Bâtir une société où il fait bon travailler

Des vacances illimitées pour tous, une journée au spa dès l’embauche, une zone réservée aux enfants, un salarié qui déneige les voitures de ses collègues, voilà des actions prises par Martin Delarosbil pour rendre ses troupes heureuses et les fidéliser. Vendredi matin, il est venu présenter son «Happy Culture» devant les gens d’affaires de la région.

«Le bonheur passe par des choses simples, des petits gestes significatifs qui ont de gros impacts», a soutenu Pier-Luc Bordeleau, cofondateur du mouvement Happy Culture, lors du déjeuner-conférence organisé par la Chambre de commerce et d’industrie Bois-Francs-Érable, en collaboration avec le Réseau RH Bois-Francs-Érable et Emploi-Québec.

Le concept d’Happy Culture s’avère simple et naît du constat que l’absence de bonheur au travail se répercute autant dans la productivité que dans la rétention du personnel, par exemple.

Il y a quelques années, face à la croissance de sa propre entreprise, La Recharge.ca, au niveau de bonheur qui ne suivait pas et à la démobilisation de ses employés, Martin Delarosbil a entrepris une quête de bien-être qui bénéficierait à lui comme à son équipe.

De la Scandinavie aux startups de la Silicon Valley, il a voyagé afin de découvrir les recettes gagnantes du bonheur. Happy Culture, le mouvement qui en est issu et qu’il a cofondé avec Pier-Luc Bordeleau, constitue à la fois un laboratoire et une académie, car ils y font une récolte constante des cultures d’entreprises les plus innovantes et qu’ils enseignent par la suite.

Les milléniaux

Qu’on soit d’accord avec leur mentalité ou non, il faudra bien vivre avec les milléniaux (nés entre 1980 et 2000). On leur reproche leur paresse, pourtant, les entreprises ont tout à gagner en profitant de toute cette créativité dont ils font preuve pour parvenir à leur fin, observent les deux coachs. L’inventeur de l’ascenseur ne voulait-il pas gagner du temps? Les parallèles soulevés entre certaines créations qui ont fait gagner du temps à tous par le passé et la mentalité de la main-d’œuvre d’aujourd’hui ont fait sourire les gens d’affaires présents. Pour M. Delarosbil, «les milléniaux ne sont pas à côté de la track», bien au contraire.

M. Bordeleau souligne que pour ceux-là, le temps vaut plus que l’argent et qu’il prévaut de donner du sens au travail. «Ils ont le choix et le luxe de choisir où il vont travailler, en plus d’imposer leurs conditions», a-t-il signifié à l’auditoire. Pour bien illustrer ses propos, il a invité des étudiants du Cégep, aussi travailleurs à temps partiel, à venir partager leurs attentes par rapport à leur emploi. Club social, équipe sportive, rabais au restaurant, être consulté, acquérir des tâches plus importantes au fil du temps, abonnement au gym et des liens plus forts avec leur employeur ont été cités comme ces petites choses qui font la différence pour eux.

Actions

Pour La Recharge.ca, qui se spécialise dans la vente de cartouches d’encre, la première étape a été de déployer une identité visuelle afin d’intégrer les employés dans l’ADN de ce changement de culture. L’organigramme de l’entreprise a été revu. Plutôt que l’habituelle pyramide, elle revêt désormais la forme d’un arbre où chaque branche doit être nourrie par la racine. Ainsi, M. Delarosbil s’est soudainement retrouvé tout en bas de son organisation. La création de zones pour les enfants, équipées, en outre, de consoles de jeux derniers cris, et l’encouragement adressé aux parents à amener leur progéniture au travail a permis d’abaisser le taux d’absentéisme drastiquement, par exemple lorsque les écoles sont fermées.

(Photo lanouvelle.net)

En proposant les vacances illimitées pour tous, l’homme d’affaires a constaté que ses employés n’en prenaient pas plus qu’avant. Or, le fait de pouvoir en profiter au moment désiré les responsabilise quant au travail qu’ils doivent abattre avant de partir et à ce qui sera à faire à leur retour.

Parmi les initiatives mises de l’avant par son entreprise pour s’assurer une plus grande rétention du personnel, il a évoqué un forfait au spa offert en guise de première journée en poste. C’est ce qu’il a appelé «réussir l’embarquement». Selon lui, un employé mal reçu dans un nouveau poste songe déjà à le quitter dans les 24 premières heures.

Enfin, quelques idées simples, mais qui pourraient en inspirer d’autres ont été partagées comme celle de recruter une ressource pour déneiger les voitures de ses collègues et d’exposer les photos des enfants de ses employés dans son bureau, afin qu’eux-mêmes aillent y faire un tour avec leurs clients pour présenter leur famille tout en se sentant bienvenus chez le président. D’ailleurs, ce n’est plus le titre de Martin Delarosbil. À présent, on peut lire sous son nom «porteur de ballon».

Les deux hommes invitent toutes les entreprises à s’inscrire à leur collectif, à les informer de leur succès ou à leur demander conseil. Tous les détails de leurs services sont diffusés à http://happyculture.ca.