’en demeure pas moins qu’il constate des lacunes et propose de faire sa part à l’intérieur même du Guillo’s Bar.

Une agence de placement et un bureau d’envoi de biens pour les proches restés dans leur pays, installés au sous-sol du commerce, constituent quelques-uns des services offerts aux immigrants. «Ici, ils pourront discuter, assis dignement, sur un divan, dans un endroit chaud et plaisant, et écouter un match de soccer dans une télévision qui a de l’allure. Pas dans une petite télé derrière une fermette ou avec quatorze personnes dans un parking», plaide-t-il. Il souhaite que tous puissent bénéficier d’une place respectable. Pour lui, ce type d’adresse existe dans les grandes villes, mais manque cruellement dans d’autres municipalités d’importance pour les nouveaux arrivants, comme Victoriaville. Les trois autres terres d’accueil pour sa chaîne seront Granby, Saint-Hyacinthe et Chicoutimi.

Selon lui, au début des années 2000, une vague importante d’immigrants colombiens s’est installée à Victoriaville. «Plus de 80% sont repartis», déplore-t-il. Fabian Unda croit qu’un emplacement comme celui qu’il ouvrira ce week-end fera une différence. «Il n’y a pas de ville meilleure ou pire. Pour moi, le monde n’est qu’un seul pays.»

Restaurant pour tous

Le menu du Guillo’s se construit de plats québécois. «Mais j’offre une deuxième cuisine, qui est communautaire. Si Mme Gonzales fait les meilleurs repas guatémaltèques, elle pourra venir ici pour cuisiner, vendre ses produits et je l’inscris dans la publicité», exemplifie M. Unda. Et si Mme Côté fait un merveilleux plat typique du temps des Fêtes, le Guillo’s l’attend également. «Les gens pourront réserver la place et faire des réceptions», ajoute-t-il.

Fabian Unda confie avoir reçu l’aide de Victoriavillois qui l’ont marqué alors qu’il arrivait au pays. Lui aussi a fait des erreurs, mais ce n’est pas faute d’avoir essayé et poursuivi des projets. «Si j’arrête, ça veut dire que j’aurai accepté d’être un loser. Et je ne suis pas prêt à ça. Je sais que je suis capable», prévient l’homme d’affaires.

La fermeture du Caméléon, situé juste en face, ne lui fait pas peur. D’ailleurs, il note y avoir travaillé alors qu’Eric Lefebvre lui avait offert un petit boulot, en même temps que sa confiance. Enfin, il croit que la demande pour ce genre de lieu de réunion justifie qu’on y réponde et que ça profitera à tous puisqu’il dotera Victoriaville d’un peu plus «d’amour» et d’échanges culturels.